C'est la deuxième fois en un mois et demi que la ligne B tombe en panne. À nouveau à l'arrêt depuis le 3 janvier 2024, la seconde ligne du métro rennais est encore remplacée par une ligne de bus relais. Navettes bondées, temps de trajet doublé, retards... Les habitués de la ligne B ne cachent pas leur mécontentement. Témoignages.
Une seule ligne vous manque et tout est bouleversé. Depuis que la ligne B du métro est à nouveau interrompue depuis le 3 janvier 2024 suite à un incident technique, c'est "toute la vie rennaise" qui est perturbée. Yvonig, Dinannais et usager régulier de la ligne B, s'est levé plus tôt que d'habitude ce lundi matin pour se rendre à son travail à Beaulieu. "Je pars de chez moi à 7h, et avec un peu de chance, j'arrive à 9h15 au campus scientifique. Sans la ligne B, je mets bien une demi-heure en plus", souffle-t-il.
Et Yvonig n'est pas le seul à devoir s'adapter. "C'est la galère depuis bientôt deux mois. Avec la ligne B, on s’était habitué à un quotidien plus rapide et plus confortable. Tout le monde se lève plus tôt, se retrouve dans les bouchons, on est tous plus irrités", témoigne une étudiante avant de sauter dans un bus.
Lire aussi : Métro. Pourquoi la panne sur la ligne B pourrait durer à nouveau plusieurs jours à Rennes
Les bus relais : une solution insuffisante
Pour beaucoup d'entre eux, le système des bus relais mis en place par Keolis pour remplacer la ligne de métro n'est pas suffisant. "Les étudiants doivent assurer leurs cours, et certains ont eu leurs examens reportés", affirme Yvonig. Pour Loane, étudiante, "il faut compter minimum une heure pour se rendre à Villejean". Lorsqu'elle empruntait la ligne B, son trajet durait entre 30 et 45 minutes.
"C’est un peu le bazar avec les bus. C'est bondé, on est serré… Les horaires ne sont pas forcément respectés. Donc le soir, on rate les correspondances et on arrive à pas d’heure à la maison", peste Bertrand. Cet habitant de Fougères, utilisateur régulier de la ligne B ne pouvait plus s'en passer. Aujourd'hui, son temps de trajet journalier est doublé. "Je plains les conducteurs de bus. Ce n'est pas vivable pour eux", reconnaît-il avec empathie.
Isabelle Le Roux-Meunier, présidente de l’Association des Usagers des Transports en Ille-et-Vilaine (Autiv), assure que la plupart des usagers des bus relais sont fatigués et énervés de cette situation. "Cela va forcément avoir des retombées sur les chauffeurs de bus qui pâtissent aussi de cette organisation", regrette-t-elle. Pour la présidente de l'Autiv, proposer seulement une ligne de bus pour remplacer la ligne B n'est pas une solution pérenne : "Aux heures de pointe, c’est l’empoignade, il n’y a pas de place, ça rallonge le temps de trajet de façon phénoménale".
Une indemnisation jugée insuffisante
En contrepartie de ces désagréments, La Star a proposé à ses usagers une réduction de 50% du prix de son abonnement mensuel pour le mois de février. Un dédommagement jugé insuffisant pour Isabelle Le Roux-Meunier et les passants interrogés. "C'est léger", commente la présidente de l'association. "Avec le monde dans le bus, on n’arrive même pas à valider nos titres. S'il y a un contrôle, on est susceptible de prendre une amende", signale Yvonig.
"Ça ne peut pas durer comme ça", insiste Isabelle Le Roux-Meunier. Il faut, selon elle, "baisser le prix de l’abonnement et du ticket dans l’immédiat et proposer la gratuité un peu plus souvent, ne serait-ce que les week-ends". Yvonig partage son avis. Il souhaiterait disposer de la gratuité ou avoir "au moins des bons de réduction".
Pour les personnes interrogées, "remettre en place le réseau de bus comme il était avant l'installation de la ligne B" serait une meilleure solution. Isabelle Le Roux-Meunier comprend qu'une telle réorganisation ne se fait pas en un jour : "réinstaurer le réseau des bus comme il était avant demande du temps, des moyens, de la communication. Mais aujourd'hui, il est temps que les usagers aient un réseau fiable", conclut-elle.
Avec Valérie Chopin