Hôpital psychiatrique : Raymond Depardon donne la parole aux malades

Raymond Depardon est à Rennes ce lundi 23 octobre pour présenter en avant-première son dernier film "12 Jours". Un film sur la psychiatrie, où il filme une succession de rencontres entre des juges des libertés et de la détention et des patients, lorsque ceux-ci sont hospitalisés d'office.

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"J'ai la folie d'un être humain" c'est un jeune homme d'une vingtaine d'années, le regard totalement absent qui parle. "Ça a été de la souffrance toute ma vie", une jeune femme cette fois, dont on comprend qu'elle a tenté à maintes reprises de se suicider. "Il n'y a pas de trouble dans ma tête, j'ai plein de choses à faire... mon avenir recule" un homme encore. Ce sont ces mots, ces paroles que le photographe réalisateur Raymond Depardon a capté, des paroles rares, fortes, poignantes, drôles aussi parfois. Celles de malades, hospitalisés contre leur gré en psychiatrie, à l'hôpital Vinatier à Lyon.

100 000 mesures d'hospitalisation sous contraintes par an en France


Depuis septembre 2013, la loi oblige les juges des Libertés et de la détention à contrôler, sous douze jours, puis tous les six mois si nécessaire, la régularité de ces procédures d'hospitalisations d'office. Il s'agit d'éviter les abus et de permettre la levée ou non de l'hospitalisation. Mais les juges se conforment, presque dans tous les cas, à l'avis médical du psychiatre, qui n'est pas présent lors de ces audiences dites "foraines", qui ont lieu deux fois par semaine à Lyon. Il faut rappeler qu'en France il y a chaque année près de 100 000 mesures d'hospitalisation sous contraintes.

Un reportage de Krystel Veillard, Patrick Guérault, Philippe Kocheleff et Hélène Notat Interview : Raymond Depardon, réalisateur du film "12 Jours"

Des moments lucides pour certains, surréalistes pour d'autres


Le documentaire de Raymond Depardon, laisse place de façon très sobre et digne, à la parole des patients, au moment de leur rencontre avec le juge. Les dialogues qui s'instaurent abordent leur situation, leur vie, la liberté, la folie. Des moments très lucides pour certains, surréalistes pour d'autres. Ces personnes hospitalisées sont là pour des dépressions, des burn-out, des risques suicidaires, parce qu'il "sont en situation de péril imminent", ou pour des maux plus profonds, schizophrénie, délire paranoïaque... Les audiences sont entrecoupées par des images de l'hôpital, "un temps suspendu" des couloirs, des grillages, des malades qui tournent en rond, qui fument cigarette sur cigarette, portée par la très belle musique originale d'Alexandre Desplat.


Sortie sur les écrans, le 29 novembre prochain


Un film à hauteur d'homme, intense et émouvant. Un film rare sur la psychiatrie, qui donne la parole aux malades eux-même, à leurs mots, à leurs sentiments, à leurs émotions. Un film nécessaire. Ce documentaire "12 Jours" est projeté ce lundi soir à 20h15 à l'Arvor à Rennes, il sortira en salle le 29 novembre. 


Interview recueillie par Krystel Veillard, Patrick Guérault et Philippe Kocheleff


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