Ils étaient une grosse poignée de manifestants tôt ce mardi matin à s'être donné rendez-vous à Maure-de-Bretagne, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Rennes, pour cet acte 10 de la mobilisation contre la réforme des retraites. Et certains avec l'intention de venir grossir les rangs de la manifestation rennaise en fin de matinée, pour porter la parole de la ruralité.
C'est à un carrefour, la place du marché à Maure-de-Bretagne, qu'ils se sont retrouvés à une trentaine autour de 8h30 ce mardi 28 mars 2023, pour l'acte 10 de la mobilisation contre la réforme des retraites. Un rassemblement tout à fait exceptionnel dans cette commune rurale, réunie depuis 2017 avec Campel pour former Val d'Anast, et qui compte quelque 4 000 habitants.
"La retraite à 60 ans, on s'est battu pour la gagner, on se battra pour la garder !" Les slogans sont chantés, des tracts distribués, sous les bannières des syndicats. Preuve que le nombre ne fait pas tout, les ingrédients de la manifestation sont réunis pour l'essentiel.
"La retraite à 64 ans, c'est injuste pour les gens qui vivent dans nos campagnes"
"On pense que le report de la retraite à 64 ans, c'est injuste pour les gens qui vivent dans nos campagnes, expose d'emblée Maxime, un jeune manifestant. Quand on est ouvrier de l'agroalimentaire, couvreur, qu'on travaille dans le bâtiment, les agriculteurs, les ouvriers agricoles... ce sont eux qui font les métiers les plus difficiles, et la retraite à 64 ans, c'est vraiment injuste pour eux. Ce n'est pas acceptable !"
Christian Lamy, élu de la commune, qui a prévu de rejoindre le défilé rennais, enchaîne sur le même ton "Je pense que les ruraux sont impactés par la réforme des retraites, ils sont impactés par le pouvoir d'achat. Il y a un raisonnement global autour de tout ça. Il y a les retraites, certes, mais il y a aussi la vie quotidienne. L'essence a augmenté, et ce sont des punitions sans cesse, pour les gens, qui font 30 ou 40 kilomètres pour se rendre à leur travail."
Ce qui manque dans le passage en force du gouvernement, c'est l'humanité !
Christian Lamy, élu de Val d'Anast
"Un bassin de vie où l'État se désengage"
"Le Pays d'Anast, c'est un petit bassin de vie de 6 à 7 000 habitants", poursuit Maxime, "avec de grosses difficultés d'accès aux services publics, avec un État qui se désengage, on le voit, qui n'est pas assez présent".
"Les gens de Maure-de-Bretagne et des alentours souffrent et se sentent abandonnés", ajoute le jeune homme. "On souffre de l'augmentation du prix des carburants, on nous parle de fermeture de classes, et là maintenant on nous parle de la retraite à 64 ans, alors que c'est ici qu'il y a les métiers les plus difficiles. Et vraiment, ça fait trop ! C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase !"
Manifester, c'est montrer aussi que la démocratie, ça n'est pas de voter une fois tous les cinq ans et d'attendre que ça se passe. La démocratie, elle est aussi dans la rue !
une jeune manifestante à Maure-de-Bretagne
Un petit groupe, sous la bannière verte des écologistes, exprime l'importance de manifester dans les campagnes, même si pour la plupart, ils iront rejoindre la manifestation à Rennes. "Ici, les gens du coin sont parfaitement concernés, car les emplois sont plus dévalorisés. Et c'est plus difficile de manifester dans les petites entreprises de l'agroalimentaire et du bâtiment, explique l'un d'eux.
Comment peut-on bien travailler jusqu'à 64 ans ?
"On dit que les gens ne veulent pas travailler, mais ça n'est pas ça, remarque sa voisine, militante écologiste, je crois que les gens veulent juste bien faire leur travail et jusqu'au bout. Et comment peut-on bien travailler jusqu'à 64 ans ? On voit bien que dans les entreprises privées, on ne veut plus des séniors la majorité du temps. C'est fou, on leur demande de travailler plus longtemps et on ne veut plus d'eux quand ils sont vieux !
Lui affiche un large sourire sous une casquette, pour déclarer qu'il va faire trois manifestations aujourd'hui, à Maure, à Rennes puis à Redon. "Ce n'est pas un plaisir de faire grève, jamais ! Je crois que la majorité préfèrerait aller au boulot. Faire autant de manifs et de grèves, il y a un truc qui ne va pas ! Il faut le comprendre ça !"