Ammoniac : Air Breizh lance des mesures pérennes

Le printemps... On l'attend. Mais avec les beaux jours, arrive l'épandage de lisier pour préparer les cultures. Et cette alliance est parfaite pour l'apparition d'émissions d'ammoniac, génératrice de particules fines. Jusqu'à présent aucune mesure n'était faite, Air Breizh s'y attèle.


Et en cette période de printemps, une floraison de particules fines pointe le bout de son nez, à la faveur des épandages de lisier et de fumier. L’ammoniac libéré par ces déchets organiques en se mélangeant à d'autres gaz présents dans l'atmosphère, génère des particules fines (nitrate d’ammonium et de sulfate d’ammonium). Comme les humains, elles adorent ce temps ensoleillé et sans vent, qui favorise leur prolifération.
 

L'ammoniac, un polluant non réglementé en France


Les particules fines sont responsables de 48 000 décès prématurés chaque année en France. Ces particules sont si petites (2.5 PM) qu'elles peuvent voyager jusqu'au plus profond de nos poumons et atteindre les alvéoles, transportant avec elles, leur lot de virus, entre autres le coronavirus et les bronchiolites.
 

L'ammoniac n'est pas un polluant réglementé
 

 C'est ce qu'explique Gaël Lefeuvre, directeur d'Air Breizh, donc il n'y a aucune obligation d'en mesurer les émissions.


Jusqu’à présent, seule une mesure ponctuelle de ces particules avait pu être effectuée dans notre région, faute de matériel adéquat. Aujourd’hui, l'association Air Breizh, qui vérifie depuis 1996 la qualité de l'air en Bretagne, souhaite mesurer ces émissions de manière pérenne. Elle vient de commander un premier analyseur d'ammoniac grâce à des subventions de la région Bretagne et du ministère de la transition écologique et solidaire. Ce premier appareil sera installé à Merléac dans les Côtes d'Armor.

Si les financeurs répondent présents, trois autres appareils devraient suivre. L'un sera installé à Rennes, les deux autres implantations ne sont pas encore définies.


La Région intéressée par cette démarche


"Il faudra faire le tour des partenaires, l’ADEME (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), l’Etat, l’Europe pour soutenir Air Breizh et trouver un financement pour mettre ce suivi en œuvre", concède Thierry Burlot, vice-président du conseil régional de Bretagne chargé de l’environnement. Et l’élu, de s’alarmer sur l’état de la qualité de l’air dans la région :

Nous sommes la seule région où malgré le confinement, la pollution de l’air ne diminue pas. C’est à cause de toutes ces cochonneries : on vide les fosses à lisier… 
 

L’air, parent pauvre de la lutte contre la pollution


Gaël Lefeuvre, directeur d’Air Breizh et Thierry Burlot dressent le même constat : l’air est le parent pauvre de la lutte contre la pollution. "Sur l’eau, on a intensifié les contrôles. Il y a une gestion de l’eau avec un travail sur la juste fertilisation, mais on n’a jamais réfléchi aux conséquences sur l’air", constate l'élu. "Il existe une réglementation des pesticides dans l’eau et l’alimentation. Mais pas dans l’air", appuie Gaël Lefeuvre.

Chambre d'agriculture au même diapason


Du côté de la chambre d'agriculture, cette démarche sur la qualité d'Air Breizh est perçue d'un très bon oeil. "Pour l'instant, les évaluations d'émission ne sont que des calculs théoriques, on ne peut pas les mesurer, analyse Charlotte Quénard, conseillère environnement à la chambre d’agriculture de Bretagne. Nous avons besoin de consolider ces connaissances par de vraies mesures."
Opinion partagée par Edwige Kerboriou, vice-présidente de la chambre d'agriculture régionale en charge de l'environnement. Pour cette agricultrice des Côtes d''Armor, la solution viendra de la généralisation d'épandeurs plus performants facilitant l'enfouissement des déjections animales utilisées comme fertilisants. 

"La pollution de l'air est une thématique émergente", selon la chambre d'agriculture


En 2016, la France a émis 679 000 tonnes d’ammoniac, selon l'association de conseil en environnement, Citepa . La Bretagne était à l’origine de 14% de ces émissions pour un territoire qui ne représente que 4% de la superficie nationale. 98% de ces émissions viennent de l’agriculture, dont la majorité des épandages d’effluent d’élevage s’ils ne sont pas enterrés, comme les constatent tous les acteurs concernés y compris la filière agricole.

Si aux Pays-Bas, les concentrations d’ammoniac sont mesurées depuis plus de 25 ans, en France rien n’est obligatoire à ce jour. Pourtant depuis 2010, la France doit réduire ses émissions d’ammoniac, selon la directive européenne NEC (national emission ceilings : plafonds nationaux d’émissions).
En 2017, ces directives ont été transposées en droit français à travers le plan PREPA. "Toute une batterie de mesures a été avancée dans ce plan, rappelle Charlotte Quénard de la chambre d'agriculture, mais lesquelles ont été mises en oeuvre par l'Etat ?"
 

Les bonnes résolutions


Dans les neuf prochaines années, les émissions devront baisser de 4% chaque année puis de 13% en 2030. En attendant, l'ADEME a publié un guide des bonnes pratiques agricoles salué par tous les acteurs de la filière et Air Breizh un rapport préconisant une stratégie de surveillance et des solutions pour diminuer les émissions d’ammoniac d’origine agricole. Sur le constat et les solutions, les différents acteurs semblent d'accord : un début suffisamment positif pour être souligné.
 
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