Le 23 septembre, Rennes était placée en alerte rouge renforcée quant à la circulation du covid-19. Comme Lyon, Lille, Toulouse, St-Etienne, Paris et sa petite couronne, Rouen, Grenoble et Montpellier où un couvre-feu est mis en place dès le 15 octobre minuit. Pourquoi Rennes y échappe-t-elle ?
Mercredi 13 octobre, Emmanuel Macron annonçait la mise en place d'un couvre-feu à Paris et dans sa région, ainsi que dans les métropoles de Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse et Saint-Etienne.
Des villes placées, tout comme Rennes, le 23 septembre en alerte rouge renforcée, quant à la circulation du Covid-19. Rennes, qui affichait alors un taux d'incidence (nombre de nouveaux cas en une semaine pour 100 000 habitants) de 175 cas, le seuil d'alerte renforcée étant fixé à 150. Rennes qui, aujourd'hui, échappe au couvre-feu.
Des indicateurs stables
"Ça aurait été injustifié de placer la métropole sous couvre-feu, explique Matthieu Revest, infectiologue au CHU de Rennes. Aujourd'hui, on a des indicateurs moins sévères que ceux dans les villes où le couvre-feu a été décidé. Les indicateurs de la région parisienne ou de Marseille sont plus inquiétants qu'à Rennes par exemple."
Les gens ont joué le jeu. Et ça a payé.
Et de détailler : "le taux d'incidence est bien moins élevé ici que dans les huit métropoles concernées par le couvre-feu. Le nombre de nouveau cas est deux fois plus important à Paris qu'à Rennes, où le nombre de positivité aux tests a baissé comme le nombre d'hospitalisation. On est passé en alerte rouge renforcée parce que tous ces indicateurs étaient montés fort et vite. Mais avec les mesures renforcées qui ont été prises dernièrement, ils se sont stabilisés. Les gens ont joué le jeu. Et ça a payé."
Des restrictions renforcées dans la métropole
Le 25 septembre en effet, Michèle Kirry, préfète de région, a pris un arrêté détaillant six nouvelles mesures renforçant celles déjà prises au niveau national : fermeture anticipée des bars à 22h, fermeture des salles de sport, interdiction des soirées étudiantes ou encore des rassemblements statiques de plus de dix personnes dans l'espace public...
Des mesures détaillées sur le compte Facebook de la préfecture de Bretagne et d'Ille et Vilaine le jour-même :
Ces mesures renforcées avaient été initialement été mises en place du 26 septembre au 10 octobre. Mais le 9 octobre, dans un communiqué, la préfecture de Bretagne et d'Ille-et-Vilaine annonçait que si "la progression du taux d'incidence ralentit en Ille-et-Vilaine et sur le territoire de Rennes Métropole, ce qui constitue un signal encourageant, il reste à un niveau élevé". Le taux d'incidence en Ille-et-Vilaine était alors de 114 cas pour 100 000 habitants, plus de deux fois au-dessus du seuil d'alerte établi à 50.
Des effets "retard" ?
Pour permettre un recul des indicateurs, Michèle Kirry a alors prolongé l'arrêté de huit jours, soit jusqu'au dimanche 18 octobre.
On a d'autres choses qui jouent pour nous
Ces mesures montreraient donc leurs effets trois semaines plus tard. C'est ce qu'a en effet indiqué Michèle Kirry interrogée jeudi 15 octobre par nos confrères de Ouest France en marge d'un déplacement au regard de l'évolution des taux d'incidence depuis le passage de Rennes en zone d'alerte rouge renforcée :
"On peut dire ça comme ça si vous voulez ! Mais on ne sait pas ce qui a marché, ni combien de temps ça va marcher, tempère le chef du service des maladies infectieuses du CHU de Rennes, Pierre Tattevin. Alors oui. Peut-être que ce renforcement des mesures a aidé à faire baisser les indicateurs et à éviter le couvre-feu. Mais on a d'autres choses qui jouent pour nous. Rennes n'est pas une grande métropole avec une population dense comme à Lille ou à Marseille par exemple".
"Continuer à faire des efforts"
La préfecture travaille néanmoins avec l'Agence régionale de santé de Bretagne à une possible nouvelle prolongation des mesures anti-covid renforcées. Des restrictions qui pourraient entrer en vigueur dès lundi 19 octobre.
Pas de couvre-feu à Rennes ne signifie pas pour autant que le Covid-19 ne circule plus ou presque plus dans la métropole. "Il faut que chacun continue à faire des efforts, martèle Matthieu Revest. Et si chacun continue à faire des efforts, on devrait pouvoir tenir. Mais rien n'est gagné et il faut continuer à être très stricts et très rigoureux. Et surtout à diminuer nos interactions sociales. Et là, peut-être, je dis bien peut-être, on pourra se dire qu'on va s'en sortir".