Si les courses de chevaux « appartiennent » à la Normandie et à l’Anjou-Maine, la Bretagne n’est pas en reste. Le tour de France des trotteurs, dit le Grand National du Trot (GNT), est la compétition préférée de Jean-Michel Baudouin, entraîneur à succès basé du côté de Fougères. Son champion Gaspar d'Angis lui offre un quatrième succès dans le tournoi, en finale et au général
Les courses de chevaux sont enracinées dans l’Ouest. C’est même sur une plage de Cherbourg que les courses de trot ont vu le jour en 1836. Le sport s’est professionnalisé et étendu aux régions environnantes, jusqu’à la Bretagne.
Ces dernières semaines, l’élevage breton a brillé dans une des courses qualificatives au Prix d’Amérique, la plus prestigieuse compétition de trotteurs du monde. Hussard du Landret, élevé par Jean Daniel à Plélan-le-Grand (Ille-et-Vilaine), a remporté de toute une classe le Prix de… Bretagne. Ça ne s’invente pas.
Ce dimanche 3 décembre, dans une catégorie légèrement inférieure. Quelques-uns des meilleurs trotteurs français s’affrontent dans la finale du Grand National du Trot (GNT). Cette compétition fait un tour de France des grands hippodromes régionaux en quatorze étapes. Et notre région n’a pas été oubliée. Saint-Malo, en août, est incontournable. Et Saint-Brieuc - Yffiniac, pour être précis -, accueillait même le GNT pour la première fois.
Gaspar d’Angis, l’ogre du tournoi
Dans ce circuit, dont chaque course distribue 90.000 euros aux 7 premiers, un entraîneur se distingue. Jean-Michel Baudouin, installé à Billé, près de Fougères (Ille-et-Vilaine) se plaît à préparer ses meilleurs trotteurs pour cet objectif. La finale offre, elle, 150.000 euros d’allocations (67.500 au vainqueur). Et le classement général des 14 étapes a aussi son lot de récompenses.
Cette saison, Jean-Michel Baudouin ferraille avec Gaspar d’Angis, un trotteur robuste de 7 ans. On ne va pas faire de politique mais le cheval a été élevé à Fercé, en pays de Châteaubriant. Alors si pour vous la Loire-Atlantique est en Bretagne... En tout cas, son fidèle partenaire Eric Raffin, le driver, est Vendéen. Le duo a gagné à six reprises sur le circuit, dont l’étape malouine. C’est peu commun. D’autant qu'il a dû ferrailler avec un normand très performant cette année : Horace du Goutier (5 victoires, dont Saint-Brieuc).
Les deux se retrouvent dans la finale. Leur résultat décidera du vainqueur au classement général. Avant la course, le Breton avait 133 points ; 114 pour le Normand. Sachant que la finale offre 30 points au vainqueur.
Mais les deux métronomes vont affronter des chevaux plus frais. C’est-à-dire qui n’ont participé qu’à une salle étape pour arriver en finale sans se livrer une bataille tout au long de l’année. Et c’est un avantage. Des trotteurs plus jeunes aussi, comme Inexess Bleu, entraîné en Sarthe par la redoutable famille Abrivard, et dont les espoirs dans le meeting d’hiver sur l’hippodrome de Vincennes ne s’arrêtent pas à cette finale.
Je voulais remporter ce tournoi. C'est comme un Prix d'Amérique pour les hongres (seuls les chevaux entiers peuvent courir "l'Amérique"). Nous avions fait une erreur dans l'étape de La Rochelle et Éric (Raffin) m'a dit ce jour-là qu'on allait gagner la finale grâce à cette erreur.
Jean-Michel Baudouin, au micro d'Equidia
Parce qu’ils ont accumulé des gains en course, Gaspar d’Angis et Horace du Goutier rendaient 25 mètres à leur jeune adversaire. Ils s’élancaient à 2875 mètres de l’arrivée et non 2850. Un handicap favorisant les chevaux les moins riches, et potentiellement moins bons. C'est une forme d’équité.
🏆 𝗚𝗥𝗔𝗡𝗗 𝗡𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡𝗔𝗟 𝗗𝗨 𝗧𝗥𝗢𝗧 - 𝗙𝗶𝗻𝗮𝗹𝗲 (𝗚𝗿𝗼𝘂𝗽𝗲 𝗜𝗜)
— Trotteur Français (@LeTrot) December 3, 2023
📍 @Vincennes_Hippo
🥇 𝗚𝗔𝗦𝗣𝗔𝗥 𝗗'𝗔𝗡𝗚𝗜𝗦
⏱️ 1’12’’9 / 2850m
🔗 Plus d'infos : https://t.co/uFaocgnFRA
👀 @VandBOfficiel @PMU @PMU_Hippique @equidia pic.twitter.com/WWyTOwFjzW
Ce système n’a pas empêché Gaspar d’Angis de briller en dépit d'un parcours difficile pour ne pas dire chaotique : il est resté en deuxième position, à l'extérieur du favori Inexess Bleu, tout du long de la course. Il avait pris un excellent départ pour effacer son handicap initial. Même après avoir consommé beacoup d'énergie dans le parcours, le trotteur breton s'est relancé pour finir.
Le rendez-vous de Jean-Michel Baudouin
L’histoire du GNT s’écrit bien souvent avec un « JMB ». Jean-Michel Bazire, le Sarthois, a remporté les 7 dernières finales : du jamais vu. Quand ce n’est pas le « Zidane du trot » qui s’illustre, c’est souvent le JMB breton. Les deux sont amis, au passage. Baudouin s’est révélé dans cette compétition avec une jument extraordinaire : Oasis Gédé.
Ce trotteur attachant était la propriété de Jean-Yves Rozé, fils du fondateur de la SVA du même nom, l’abattoir géant de Vitré (Ille-et-Vilaine). Elle a remporté les finales 2008 et 2009. Un Noël avant l’heure pour le doublé car cette année-là, Punch de Chenu, un autre de ses pensionnaires, lui offrait le classement général. Battant Jean-Michel Bazire sur le fil.
Le Breton a encore gagné en 2015 avec Ulster Perrine. Cette année, grâce à Gaspar d'Angis, le metteur au point signe un quatrième succès de prestige. Aussi bien en finale qu'au classement général. "Le cheval va quitter le centre d'entraînement de Grosbois, près de l'hippodrome de Vincennes, pour retourner à la campagne mercredi", a déclaré l'entraîneur après la course. Un repos bien mérité avant une année 2024 au niveau supérieur.