Julie, infirmière libérale à Rennes : "sans masque, ma crainte, c'est de transmettre le virus à mes patients !"

Julie* est infirmière libérale à Rennes. Elle dénonce le décalage entre un discours qui flatte les soignants et le manque de moyens flagrants pour remplir leur mission. Ils manquent de masques et de gel hydro-alcoolique pour travailler. TEMOIGNAGE.

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"La règle, c'est 18 masques par semaine et par soignant" explique Julie. "C'est très largement insuffisant ! En temps normal, ces masques chirurgicaux ne peuvent pas être portés plus de 3 à 4h. Là, on nous dit de les garder 6h d'affilée. Mais ces masques, s'insurge l'infirmière, ne doivent pas être touchés du tout pour rester efficaces. Ce qui signifie que pendant 6h, on ne mange pas, on ne se mouche pas, on ne tousse pas..."  

La soignante est très remontée "contre ce double discours" qui d'un côté "nous passe de la pommade et de l'autre ne nous accorde aucun moyen pour travailler correctement !"
 

Le port du masque n'est plus obligatoire pour les soignants


En quelques jours, le message sur le site du gouvernement a été modifié. D'impératif dans un premier temps, le port du masque n'est plus obligatoire désormais, sauf en cas de patients diagnostiqués positifs au Covid-19 ou présentant les symptômes de la maladie. "Si le patient et l'infirmier sont asymptomatiques, il n'y a pas de recommandation de port de masque" précise ainsi l'ordre des infirmiers. Un changement qui énerve Julie. Et pourtant, l'infirmière libérale avait répondu favorablement à l'appel de la caisse d'assurance maladie pour prendre en charge des patients à leur domicile. Sous condition de moyens supplémentaires toutefois : des masques, du gel et des sur-blouses. 
 

"On passe plus de temps avec nos patients"


Julie, infirmière de 38 ans, s'est installée en libéral à Rennes il y a 3 ans, après une carrière à l'hôpital. Elle a commencé sa journée à 7h30, ce matin. Et après une pause entre 13h30 et 16h30, elle sait qu'elle ne sera pas de retour chez elle avant 21h ce jeudi. Quand elle aura fini sa tournée auprès de tous les patients qui ont besoin des soins qu'elle leur apporte au quotidien. "Et puis explique-t-elle encore avec cette épidémie il y a les attestations papier à remplir tous les jours. Au moindre symptôme pour nous-même aussi, on se met à réfléchir : est-ce raisonnable de continuer à travailler ?  On observe aussi davantage nos patients et donc on passe plus de temps avec eux, à répondre à leurs questions également ou à faire de la prévention..." Et les journées peuvent alors s'allonger encore.

 

"Ma crainte surtout, c'est de transmettre le virus !"


"Il y a quelques jours, j'ai eu de la fièvre et je continue de tousser un peu, confie encore Julie. Je fais très attention, mais je ne sais pas vraiment ce que j'ai eu. On m'a refusé le test. En tant que soignante je trouve ça scandaleux ! Je continue de porter un masque et je continuerai. Ma crainte, surtout, c'est de transmettre le virus à mes patients ! D'ailleurs, aujourd'hui, je ne comprends pas qu'il n'y ait pas un confinement beaucoup plus strict", conclut l'infirmière.

(* prénom modifiée)
 
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