IMAGES. "Il faut parfois des bulldozers tellement les souches sont lourdes" : comment reconnaître les plantes invasives sur le littoral ?

La Baccharis Halimifolia, ou séneçon en arbre, est aujourd'hui bien présente sur le littoral breton. Bien qu'esthétique, elle représente une menace pour la biodiversité locale. Illustration à Cancale, en Ille-et-Vilaine.

"Tu as pris ton maillot de bain ?" : la question se veut une boutade mais les membres de l'association Bretagne vivante réunis aujourd'hui sur la plage du Verger de Cancale (Ille-et-Vilaine) ne sont pas là pour se détendre. Au contraire, ils veulent sensibiliser à une menace sérieuse pour la biodiversité : le séneçon en arbre ou Baccharis halimifolia. Elle a été repérée en plusieurs points de la Côte-d'Émeraude, de Saint-lunaire jusqu’à Dol-de-Bretagne.

Jusqu'à un million de graines

Cette plante invasive a fait l'objet d'un arrêté préfectoral en Ille-et-Vilaine le 19 décembre 2023. Le document indique que sont interdits "l’introduction dans le milieu naturel, qu’elle soit volontaire par négligence ou par imprudence, notamment par dispersion des graines, de Baccharis halimifolia", ainsi que la "détention (y compris dans les espaces verts et jardins), le transport, le colportage, l’utilisation, l’échange, la mise en vente, la vente ou l’achat de spécimens vivants."

La plante a été repérée de "la Belgique aux Asturies. Elle aime bien les milieux sableux et humides. Le Baccharis est loin d'être nouveau", signale Anne Dalmais, membre de l’antenne de Bretagne vivante. "Elle a été introduite aux XVIIIe et XIXe siècles comme plante d'ornement." Venue des États-Unis, elle fait aujourd'hui partie de la catégorie des espèces exotiques envahissantes, suite à un règlement européen de 2014 et un arrêté ministériel en 2017. Sont notamment interdits toute culture et toute vente de cette plante.

Un comité technique, piloté par la Direction Départementale des Territoires et de la Mer d’Ille-et-Vilaine (DDTM 35), est chargé de suivre l'avancée de la lutte contre la plante invasive, avec l’appui de l’association Bretagne Vivante (antenne Rance-Émeraude).

On lui a donné des conditions idéales. Puis elle s’est échappée et est partie dans la nature.

Anne Dalnais

membre de l’antenne de Bretagne vivante

La plante peut fournir jusqu'à un million de graines pour les pieds femelles. "Elle fait partie de la famille des astéracées. Comme le pissenlit, il y a une graine avec une partie plumeuse au dessus. Un pied peut produire un million de graines", récapitule Olivier Babut, membre du groupe botanique Antenne Rance Émeraude Bretagne Vivante. 

Un danger pour la biodiversité locale

La Baccharis est donc d'autant plus difficile à éliminer. Dans son arrêté, la préfecture d'Ille-et-Vilaine précise que "tous les modes d'arrachage des plantes, avec leur système racinaire, doivent être privilégiés." Les services de l'État ouvrent aussi la porte à d'autres modes de lutte contre le séneçon de l'arbre, "les modes de lutte active par coupes répétées, broyages ou pâturages ainsi que l’utilisation du sel." Celui-ci peut aussi créer un effet sur la salinisation des terres.

"Le sel a un effet désherbant", confirme Olivier Babut. "Mais je suis sceptique quant à l'intérêt de la méthode. Il faudrait arracher, mais ça dépend de la taille du pied ; le système racinaire est très enchevêtré et c’est très difficile de l’arracher. On a parfois recours à des bulldozers tellement les souches sont lourdes." Les arbres peuvent mesurer jusqu'à cinq mètres de haut. 

En Bretagne, la préfecture du Morbihan a pris un arrêté autorisant la lutte contre la Baccharis le 31 juillet 2020. Les services de l'État précisent que "dans le Morbihan, cette espèce se développe fortement sur le littoral, notamment dans les sites Natura 2000, au détriment d’habitats d’intérêt communautaire (lagune notamment) ou d’habitats d’espèces."

La stratégie nationale de lutte contre les espèces exotiques envahissantes vise par ailleurs à préserver "les fonctions écologiques des écosystèmes" et à créer une prise de conscience, notamment chez les propriétaires privés qui auraient cette plante dans leur jardin. C’est une plante qui a tendance à occuper beaucoup de place et à empêcher les plantes autochtones de se développer. On veut éviter que la biodiversité ne diminue ou disparaisse", conclut Anne Dalmais.

Lauryane Arzel avec Benoît Le Vaillant.

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