Amitié, complicité, le chemin de Guy Stéphan avec l'équipe de France est lié à celui de Didier Deschamps, dont il est adjoint à la tête des Bleus depuis 2012. D'abord sur les pelouses, puis sur le banc, ce costarmoricain discret donne de la voix durant les séances d'entrainement à Clairefontaine.
Il sa vie en bleu-blanc-breizh. Le costarmoricain Guy Stéphan, qui a débuté comme joueur à Guigamp et Rennes, a sa carrière de technicien liée à l'équipe de France. Son fils l'a suivi dans la vocation : Julien Stéphan est aujourd'hui l'entraineur du Stade Rennais. Guy Stéphan a remporté l'Euro 2000 avec l'équipe de France aux côtés de Roger Lemerre, puis sera champion du monde en 2018 et finaliste en 2022.
Depuis douze ans, une véritable "complicité" l'unit avec le sélectionneur Didier Deschamps. "Complicité, et même amitié, je peux employer le mot. Et dans sa vie, les amis on peut les compter sur les doigts des deux mains", lance le technicien de 67 ans, collaborateur de "DD" depuis 2009 à l'Olympique de Marseille et depuis 2012 avec les Bleus.
"Je vis très bien cette fonction" de numéro deux. "Qu'est-ce que vous voulez que j'ai de plus que de m'occuper de quelques-uns des meilleurs joueurs du monde ?" demande-t-il. "En plus, on gagne des trophées", ajoute le champion du monde 2018, vainqueur également de la Ligue des nations 2021.Ils ont aussi été champions de France 2010 à l'OM et vainqueurs de trois Coupes de la Ligue (2010 à 2012).
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Avec les Bleus, Julien Stéphan avait déjà gagné l'Euro-2000 et la Coupe des Confédérations 2001 comme adjoint de Roger Lemerre, mais avec Deschamps il s'est durablement installé au sommet du foot, finaliste de l'Euro-2016 et du Mondial-2022, au-delà de ses plus beaux rêves.
Deschamps "avait le management en lui"
"Je ne pouvais pas imaginer une seconde, lorsque j'avais 10 ans, que je tapais le ballon contre le mur chez mes parents (à Ploumilliau/Côtes d'Armor), que j'allais participer à la victoire de la Coupe du Monde en 2018", rembobine celui qui a rencontré pour la première fois DD en 1999.
"Le capitaine de l'équipe était Didier, on a fait connaissance. Je me rappelle particulièrement la discussion qu'on a eue le matin de la finale, à bâtons rompus. Rien de secret, on a refait le monde", avant le triomphe de Rotterdam contre l'Italie (2-1, but en or).
"Je ne m'imaginais pas devenir son adjoint neuf ans plus tard. Par contre, ce dont j'étais sûr, c'est qu'il allait devenir entraîneur", se souvient le Breton. Deschamps "avait déjà tout: c'était quelqu'un qui savait fédérer, replacer des joueurs, parler dans le vestiaire... Il avait le management en lui".
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Le duo se forme à partir de 2009 à l'OM. "On avait alors posé la question à Didier: "Pourquoi vous avez choisi Guy Stéphan?" Il avait répondu trois choses: "Un, parce que je le connais. Deux, parce qu'il a déjà été numéro un, et donc il en connaît les contraintes. Et trois, parce qu'il a déjà entraîné à l'étranger, pour la capacité d'adaptation", se souvient Stéphan, sélectionneur du Sénégal (2003-2005), quart de finaliste de la CAN-2004, et adjoint de Jean Tigana au Besiktas Istanbul (2006-2007).
"On se comprend les yeux fermés"
L'ancien joueur de Guingamp ou du SM Caen brosse le portrait-robot de l'adjoint: "Il doit sentir le moment où il faut discuter et celui où il ne faut pas discuter, doit aussi savoir élever la voix devant le groupe pour permettre au numéro un de prendre un peu de recul... Enfin, toute cette gymnastique du management".
Deschamps "a coutume de dire qu'on se comprend les yeux fermés", ajoute Stéphan, qu'on entend souvent donner de la voix sur les terrains de Clairefontaine. "J'aime bien animer les séances d'entraînement, mais Didier aussi", comme mercredi au stade de Paderborn, camp de base des Bleus.
Deschamps n'a pas besoin d'un béni-oui-oui. "J'ai toujours donné mon avis, in fine, c'est toujours lui qui décide, évidemment, mais j'ai toujours exposé mes arguments, et ça me va très bien", pose Stéphan, qui inclut "l'ensemble du staff parce qu'il n'y a pas que nous deux. Il y a le préparateur physique Cyril Moine, l'entraîneur des gardiens Franck Raviot..."
Un duo vieux de "douze ans, ce n'est jamais arrivé en équipe de France", souligne Stéphan. "Je ne suis pas sûr que ce soit beaucoup arrivé à l'étranger. C'est parce que ça fonctionne bien. Ce qui est important, c'est d'avoir du sourire, de l'appétit, de la confiance et évidemment de l'ambition".
Quant à savoir s'il a déjà fait changer Deschamps d'avis, "je vais répondre que ça m'est arrivé de l'influencer", conclut-il. "Je ne donnerai pas d'exemple, peut-être que dans le livre que j'écrirai dans dix ans..." Un livre sur la complicité.