Le lundi 11 avril, Marie est morte, étranglée par son mari, dans son appartement de Villejean à Rennes. Dans le quartier, l’émotion est forte. Le présumé coupable, multi-récidiviste, avait déjà été condamné. La FNVF, fédération nationale des victimes de féminicide, veut comprendre et interpelle le Garde des sceaux.
C’était le mardi 12 avril. Un homme se présente au commissariat de Villejean, à Rennes, et affirme avoir tué sa compagne. Aussitôt, il est placé en garde à vue. Dans le quartier, c’est le choc. Marie, mère de deux enfants et femme battue, avait beaucoup d’amies. "C'est affreux, horrible, relate Regine Komodoli. Je pleure ce soir. pense aux enfants, mon Dieu Why why ?"
Why ? Pourquoi ? La question, tout l’entourage se la pose. La FNVF, Fédération nationale des victimes de féminicides, va plus loin et dénonce des dysfonctionnements dans le système de protection des femmes touchées par les violences conjugales.
Car le mari, présumé coupable, est un récidiviste. Après plusieurs procédures depuis 2013, pour des violences commises sur sa femme mais aussi sur un de ses enfants, il avait fini par être condamné et incarcéré au centre pénitentiaire de Vezin-le-Coquet entre décembre 2019 et juillet 2020. Sorti de prison, il était suivi par le service pénitentiaire de probation et d’insertion dans le cadre d’un sursis probatoire.
"Un bracelet aurait sauvé la vie de cette jeune femme !"
Comment a-t-il pu approcher sa femme ? Pourquoi ne portait-il pas de bracelet anti-rapprochement ? D'après le parquet, Marie n’avait pas déposé de plainte depuis la sortie de prison de son mari. "On la culpabilise, c’est choquant !", déplore Sylvaine Grévin, présidente de la FNVF. La réponse du parquet est consternante. Apparemment, le Parquet ne disposait pas de bracelet anti-rapprochement alors que cette mesure était normalement applicable à partir de 2020, y compris sur des peines antérieures. Pourquoi un sursis probatoire? Il aurait dû suivre des soins en milieu fermé. Il faut faire la part des choses entre un primo-délinquant et un multi-récidiviste".
25e féminicide en France en 2022
Le drame de Villejean est le 25e féminicide en France en 2022, laissant 22 enfants orphelins de mère. Le 24e, c'était également en Bretagne, dans le Finistère, le 7 avril.
Pourtant, la questions des violences conjugales a été quasiment absente de la campagne électorale pour les présidentielles.
On veut l’application des lois. On ne peut plus dire que c’est la faute à pas de chance. On demande des comptes.
Sylvaine Grévin, présidente de la FNVF
Sylvaine Grévin va demander à rencontrer Philippe Astruc, procureur de la république. La FNVF va également envoyer un courrier ce jeudi 14 avril au Garde des sceaux.
A Rennes, une marche blanche en hommage à Marie sera organisée le samedi 23 avril à 17 heures.