L'une des figures, avec Daniel Cohn-Bendit et Alain Geismar, de la révolte étudiante de mai 1968, Jacques Sauvageot, à l'époque vice-président du syndicat Unef, est décédé samedi à l'âge de 74 ans. Il avait aussi été directeur régional de l'école des Beaux-Arts de Rennes,
C'était l'une des figures de la révolte étudiante de Mai 68, Jacques Sauvageot est décédé samedi 28 octobre à l'âge de 74 ans. Son décès, qui intervient à quelques mois du cinquantième anniversaire du mouvement de contestation de Mai 68, a été confirmé au Monde par sa famille.Né à Dijon le 16 avril 1943, issu d'une famille paysanne et catholique, petit-fils d'un maréchal-ferrant et fils d'un employé de la SNCF, M. Sauvageot est décédé des suites d'un accident de la circulation survenu en septembre. Il était depuis lors hospitalisé à Paris, sans connaissance, selon l'ITS, qui fait vivre l'héritage du Parti socialiste unifié (PSU), dissous en 1989.
Avec Alain Geismar et Daniel Cohn-Bendit, ce licencié en lettres et en histoire de l'art forma le trio vedette qui ébranla le pouvoir gaulliste. Il était le plus mystérieux et le plus discret des trois, refusant longtemps, dans les années qui suivirent, qu'on le filme ou qu'on l'interviewe. Jacques Sauvageot, devenu directeur régional de l'école des Beaux-Arts de Rennes, avait toutefois rompu le silence dans les années 90 : Mai 68 est un véritable "mythe fondateur", à la source des "radios libres comme du féminisme, de l'émergence de la société civile comme de la critique du socialisme réel", déclarait-il en mai 1993 dans un entretien à l'AFP.
Jugeant alors que "le pouvoir n'a jamais été à prendre" et que les événements n'avaient pas été si violents en 1968, il gardait comme meilleur souvenir le meeting au stade Charléty, à Paris, le 27 mai: "on avait l'impression d'une rivière qui se gonflait de dizaines de petits torrents, de petits ruisseaux" avec les ouvriers grévistes, les étudiants, les militants révolutionnaires et les politiciens de gauche chevronnés, tous unis dans le même enthousiasme.
Pas de nostalgie
Il confiait également n'éprouver aucune nostalgie pour "le joli mois de mai" et n'avoir "jamais revu" ses deux célèbres compagnons de route.
"Pour la postérité, Jacques a représenté en mai 1968 l'Union nationale des étudiants de France (Unef), et plus largement la révolte étudiante", souligne l'ITS dans son communiqué.
"C'est une très triste nouvelle pour sa famille, ses anciens camarades du PSU, ses amis, comme pour toutes celles et tous ceux avec qui il militait, en particulier à l'Institut Tribune socialiste, où son travail sur la mémoire et les archives du PSU se mêlait à la réflexion sur le présent et l'avenir des mouvements sociaux et de l'émancipation", ajoute-t-il.
Le PS a salué dimanche sur Twitter la mémoire de Jacques Sauvageot, "ancien leader de l'#UNEF et du #PSU, une voix singulière du mouvement social". "L'une des grandes figures de 1968, Jacques Sauvageot #PSU#UNEF, nous a quittés. Emotion", a également twitté la députée LFI Clémentine Autain. "Hommage à Jacques Sauvageot, resté fidèle à ses idées et combats", a approuvé un autre député LFI, Eric Coquerel.
L'association Rocard a également rendu hommage à ce "compagnon de lutte de Michel Rocard" au PSU. "Nous sommes émus par la disparition de Jacques Sauvageot, ancien vice-président de l'Unef et voix des étudiants de Mai 68, et voulons rendre hommage à un camarade, un grand syndicaliste", a déclaré à l'AFP Lilâ Le Bas, présidente de l'Unef.