Pour tous ceux qui, comme moi, souffrent d'asthme, la période a de quoi serrer les poumons. La maladie fait en effet partie de la liste des critères de vulnérabilité face au Covid-19. Et voilà que les pollens entrent à leur tour dans cette danse de plus en plus macabre.
Rassurez-vous, je ne vais pas vous tenir la chronique d'un asthmatique angoissé, ni vous imposer les petites angoisses d'un asthmatique chronique. Mais avouez, mes chers frères -et soeurs- d'asthme que, depuis que le Covid-19 rôde dans nos villes et nos campagnes, votre sommeil se fait moins léger.
D'aucuns auront sûrement ressenti une légère compression de la cage thoracique au moment de rejoindre les bras de Morphée, au point de douter des intentions de ce dernier. Ne contrôlerait-il plus sa force, en vous enlaçant avec trop de vigueur ? Que ceux qui n'ont pas ruminé quelques noires pensées dans la froideur de la nuit me jettent à la figure leur dernier flacon de Ventoline.
Personnes à risque élevé
Il est vrai que les asthmatiques ont droit à un traitement particulier dans cette crise sanitaire. Très rapidement, leur maladie s'est retrouvée dans la liste publiée par le Haut Conseil de Santé Publique, qui dans un avis provisoire du 14 mars "émet des recommandations pour la prévention et la prise en charge du COVID-19 chez les patients à risque de formes sévères", parmi lesquels figurent "les personnes présentant une pathologie chronique respiratoire susceptible de décompenser lors d’une infection virale".
Un avis sur lequel s'est basée la Caisse Nationale d'Assurance Maladie pour étendre le téléservice declare.ameli.fr qu'elle avait mis en place le 3 mars 2020. Ce dispositif en ligne a permis dans un premier temps aux "employeurs de déclarer leurs salariés sans possibilité de télétravail et qui sont contraints de rester à domicile, suite à la fermeture de l'établissement de leur enfant".
Après les mesures de confinement instaurées le 17 mars, il a été étendu aux personnes à risque élevé au rang desquelles figurent les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques comme l'asthme et les bronchites chroniques. Et dans ce cas, les préconisations de l'Assurance Maladie sont claires : "Ces personnes doivent impérativement rester à leur domicile, en arrêt de travail, si aucune solution de télétravail n'est envisageable." La démarche peut se faire directement par le salarié. Il peut alors demander à être mis en arrêt de travail pour une durée initiale de 21 jours.
Mais attention, cela ne s'applique qu'aux personnes souffrant d'une ALD, une Affection Longue Durée. Pour les autres, il faut "contacter son médecin traitant ou à défaut un médecin de ville pour évaluer si l'état de santé justifie que ce dernier leur délivre un arrêt de travail".
Numéro vert
Cet exemple précis montre bien qu'il n'est pas toujours facile de gérer au mieux sa maladie dans un temps de crise sanitaire exceptionnelle. Pour répondre à certaines interrogations, il existe un numéro vert, le 0800 19 20 21, celui de l'association Asthme&Allergies, mais il n'est pas forcément facile à joindre tant les appels sont nombreux.
Pour poursuivre son travail d'information, l'association privilégie les échanges via une adresse mail : contact@asthme-allergies.asso.fr
Place aux pollens
Des informations essentielles, d'autant plus que, sans vouloir trop noircir le tableau, il ne vous aura pas échappé que nous avons quitté l'hiver pour entrer dans le printemps. Une saison où les allergies se réveillent. En ces mois de mars et avril, les pollens du bouleau, du chêne ou encore du noisetier sont particulièrement virulents. Rien à voir bien évidemment avec celle du coronavirus, mais il y a là matière à faire couler les yeux et les nez, et d'agresser encore un peu plus nos poumons.
Pour connaître l'évolution au jour le jour des pollens, des cartes sont disponibles sur le site de l'Agence Régionale de Santé de Bretagne ou encore sur celui du Réseau National de Surveillance Aérobiologique même si en raison du Covid-19, "de nombreux sites de mesures des pollens et moisissures sont à l'arrêt en France". En conséquence, les bulletins sont mis à jour sur "une estimation basée sur les quelques données des sites qui fonctionnent, les observations phénologiques, les retours cliniques des médecins sentinelles, les prévisions météorologiques, et bien sûr, l'expertise" du réseau.
Les allergologues au créneau
Face à cela, la Fédération française d'Allergologie a d'ailleurs fait plusieurs mises au point. Elle rappelle ainsi que les mois de mars et avril étant "propices au développement de rhinite, conjonctivite et asthme chez les patients allergiques", il convient de bien "évaluer la nature des symptômes ressentis et à ne penser au Covid-19 qui si ces derniers sont différents de ceux habituellement ressentis". Les allergies dues aux pollens des arbres entraînent en effet des toux et des sifflements qui "peuvent être confondus avec les symptômes du Covid-19".
Surtout, les allergologues insistent sur un point essentiel : poursuivre la prise des traitements par corticocoïdes inhalés. Pour la Fédération, "il est indispensable pour les patients asthmatiques de continuer à se traiter pour que leur maladie soit contrôlée".
Alors oui, sale temps pour nos bronches.
Mais comme le chante Mickey 3D : "Tu vas pas mourir de rire, alors il faut que tu respires." Respirons.