Enfant "reclus". Sa mère condamnée à deux ans de prison avec sursis et privée de l’autorité parentale

Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné la femme connue pour être la "mère de l’enfant reclus" à deux ans de prison avec sursis et a prononcé le retrait total de son autorité parentale. Dès la sortie de l’audience, elle a fait part de son intention de faire appel.

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A la sortie de la salle d’audience, Stéphanie Delvigne vacille, comme sous le choc de la décision du tribunal. Elle est condamnée à deux années de prison avec sursis et  privée de son autorité parentale. 

"Si vous êtes une mère dévouée, faites attention à vous, on risque de vous prendre votre enfant et de vous faire souffrir très fort", lâche-t-elle dans un sanglot. 

La femme de 50 ans était jugée pour "soustraction d’un parent à ses obligations légales compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de l’enfant" et  "privation de soins et d’aliments ". 

Tout a commencé un jour de juillet 2022. Son fils fait un malaise. Elle le conduit à l’hôpital et là, les soignants découvrent un adolescent de 14 ans, qui mesure 1 m 47 et pèse 35 kilos. Beaucoup moins que le poids d’un adolescent du même âge.

Le jeune homme n’a jamais été vacciné, n’a pas de médecin traitant, ne va pas à l’école. L’hôpital fait aussitôt un signalement et l’enfant est placé en structure d’accueil dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance. 

Audience à huis clos

L’audience devant le tribunal correctionnel s’est déroulée à huis-clos, pour, selon la procureur, "protéger la dignité et l’intimité de l’enfant dans un dossier qui est éloquent."

Mais dans les couloirs, la mère se défend de tout manquement. "Je suis vraiment aux petits soins depuis le début, je fais du sur mesure pour mon enfant. Je consacre la majeure partie de mon temps et de mon énergie pour l’élever dans le bonheur. On était heureux, tout fonctionnait bien. On nous invente complètement une vie qui n’est absolument pas la nôtre". 

"Evidemment, il mangeait à sa faim, tous les jours, poursuit Stéphanie Delvigne. On me parle de son poids, mais son IMC (indice masse corporelle) est bon. "

"On ne vivait pas en dehors de clous, assure-t-elle. Nous allions à la bibliothèque, dans les  musées, les commerces, au parc."  Mais quand on lui demande si son fils avait des amis de son âge, elle élude, " il avait des amis de tous les âges. "

Quant à l’absence de scolarisation. Elle plaide pour une autre forme d’éducation. "Je suis dans l’apprentissage autonome.  Mon fils est entouré de livres, très à l’aise en communication, très à l’aise en société. Je pense que c’est un problème de point de vue de comment on éduque un enfant",  dénonce-t-elle. 

Privée de l'autrorité parentale

Ses explications n’ont sans doute pas convaincu le tribunal qui a décidé de la déchoir de son autorité parentale. "Cela veut dire que ce n’est plus son fils, qu’il devient l’enfant de la nation", explique Emmanuel Ludot, son avocat.

"Je pense que c’est une erreur que nous sommes en train de commettre. Nous ne sommes pas dans un dossier de maltraitance avec des carences affectives et une volonté de faire du mal et on veut appliquer des textes qui sont ceux de la maltraitance, ça ne peut pas coller. Quand on poursuit un parent pour maltraitance, il faut prouver qu’il y a cette volonté de faire souffrir, or,  cette femme, au contraire, elle voulait bien faire et on la poursuit parce qu’elle s’est trompée. Si vous poursuivez toutes les mères de famille qui se trompent, les tribunaux vont être remplis. "

"On ne gère pas d’éducation d’un enfant dans une juridiction pénale. Quand une maman fait mal, on lui explique ce qu’il faut faire, on ne la renvoie pas en correctionnelle."

Stéphanie Delvigne a en outre été condamnée à verser 10 000 € au Conseil départemental d’IIlle- et- Vilaine qui a aujourd’hui la charge de l’enfant et à un euro à l’association "La voix de l’enfant"qui était partie civile.

La mère et son avocat ont annoncé leur volonté de faire appel de la décision. "Ce que je souhaite c’est que mon fils soit heureux, épanoui, qu’il puisse retrouver sa liberté " a-t-elle déclaré en quittant le tribunal."S’il le faut, nous irons devant la cour de cassation a insisté l’avocat. L’affaire, dit-il, ne fait que commencer."

( avec Sylvaine Salliou)

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