Pollution de l'air en Bretagne : les associations environnementales montent au créneau

C'est un classique dans nos campagnes. Au printemps, une odeur d'ammoniac flotte dans l'air breton. Une pollution dénoncée par les associations environnementales qui demandent la restriction des épandages agricoles durant la pandémie de coronavirus.

Moyen à médiocre. Le baromètre de la qualité de l’air dans la région n’est toujours pas au beau fixe ces jours-ci.

Et comme chaque année, au printemps, une odeur ammoniaquée se répand dans l'air breton. De quoi titiller les narines des défenseurs de l'environnement qui, en ces temps de pandémie, ont décidé de sonner l'alerte. 

Pour André Ollivro, co-président de l’association Halte aux marées vertes, il y a « urgence à diminuer drastiquement cette pollution aérienne à l’ammoniac par un encadrement des épandages agricoles ».
Au nom du principe de précaution, l’association demande à la Préfecture de Région « d’agir pour assainir l’air que nous respirons en Bretagne ». Elle réclame par ailleurs les moyens d’une surveillance de l’ammoniac dans l’air ambiant. Un suivi qui fait actuellement défaut.


Changer le modèle agricole


« En conscience, de la même façon que les préfectures imposent une limitation de vitesse aux véhicules, les services de l’Etat doivent pouvoir imposer des restrictions aux agriculteurs » souligne Arnaud Clugery, le président d’Eau et rivières de Bretagne.

« C’est une demande circonstanciée, dans un contexte de pandémie. Mais cela s’inscrit dans un plan plus global de réduction des cheptels en Bretagne, de changement de modèle agricole » poursuit-il.
 

Je demande des preuves scientifiques sur le lien entre épandages et propagation du coronavirus


Mars-avril-mai, c’est donc le temps des épandages de lisier, un calendrier difficile à remettre en cause pour Michel de Saint Jan, éleveur de porcs à Plaintel.

"On a eu un hiver tellement long et pluvieux, c’est techniquement impossible d’étaler les épandages. C’est maintenant que l’on doit le faire. On progresse dans les méthodes, notamment en enfouissant. Mais il faut du temps. On nous accuse toujours.» 
Le président de la section environnement de la FDSEA 22 poursuit : « Je demande des preuves scientifiques sur le lien entre épandages et propagation du coronavirus »
 

Alerte aux particules fines


Déjà, les 27 et 28 mars derniers, un pic de pollution est relevé par Air Breizh dans les quatre départements bretons. En plein confinement, alors que le trafic routier est au plus bas, l’Observatoire de la qualité de l’air pointe le chauffage au bois et l’activité agricole.

Gaël Lefeuvre, le président de l'association, livre alors plusieurs constats. "Le dioxyde d'azote a baissé, mais pas les particules fines", explique-t-il. "Cela grimpe parce qu'on est en période d'activité agricole, avec les épandages. Et comme il fait encore frais la nuit aussi, les gens continuent de chauffer.

Ces fameuses particules fines sont responsables de maladies respiratoires, cardiovasculaires, et de cancers. 48000 décès prématurés en France leur sont attribués selon une étude réalisée par Santé publique de France.

La Bretagne, première région agricole, produit un tiers de l’ammoniac national sur 5% du territoire. 97% de ces émissions proviennent de l’agriculture. 
Dans une tribune lancée fin mars, des scientifiques du Grand Est alertent les préfectures sur le risque de propagation des virus par les particules fines.
 

Un référé devant le Conseil d'Etat


L’association Respire a d’ailleurs déposé le 8 avril un référé liberté devant le Conseil d’Etat pour réglementer en urgence les épandages agricoles « générateurs d’une pollution atmosphérique susceptible d’aggraver l’épidémie de coronavirus ».

Pour l’heure, en Bretagne, la Préfecture de Région a accusé réception des différentes requêtes des associations.



 
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