Les semaines autour du 15 août seront les plus critiques à l'hôpital. Manque de personnel, services fermés, grèves des médecins et personnels soignants, les 249 lits fermés inquiètent les équipes du CHU de Rennes.
"Nous aurons entre 249 et 253 lits fermés sur le CHU de Rennes" constate l'équipe de la CGT de l'hôpital public de Rennes. "C'est énorme. Les deux semaines autour du 15 août sont les pires de l'année pour les équipes".
Des services fermés, des patients redispatchés
Par manque de personnel, volonté de préserver le mieux possible les congés des équipes, le CHU de Rennes regroupant l'hôpital Pontchaillou et l'hôpital Sud s'oblige à fermer des lits. Parfois des services entiers sont fermés.
Parmi les services qui auront portes closes durant le mois d'août, "deux services d'hépatologie, deux services de gériatrie, et un service de maternité" détaille la CGT de l'hôpital. "Une situation qui n'est pas nouvelle mais beaucoup plus importante cette année", certifie le syndicat.
"Des unités entières sont fermées où vont l'être entre le 8 et le 20 août. Pour le personnel présent cela va être très difficile". La syndicaliste de l'hôpital cherche à faire comprendre cette situation qui s'est installée depuis trop longtemps.
"Aux urgences, nous sommes dimensionnés pour 150 patients par jour, nous en recevons 200. Nous sommes en sous-effectif. En plus, l'été les unités ouvertes, comme les urgences de l’hôpital, doivent recevoir les patients des services qui sont en partie fermés. Les malades sont redispatchés. Des personnes âgées qui devraient être soignées au service de médecine interne ou en gériatrie, se retrouvent sur des lits aux urgences. La situation est terrible pour les patients et pour le personnel."
Un jeu de vase communicant dangereux
"20% des lits de l'hôpital sont fermés au CHU de Rennes" affirme la CGT. "Et les fermetures touchent des services avec des malades aux pathologies lourdes. Un patient en sevrage d'alcool, ce n'est pas simple à gérer. Alors le mettre dans un autre service, pas équipé, avec du personnel non spécialisé, c'est délicat".
De même, selon cette source syndicale, le personnel disponible dont l'unité est fermée se voit changer d'affectation. "Des infirmières se retrouvent dans des services dont elles ne connaissent pas la spécialité. Cela augmente leur stress et la possibilité de commettre une erreur. Par exemple au service Lactarium de l'hôpital sud, elles sont en sous-effectif et en bout de chaîne, c'est quand même des bébés".
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Le prix à payer pour les congés des équipes
La direction donne un autre regard sur la situation. "Nous sommes à 13% et non 20% de lits fermés. Un niveau identique à celui que nous avions en 2019, avant la crise sanitaire". Cette situation jugée "forcément regrettable" par l'administration du CHU est liée à la décision de maintenir à tout prix les trois semaines de congé d'été à chaque membre du personnel. "Nous avons priorisé les vacances nécessaires à nos équipes. Mais nous n'avons pas trouvé autant de remplaçants que voulu." En conséquence, la direction explique avoir dû fermer plus de lits que l'objectif visé.
L'administration du CHU certifie que l'organisation du travail sur la période est connue et capable de répondre aux besoins des patients. "Le modèle de planification établi sur l'été a déjà été effectué les années précédentes. Cette année nous travaillons également en coordination avec tous les hôpitaux du territoire pour orienter les patients en fonction des personnels disponibles".
Pour Jérémie Bonenfent, médecin urgentiste au CHU, malgré la coordination la situation au 15 août sera plus que tendue. "On ne sait pas comment on va accueillir tout le monde. Il y a sept services d’urgence agréés dans le département. Ce week-end-là, on passe à trois. On se demande comment on va survivre à ça. On se pose tous la question, on a tous peur de savoir comment ça va se passer. "
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La peur de la désertion
Déjà en grève depuis fin juin, les infirmiers ont été rejoints par des médecins. Pour les membres de la CGT de l'hôpital de Pontchaillou, le risque de faire fuir le personnel de l'hôpital est grand.
"Il y a déjà une hémorragie de personnel et une vraie difficulté à recruter" dénonce cette source syndicale. "Arriver en vacances complètement épuisé, être à peine reposé et reprendre une charge de travail démesurée, cela peut encore motiver des gens à quitter définitivement l'hôpital. Nous sommes inquiets pour le mois de septembre et pour la suite".
La direction du CHU de Rennes déplore la difficulté de recruter le personnel nécessaire. "Le système de santé doit changer, être mis à plat, pour retrouver en attractivité".
180 infirmiers et aides-soignants ont été recrutés en CDI avant l'été. Mais, il reste des postes vacants.