L’association Bretagne Solidarité Ukraine a fait venir quelques 500 livres en ukrainien pour ouvrir une bibliothèque à Rennes. Tous les dimanche après-midi et un mercredi par mois, les 4 500 réfugiés ukrainiens en Bretagne peuvent trouver des livres dans leur langue maternelle, comme un petit morceau de leur pays imprimé sur le papier.
"C’est l’histoire d’un menteur et de lapins. Un pont se casse sur le monsieur qui ment. C’est un conte de fées," raconte Macha. Les doigts de sa maman glissent sur les lettres en alphabet ukrainien et au fil des pages le conte se déroule. Toutes les deux ont le sourire.
Quand ils ont fui leur pays au début de la guerre, les femmes et les enfants ont emmené l’essentiel, leurs papiers, quelques vêtements, de quoi se nourrir. Dans l’urgence, les livres sont restés sur les étagères en Ukraine et petit à petit, le manque s’est fait sentir.
"On a quelques livres en ukrainien à la maison, mais on les a tous lus", explique la petite fille.
500 livres en ukrainien
L’association Bretagne Solidarité Ukraine a commandé 500 livres, 250 pour les enfants, autant pour les adultes. "Ce sont les mamans et les petits qui ont choisi ceux qu’ils voulaient "précise Yvanna Kushnir-Baron, la présidente de l’association.
"Maintenant, on a de nouvelles histoires", se réjouit Macha. "Moi, j’adore lire".
"C’est important de lire en ukrainien, témoigne Inha. Mon fils a 5 ans, c’est le moment pour lui d’apprendre à lire et à écrire. Il apprend en français, mais je veux qu’il apprenne en ukrainien aussi parce qu’il est ukrainien et j’espère qu’un jour, on rentrera en Ukraine et qu’il pourra communiquer avec tout le monde et avec sa famille."
Plongée dans le récit de son aventure extraordinaire, la petite Macha lève la tête. "Ça fait presque un an que je suis là, j’ai vite appris le français, mais l’ukrainien me manque."
Un petit bout d'Ukraine
Tous les dimanches après-midi et un mercredi par mois, la bibliothèque ouvre ses portes. Les réfugiés viennent y lire et se retrouver, échanger. À 2 700 kilomètres de Kiev, ils récréent le temps d’un instant un petit bout d’Ukraine.
"Je lis beaucoup de livres électroniques, confie Inha, mais quand je prends un vrai livre de papier, c’est quelque chose de très très fort. Il y a le plaisir de l’ouvrir, de tourner les pages, de sentir cette odeur de livre, c’est incroyable et c’est très important pour mon cœur. Ça me rappelle le pays, ça me rappelle quand on parlait de livres avec mes amies, toutes ensemble."
Quand j’écoute ma langue ukrainienne dans ma tête quand je lis, c’est comme si j’étais dans mon pays.
Inha
Elle s’installe à une petite table et commence à lire une histoire aux plus jeunes. Les petits et les mamans écoutent et se laissent bercer par la musique de leur langue. "Quand j’écoute ma langue ukrainienne dans ma tête quand je lis, c’est comme si j’étais dans mon pays."
Un rempart contre la haine
Les livres resserrent le lien avec l’Ukraine et Yvanna en est persuadée, page après page, ils forment un rempart contre la haine et la barbarie. "Si on lit l’actualité, c’est la guerre, c’est des mauvaises nouvelles. On espère qu’un jour, elles seront bonnes mais pour l’instant c’est assez tragique, détaille Yvana. Un livre, ça permet de s’évader, un livre en ukrainien, c’est une fenêtre vers le bien être."
La bibliothèque est hébergée dans les locaux de l'Antre 2 à Rennes, jusqu’à la fin du mois d’aout. Elle cherche un nouveau local plus vaste où les familles pourraient continuer de se retrouver et de se raconter de belles histoires en attendant la fin de la guerre.
(Avec Gilles Le Morvan)