Un ancien pompier volontaire de Redon (Ille-et-Vilaine) a été condamné par la cour d'assises de Loire-Atlantique à quatorze ans de réclusion criminelle pour avoir violé les deux fillettes d'un couple d'amis à Moisdon-la-Rivière (Loire-Atlantique), près de Châteaubriant. Il avait déjà été condamné il y a vingt ans à Lille pour des faits similaires sur sa propre fille.
L’ancien pompier volontaire de Redon (Ille-et-Vilaine) a été condamné à quatorze ans de réclusion criminelle pour avoir violé les deux fillettes de 6 et 8 ans d'un couple d'amis à Moisdon-la-Rivière (Loire-Atlantique), près de Châteaubriant. La cour d’assises de Loire-Atlantique a rendu son jugement le mardi 27 juin 2023.
Xavier X, 56 ans, encourait théoriquement la perpétuité : cet homme originaire de Croix (Nord) avait déjà été condamné il y a vingt ans par le tribunal correctionnel de Lille pour des agressions sexuelles commises en 1999 et 2000 sur sa propre fille. Il avait alors écopé de deux ans de prison avec sursis et d'une mise à l'épreuve de deux ans.
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"Les doigts dans les fesses de devant",
C'est la mère des fillettes qui était venue porter plainte contre lui le 23 octobre 2020 : les faits s'étaient produits alors que cet "ami de la famille" venait régulièrement dormir à leur domicile. Cet homme "drôle et gentil" avait d'abord proposé "des massages" aux deux sœurs, avant de leur suggérer de "jouer au loup dans le noir" ou de faire "un colin-maillard".
Ces "jeux" avaient "dégénéré", avait-il à un psychiatre qui l'avait entendu dans le cadre de l'enquête : il leur avait mis les doigts dans "les fesses de devant", selon le mot employé par les deux fillettes, et leur avait fait des cunnilingus.
Père de deux enfants
Sur un plan personnel, ce père de deux enfants - âgés aujourd'hui de 30 et 33 ans - a longtemps vécu seul après le divorce qui a suivi sa condamnation pour agression sexuelle sur sa fille. Il avait refait sa vie ensuite avec une autre femme, elle-même mère de quatre enfants nés d'une précédente union, connue "dans un pub à Redon" et qu'il "côtoyait dans les bars".
Sur un plan professionnel, l'accusé a eu une carrière "quelque peu hétérogène", selon la psychiatre qui l'a examiné lors de l'enquête : voulant devenir "militaire de carrière" il avait commencé l'Ecole des Fusiliers marins (ECOFUS) à Lorient mais avait été "déclassé" suite à des "problèmes de genoux" qui le conduiront à devenir "charpentier dans la Marine" pendant dix ans. Il a ensuite enchaîné des emplois très différents.
"On lui donnerait le bon Dieu sans confession"
Cet amateur de tir à l'arc et de chasse se présente par ailleurs comme casanier : il "aime rester seul avec son chat". Décrit comme "avenant et toujours prêt à rendre service", il s'était toutefois investi comme "pompier bénévole" auprès de Scène Ouverte, l'association qui organise le Dig'Fest et la Fête de la musique à Saint-Nicolas-de-Redon (Loire-Atlantique).
Localement, Xavier X avait fait croire qu'il ne voyait plus ses enfants car son ex-femme aurait "monté un truc avec un médecin pour le faire passer pour violent". "On lui donnerait le bon Dieu sans confession", avait témoigné une proche.
"Ce soir-là, le Père Noël n'est pas rentré par la cheminée : vous lui ouvrez la porte, servez du vin, il est à votre table, il vous sourit même... mais pense déjà à cette chambre sombre où il va trouver vos filles", avait résumé Me Matthieu Créach, l'avocat des parents pour témoigner de leur sentiment de "culpabilité" à avoir fait entrer "le loup" dans leur maison.
"Vous ne saurez pas s'il y a eu d'autres victimes"
L'avocat général avait lui requis quinze ans de réclusion criminelle et sept ans de suivi sociojudiciaire à sa sortie de prison pour cet homme décrit comme "un passe muraille" par Me Cécile de Oliveira, l'avocate des filles.
Le magistrat avait regretté au passage les "imperfections" de l'enquête de gendarmerie menée à son encontre : son ex-femme n'a pas été entendue, et le jugement du tribunal correctionnel de Lille rendu en 2000 n'a pu être produit car il a été "détruit"... "Vous ne saurez pas s'il y a eu d'autres victimes pendant ces vingt ans", avait-il regretté.
Me Ramzi Sahli, l'avocat de la défense, avait lui simplement appelé les jurés à privilégier une aggravation du suivi sociojudiciaire : cela pourrait servir de "guide" à l'ancien militaire et pompier volontaire, "un peu comme à l'armée".
"Il s'est écoulé vingt ans pendant lesquels il ne s'est rien passé... J'ai pourtant été en contact avec des couples qui ont des enfants", avait dit son client au cours de la procédure. Il avait aussi dit regretter les faits : son incarcération l'empêchait notamment de pouvoir aider ses parents, retraités à Béganne.
50 000 euros de dommages et intérêts
Le jour où il sortira de prison, cet ancien surveillant à l'ISSAT, le lycée agricole de Redon, sera désormais astreint à un suivi sociojudiciaire de cinq ans. Il lui sera aussi interdit d'exercer toute activité professionnelle ou bénévole en lien avec des mineurs. Son nom sera également inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles (FIJAIS).
Sur le plan civil, cet ancien militaire devra verser 20.000 € de dommages et intérêts à chacune des deux sœurs et 5.000 € à chacun de leurs parents.
Quentin CEZARD avec PressPepper