La ministre des Armées Florence Parly a annoncé lundi une réorganisation de la maintenance de l'armée de Terre afin d'en accroître la disponibilité, de l'ordre de 62% aujourd'hui, en augmentant largement le recours au secteur privé.
"Améliorer le MCO (maintien en condition opérationnelle, NDLR) terrestre, c'est d'abord et avant tout permettre le présent et préparer l'avenir", a déclaré la ministre des Armées Florence Parly lors d'un déplacement au 2e régiment du matériel de Bruz, près de Rennes.Il s'agit par cette réforme de "donner à nos forces, aujourd'hui, les meilleures conditions d'engagement et d'entraînement" tout en favorisant "la cohabitation de matériels modernes (...) avec des matériels plus anciens, voire vieillissants", a-t-elle fait valoir. "L'enjeu principal c'est de rehausser la disponibilité de nos matériels. Le chemin est long", souligne-t-on au ministère des Armées. L'armée de Terre compte 23.500 véhicules et autre matériels, du blindé léger au char lourd, dont 2.500 déployés sur les théâtres d'opérations extérieurs, principalement au Sahel.
Ces matériels - parfois très vétustes comme les véhicules de l'avant blindés (VAB) - offrent un taux de disponibilité global de 62%, porté à 90% sur les théâtres d'opérations extérieures mais qui reste insuffisant dans les régiments en France. Les militaires doivent avoir accès à plus d'engins afin de "plus s'entraîner" avant d'être projetés en opérations, relève-t-on au ministère des Armées. L'entraînement, souvent présenté comme l'assurance-vie du soldat, a fortement diminué ces dernières années sous l'effet de coupes budgétaires et du manque d'équipements disponibles.
Florence Parly souhaite par ailleurs que les industriels soient plus associés à la maintenance, afin qu'ils en intègrent mieux les contraintes en amont. Aujourd'hui, l'entretien des matériels terrestres est assuré en majeure partie par des personnels étatiques, pour un coût annuel de l'ordre d'un milliard d'euros. Les industriels, eux, ne s'occupent actuellement que de 15% de cette mission de maintenance. "C'est une proportion qui peut être interrogée", a commenté Mme Parly. La ministre a formé le voeu que "40% de nos activités industrielles de maintenance soient réalisées par les industriels" d'ici à 2025, tout en assurant que "l'État ne se désengage pas du MCO terrestre".
Le président Emmanuel Macron avait déjà envoyé une mise en garde aux industriels de défense en exigeant un "meilleur rapport coût/efficacité" pour les matériels militaires. L'enjeu est d'autant plus important que l'armée française s'apprête à prendre possession au cours des prochaines années d'une nouvelle génération de blindés, Griffon (véhicules blindés multi-rôles lourds) et Jaguar (engins blindés de reconnaissance et de combat). Le lien homme/matériel est aussi jugé trop distendu, les militaires en changeant sans cesse au gré de la disponibilité des équipements. "Nous devons renforcer le lien entre nos militaires et leurs matériels terrestres", a-t-elle souligné, en promettant qu"à chaque fois que cela sera possible, chaque matériel sera dorénavant affecté à un soldat, un équipage ou un groupe".
Florence Parly avait déjà lancé en décembre dernier une réforme de la maintenance des avions et hélicoptères militaires, dont la disponibilité est aujourd'hui inférieure à 50%.