Les sages-femmes se mobilisent une nouvelle fois pour réclamer une revalorisation des salaires et de meilleures conditions de travail. À Rennes, Lucie Delisle exerce au CHU (hôpital Sud) depuis 10 ans. Elle témoigne.
Sage-femme à l’hôpital Sud à Rennes, une antenne du CHU, Lucie Delisle n’était pas à Paris pour participer à la manifestation prévue ce jeudi. Elle, et une dizaine de ses collègues, ont choisi de se relayer devant l’entrée de leur établissement pour expliquer aux usagers les raisons de leur mouvement.
"Ce qu’on veut leur dire, c’est que c’est aussi pour eux qu’on est là. Parce que cela devient de plus en plus compliqué de bien faire notre travail", explique-t-elle.
Le manque de sages-femmes, va devenir un vrai problème
Depuis plusieurs mois, en effet, les sages-femmes se mobilisent pour dénoncer des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader. De sages-femmes au bout du rouleau, qui quittent l’hôpital pour le libéral, quand ce n’est pas pour changer de métier. Si Lucie Delisle estime ne pas en être encore là, "aimer encore son métier et adorer travailler à l’hôpital", elle n’en comprend pas moins le choix de ses consœurs.
"Pendant une garde en salle d’accouchement, par exemple, on peut avoir en charge trois couples en même temps. Nous, on ne peut pas tenir la main à une dame qui a mal, et en même temps aider pour une péridurale, et en même temps s’occuper d’un accouchement. On est toujours obligé de faire des choix. Les gardes où on n’est pas content de ce qu’on a fait, c’est très difficile à gérer", déplore Lucie Delisle.
Une revalorisation salariale insuffisante
Et l’annonce le 26 septembre dernier du ministère de la Santé d’augmenter les salaires de 100 euros par mois ne suffira pas à susciter de nouvelles vocations. Les hôpitaux ont bien du mal à recruter. "Les étudiantes sages-femmes quand elles nous voient travailler 12 heures sans aller sans manger, pour 1800 euros nets, elles n’ont pas envie", constate la sage-femme qui estime également que malgré cette revalorisation, les rémunérations ne correspondent pas aux responsabilités et aux compétences demandées.
"On a une formation qui est passée de trois, à quatre, puis 5 ans. Au début, c’était un concours externe, maintenant, il faut faire la première année de médecine. On nous rajoute des compétences tous les ans assez techniques. Maintenant, on a le droit de pratiquer des IVG médicamenteuses, de prescrire la contraception, d’assurer un suivi gynécologique sur une patiente en bonne santé."
Ce qui pousse les sages-femmes à réclamer une meilleure reconnaissance. Un statut médical reconnu par le code de la santé publique, mais pas encore dans les établissements hospitaliers.