Le sexagénaire de Chanteloup, en Ille-et-Vilaine, qui se promène nu autour d'un étang de sa commune, a écopé de trois mois de prison ferme, ce mardi 8 novembre 2022, devant la cour d'appel de Rennes.
Le sexagénaire de Chanteloup, en Ille-et-Vilaine, qui persiste à se promener nu autour d'un étang de sa commune, a écopé de trois mois de prison ferme ce mardi 8 novembre 2022 devant la chambre des appels correctionnels de la cour d'appel de Rennes.
La cour d'appel de Rennes est allée au-delà des réquisitions de l'avocat général qui avait demandé, lors de l'audience du 27 septembre 2022, deux mois de prison ferme et la révocation de ce sursis.
"Le naturisme est autorisé en France, mais dans des lieux prévus à cet effet" a rappelé le représentant du parquet. L’infraction d’exhibition sexuelle - qui consiste à "imposer à autrui la vision de sa nudité" - était bel et bien "caractérisée" , selon le magistrat. "Quand quelqu’un essaie d’engager un bras de fer contre la justice, vous n’avez plus d’autre solution que de gagner ce bras de fer" a-t-il grincé.
Il enfile un short "pour faire plaisir" au gendarme
L'avocat général a en effet présenté ce retraité comme un "naturiste extrémiste", lequel a pris pour habitude de se promener tous les dimanches entièrement nu autour de l'étang de Venon, situé entre sa commune de Chanteloup et celle bien-nommée de Corps-Nuds.
Le jour des faits reprochés, l'homme de 61 ans se promenait ainsi avec ses deux petits-enfants quand il a croisé un gendarme en civil en train de faire son footing. "Je vous choque ?" lui avait-il dit, tout en enfilant son short "pour lui faire plaisir". Cet épisode lui avait valu une quatrième condamnation à des "jours-amende", en décembre 2017, pour "exhibition sexuelle".
En tout, dix plaintes de promeneurs ont été déposées à l'encontre du sexagénaire. Le couple de retraités, qui s'était constitué partie civile dans ce dernier dossier, a ainsi vu ce mardi 8 novembre 2022 sa demande de dédommagements confirmée par la cour d'appel de Rennes.
Adepte du naturisme, tout comme certains membres de sa famille, l'homme a pourtant indiqué à l’audience qu’il "souffre de cette situation depuis vingt-cinq ans" , tout en maintenant que "le lieu s’y prête" et qu’il a "besoin de ça". Il a rappelé avoir d'ailleurs toujours "un linge" en main, qu’il place devant son sexe en cas de rencontre fortuite.
"Une atteinte à sa liberté"
L’expert psychiatre, chargé de se prononcer sur son état, a considéré que le sexagénaire ne souffrait d’aucune pathologie mentale et qu’aucun antécédent ne pouvait "rendre compte d’une perversion sexuelle".
L’avocat du retraité, Me Maxime Tessier, a pour sa part indiqué, lors du procès en appel, qu'une manifestation "cyclo-nudiste" s'était tenue à Rennes, le 9 septembre 2022, notamment pour "présenter ce mode de vie". Et de citer également deux Femen, qui avaient manifesté torse nu devant l’Arc de Triomphe, en novembre 2018 à Paris, et avaient finalement été relaxées par la cour d’appel de Paris de cette même qualification pénale.
Ainsi, l’avocat rennais a considéré que les condamnations à l’encontre de son client "portent une atteinte disproportionnée à sa liberté". Selon lui, il n’y a pas de "volonté consciente d’un comportement sexuel ou obscène" chez ce retraité, et "la procédure pénale ne peut pas avoir pour but de faire arrêter le naturisme".