Entre 150 et 200 personnes ont manifesté dans Rennes, comme dans la matinée à Quimper , répondant à un appel national de l'Association des Paralysés de France, pour réclamer davantage de considération, en s'adressant notamment aux candidats à l'élection présidentielle.
"C'est une belle concentration de fauteuil !" Avec son fauteuil électrique, Charlotte suit le cortège dans les rues de Rennes. Une déambulation de personnes handicapées, d'aidants et de salariés de l'entreprise Assia, qui intervient dans les soins et le maintien à domicile.
Il y a quelques jours, la jeune femme de 29 ans a témoigné d'une situation "qui commence à être compliquée". Faute d'une tournée d'un service de nuit, elle est contrainte de se coucher à 18 heures. "Je suis dans un état de dépendance qui ne permet pas, une fois que je suis couchée à 18h, de me relever pour aller aux toilettes" explique-t-elle.
"Depuis au moins quinze jours, je suis obligée de dormir dans mon fauteuil" raconte Charlotte, qui ne peut se résoudre à faire une croix sur toute vie sociale. "Je n'ai que ça, puisque je n'ai pas d'activité professionnelle".
A ses côtés, Sandra Body acquiesce. Elle connait bien Charlotte et sa situation. "Cela fait trois mois que l'on cherche des salariés pour la nuit, comme pour le jour du reste, et l'on a pas réussi" explique la directrice du pôle intervention à domicile d'Assia, "on a donc dû annuler la tournée de nuit qui permettait à Charlotte d'avoir une vie sociale".
Ce métier là, ce n'est pas un métier, c'est une vocation
Charlotte
Une difficulté de recrutement qui, outre les horaires atypiques qui rendent la vie de famille compliquée, tient à un manque de reconnaissance "sociétal" selon Sandra Body, et à "une rémunération, qui même si elle tend à s'améliorer, ne répond pas aux besoins des salariés qui eux-mêmes se précarisent de plus en plus".
Faire entendre sa voix
A la fin du parcours, quelques centaines de mètres dans les rues de Rennes, l'Association des Paralysés de France organisera des prises de paroles. Charlotte y prendra part, pour donner corps aux revendications de 23 millions de personnes. "12 millions de personnes handicapées, et 11 millions d'aidants" détaille Cécile Cottebrune Desbats, la directrice territoriale des actions associatives de APF France Handicap.
Ce sont également 23 millions de voix. Des personnes qui veulent être reconnues comme citoyens à part entière, et qui aujourd'hui, à Rennes comme ailleurs en France, interpellent les candidats à l'élection présidentielle.
On y évoquera le montant de l'allocation adultes handicapés, mais aussi les délais de traitements des dossiers, ainsi que la question de la "déconjugalisation" de l'allocation, une revendication de longue date.