Alcoolisée fortement avec un cubi de rosé, une habitante de Fougères (Ille et Vilaine) a défenestré deux fois son chien Bidule en juillet dernier. Elle a été condamnée ce lundi 3 juin 2024 par le tribunal de police de Rennes. Le pauvre animal a du être euthanasié.
Le 28 juillet dernier, la voisine de Christelle X, la prévenue, rentrait des courses lorsqu'elle était tombée sur Bidule, un ratier "assez fragile" alors âgé de 8 ans, au pied de son immeuble rue de Saint-Lô, à Fougères. L'animal - qu'elle connaissait - était "anormalement stressé" et était "venu se réfugier" sur elle.
Elle était donc montée chez la propriétaire du chien, Christelle X, une femme de 49 ans, et l'avait trouvée "en pleurs" : elle avait bu "énormément d'alcool" et avait indiqué à celle qui avait recueilli Bidule qu'il était "tombé du 2e étage" - c'est-à-dire de quatre niveaux au-dessus du sol, puisqu'il y a "des sous-sols".
"Elle m'a dit de dégager"
"J'essayais de comprendre, elle s'est énervée et m'a dit de dégager", avait expliqué la voisine aux gendarmes. Cette dernière avait "composé le 15" car elle avait "peur qu'elle commette une bêtise" et elle avait "pris soin de refermer la fenêtre" pour éviter qu'une nouvelle chute du chien ne survienne.
Mais à son arrivée en bas, "quelques minutes plus tard", la témoin avait constaté que Christelle X "tenait Bidule dans ses bras" au-dessus du vide : elle l'avait ensuite vue le "laisser tomber" et avait "entendu un bruit sourd", tandis que la propriétaire semblait pour sa part "totalement amorphe".
"Trois factures ouvertes et un scalp du menton"
Le chien avait été emmené chez le vétérinaire par Stéphanie Roussel, la présidente de l'association Chats sans toits de Fougères : face à ses "douleurs intenses", l'animal "en état de choc" avait dû être euthanasié une heure après son arrivée, puisqu'il souffrait de "trois fractures ouvertes" et d'un "scalp du menton".
Christelle X - qui possède un autre chien confié au refuge de Romagné pendant l'enquête - avait donc été renvoyée devant le tribunal de police de Rennes pour "atteinte involontaire à la vie ou à l'intégrité d'un animal domestique".
Placée en garde à vue "un mois" après les faits, cette femme au chômage depuis plus d'un an avait expliqué avoir "acheté un cubi de rosé" et avoir "bu en mangeant" avant de sortir ses chiens et de "recommencer à boire du rosé".
Aucun souvenir des faits
Elle avait dû "boire beaucoup", selon ses propres mots, puisqu'elle s'était "réveillée le lendemain" dans son canapé, ne se souvenant même pas "avoir ouvert à la police" et leur avoir "confié Sandy", son autre chien.
Elle n'avait pourtant pas jugé bon de se présenter devant sa juge, lundi 25 mars 2024. En revanche, la juriste de l'association Stéphane Lamart et Stéphanie Roussel avaient toutes deux fait le déplacement pour représenter les intérêts de l'animal décédé et obtenir réparation.
Ce lundi 3 juin 2024, le tribunal de police de Rennes a donc estimé que Christelle X avait bien commis une "imprudence" : celle de "tenir le chien dans le vide" alors qu'elle était ivre. "L'alcool n'est pas une circonstance atténuante", a toutefois rappelé la présidente du tribunal de police à l'énoncé de son délibéré, toujours en l'absence de la principale intéressée.
450 euros d'amende
Le tribunal de police a toutefois retenu que cette femme de 49 ans avait indiqué en audition se trouver dans "une situation précaire" : elle est "sans emploi" et souffre "d'alcoolisme" : finalement, la Fougeraise a donc été reconnue coupable de cette "atteinte involontaire à la vie d'un animal domestique" et a été condamnée à une amende de 450 €.
Elle devra aussi verser 1.000 € de dommages et intérêts à l'association Stéphane Lamart et 500 € pour ses frais de procédure. La juriste de l'association avait également formé des demandes au titre du "préjudice animalier subi par Bidule", mais il n'y a "aucun préjudice" en l'espèce puisque le chien n'est "pas un objet de droit civil", a détaillé la magistrate.
La constitution de partie civile de Stéphanie Roussel a toutefois été écartée : elle n'a pas "justifié" de sa qualité de "représentante de l'association Chats sans toits de Fougères". Les parties disposent de dix jours pour faire appel de cette décision.