Eau potable, eaux usées : comment on élimine le coronavirus

L’eau indispensable à la vie peut aussi, faute d’hygiène, transporter nos maladies. Des règles sanitaires strictes s’appliquent : du captage à la production d’eau potable, sur les réseaux de distribution puis les égouts, jusqu’aux déchets des stations d’épuration.

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On a tous pu frémir à l’idée qu'un virus pourrait provenir du robinet de la cuisine. Heureusement ce n’est qu’un cauchemar. Certes, on a récemment trouvé des traces de coronavirus dans un réseau d’eau à Paris mais c’est dans le réseau d’eau non-potable réservé à l’arrosage des jardins publics et au lavage des rues et caniveaux.


Pas de risque dans l’eau potable


L’eau distribuée dans nos maisons ou nos immeubles est quotidiennement surveillée et protégée de toute contamination. En Bretagne, nous buvons à 75% de l’eau de surface. Dans le Morbihan, c’est de l’eau du Blavet, de l’Oust ou de la Vilaine et dans l’agglomération de Rennes, c’est de l’eau captée dans le Couesnon, la Minette, la Rance, la Chèze, le Canut et le Meu . À Brest, c'est l'Élorn, à Saint Brieuc le Gouët et l'Urne.

Ces eaux brutes passent par des usines d’épuration aux techniques toujours plus sophistiquées pour devenir l'eau potable. Ensuite, du chlore ou de l'ozone la protège des microbes, bactéries et virus dans le réseau de distribution.

L’Agence Régionale de Santé de Bretagne supervise les contrôles à tous les niveaux de la distribution de l'eau potable, mais aussi la collecte et le traitement des eaux usées.

Avec l’épidémie de Covid-19 et le confinement, la consommation d’eau potable a fortement baissé. Certaines industries ont ralenti et des activités, comme la restauration, sont arrêtées, alors l’eau circule plus lentement dans les tuyaux. À Rennes, il a fallu remonter le taux de chlore en différents points du réseau :

 la concentration en chlore en sortie des usines d’eau potable peut aller jusqu’au double de la teneur habituelle : de 0,2 à 0,3 milligrammes par litre en temps normal, elle passe à 0,5 milligrammes par litre. 


Le coronavirus dans les stations d’épuration


Ce qui ne diminue pas, c’est notre consommation d’eau liée à l’hygiène ou à la cuisine. Chez nous et dans les hôpitaux. Plus que d’habitude, il faut nous laver les mains. Tous ces lavages et ceux du linge, mais aussi les eaux de cuisine et de WC, y compris les selles des malades, finissent à l’égout et transportent le coronavirus jusqu’aux stations d’épuration.

Dans des bassins successifs, les eaux usées collectées subissent différents traitements biologiques et physiques : oxygénation, décantation, filtrations. Les ultimes résidus seront des boues liquides.

Une part de l’eau filtrée retourne à la rivière. C’est aussi le cas des systèmes des maisons individuelles non raccordées aux égouts collectifs. Cela explique la présence de traces de coronavirus dans le réseau d’eau non-potable de Paris puisque c’est dans la Seine ou la Marne qu’elle est pompée.

D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il n’y a, à ce jour, aucune preuve de la survie du Coronavirus du type SARS-CoV-2 dans les eaux usées.

Toutefois, des coronavirus, dont les propriétés sont comparables, ont montré qu’ils pouvaient rester infectieux pendant plusieurs jours dans l’eau. Il n’est donc pas totalement exclu qu’en situation épidémique, le SARS-CoV-2 soit aussi présent dans les boues issues des stations d’épuration des eaux usées (STEU).
 

L'épandage des boues résiduelles des stations d’épuration


À la fin du processus d’épuration, les boues sont composées d’eau et de matières sèches dans des proportions variables selon l’usine de traitement. Les stations les plus sophistiquées comme celle de l’agglomération de Rennes en tirent du biogaz. Cette énergie permet de produire de l’électricité. Le résidu sec est ensuite utilisé pour faire les routes. 

Dans d'autres stations d'épuration, la boue est séchée et sert de combustible au chauffage collectif. Mais la plupart des stations d’épuration, moyennes et petites, produisent des boues que les agriculteurs utilisent pour fertiliser leurs cultures, au même titre que des lisiers d’animaux d’élevage. Et en période d’épidémie, il ne faudrait pas que ces boues répandent le coronavirus dans les champs.

En France, la production des boues de stations d’épuration des eaux usées est de plus d’un million de tonnes de matière sèche. 


70% des boues de stations d'épuration sont épandues sur des terrains agricoles


Au vu des recommandations de l’ANSES concernant les boues d'épuration, le ministère de la Transition écologique et le ministère de l'Agriculture et de l'alimentation ont aussitôt réagi. La circulaire interministérielle interdit l'épandage des boues d'épuration produites après le début de l'épidémie.  

Pour être utilisées par les agriculteurs, elles doivent d'abord être « hygiénisées » par l’un des procédés efficaces connus : compostage, digestion anaérobie thermophile ou séchage thermique avec, dans les trois cas, un suivi de température, ou épandage avec chaulage avec un suivi du pH.
Selon l’Association AMORCE, la circulaire interministérielle impose par ailleurs un doublement des analyses microbiologiques de contrôle prévues à l’article 16 de l’arrêté du 8 janvier 1998 visant notamment les analyses des Escherichia coli.

L'Anses appelle aussi les travailleurs des stations d'épuration et ceux qui réalisent l'épandage à utiliser des équipements de protection et redoubler de précautions d'hygiène.

 
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