Justice. Les deux sœurs qui pratiquaient clandestinement la chirurgie esthétique à Rennes condamnées à 12 et 8 mois de prison avec sursis

Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce jeudi 30 mars 2023 pour "exercice illégal de la médecine" deux sœurs jugées le 9 janvier 2023 pour avoir pratiqué des "injections d'acide hyaluronique" entre octobre 2019 et octobre 2020.

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Ce jeudi 30 mars 2023, le tribunal correctionnel de Rennes a condamné deux sœurs pour "exercice illégal de la médecine" pour avoir pratiqué des "injections d'acide hyaluronique" entre octobre 2019 et octobre 2020.

La cadette a écopé de douze mois de prison avec sursis, sa sœur aînée à huit mois de prison avec sursis. Toutes deux ont surtout été interdites d'exercer le métier d'esthéticienne pendant trois ans. Le montant des cotisations qu'elles devront payer à l'Urssaf sera arrêté lors d'une audience ultérieure, prévue le 15 mars 2024. Elles ont dix jours pour faire appel de ce jugement.

Des formations non reconnues en France

C'est un médecin esthétique d'Orléans (Loiret) qui avait alerté les autorités sanitaires en tombant sur la page Instagram professionnelle des deux sœurs Rennaises, âges de 25 et 28 ans. Titulaires d'un baccalauréat professionnel de vente et ancienne étudiante (non diplômée) de l'École de management (EM) Normandie au Havre (Seine-Maritime), pour l'une d'entre elles, elles se présentaient sur internet comme "médecins esthétiques", alors même qu'elles n'ont "pas de diplôme d'esthéticienne".

Les deux sœurs proposaient des "injections d'acide hyaluronique", une "molécule de sucre naturellement présente dans l'organisme qui vise à combler les interstices" de la peau, selon le pharmacien de l'Agence régionale de santé (ARS) entendu durant l'enquête. Les deux prévenues vendaient aussi des "lentilles" et des "baumes à lèvres", avait-il été dit à l'audience.

La sœur cadette, absente lors du procès, aurait ainsi suivi des "formations non reconnues en France" : une a eu lieu auprès d'une habitante de Courbevoie (Hauts-de-Seine) qui "pratique la téléréalité" et une autre auprès d'un "docteur russe".

L'une "piquait", l'autre "expliquait

"L'une des sœurs piquait, l'autre expliquait", avait ainsi résumé l'une de leurs anciennes clientes entendue au cours de la procédure. Certaines femmes avaient relaté avoir subi de vives douleurs, l'une d'elles aurait été "piquée jusqu'à l'os de la mâchoire" pour traiter "un double menton". Elle avait ensuite constaté "un gonflement pendant deux mois" mais "son double menton ne s'est pas du tout arrangé", avait relaté le président du tribunal correctionnel de Rennes. 

À chaque fois, elles réclamaient "un acompte de 70 €" via PayPal, puis "un complément" pour des prestations vendues jusqu'à "400 €". Elles intervenaient en France et en Suisse, pour l'essentiel, voire parfois "à Dubaï" (Émirats arabes unis).

Un chiffre d'affaires non déclaré à plus de 210 000 €

Leur société d'injections, uniquement inscrite au registre du commerce et des sociétés marocains, n'avait par ailleurs jamais déclaré d'activité en France : leur chiffre d'affaires non déclaré a pourtant été estimé à "plus de 210 000 €" par la police judiciaire. Elles comparaissaient donc également pour ces faits de "travail dissimulé"

Les deux Rennaises menaient un grand train de vie : un devis "pour un voyage en jet privé pour 7 500 €" a notamment été retrouvé lors de l'enquête, en plus de nombreux voyages.

"Ce n'est pas le produit qui pose problème, mais les injections"

La condamnation de ces deux jeunes femmes jusqu'alors inconnues de la justice n'a pas été évidente : l'acide hyaluronique n'est pas reconnu comme "un médicament" et est "un dispositif médical en vente libre", avait convenu à l'audience le procureur de la République.

Toutefois, "ce n'est pas tant le produit qui pose problème mais les injections" puisque l'objectif est bien de "diffuser le produit dans les tissus en pénétrant à l'intérieur", avait-il argumenté. Selon lui, on est ici "au-delà du soin esthétique". "Vous ne pouvez pas admettre que de telles pratiques sauvages se développent : il faut que votre tribunal adresse un message clair pour mettre fin à de telles pratiques", avait-il réclamé au tribunal. 

Maître Henry Ermeneux, l'avocat des deux sœurs, avait de son côté précisé que cette nouvelle pratique n'avait, pour l'heure, "pas encore fait l'objet d'une réglementation". "À partir de ce moment-là, on peut trouver la pratique choquante, voire dangereuse, mais on ne peut punir que ce qui est prévu par la loi", avait insisté l'avocat rennais.

Avec Presspepper

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