Dans le cadre de l'opération Ma France 2022, avant l'élection présidentielle, coup de projecteur sur l'apprentissage. Près de 30 000 jeunes sont apprentis en Bretagne cette année, c'était moitié moins il y a dix ans. Ces formations qui permettent, tout en se formant de travailler directement en entreprise ont la cote. Leur image est en train de changer. Rencontre avec des jeunes qui ont choisi cette voie.
Du CAP au master, l'éventail de diplômes délivrés à la Faculté des Métiers de Ker Lann à Bruz, près de Rennes est particulièrement large. Le point commun de toutes les formations qui y sont dispensées, c'est l'alternance. Ces cursus mixent en effet cours théoriques et intégration au sein d'une entreprise.
Des formations commerciales très prisées
Loane, Pauline et Hursula, ont opté toutes les trois pour une formation commerciale, la filière la plus prisée. Loane, 20 ans est d'abord passée par un CAP boulangerie avant de poursuivre par un bac pro puis un "Guc", une formation en gestion des unités commerciales, dispensée en un an et qui équivaut à un bac +2. "C'est l'alternance qui me donne envie et qui me motive, s'enthousiasme la jeune fille, c'est grâce à ça, que j'ai réussi ! D'ailleurs l'an prochain j'ai bien l'intention de poursuivre avec un bachelor, parce qu'ici, nous sommes bien suivis, nous avons un bon soutien et franchement je me plais à la Faculté des Métiers !"
Ce que confirme sa copine Pauline, dans la même formation "L'alternance ça m'a plu tout de suite. C'était une première expérience pour moi et j'aime beaucoup ce fonctionnement !"
L'alternance, ça nous rend beaucoup plus matures, on apprend directement un métier, tout ce qu'il y a à gérer. Nous sommes comme des salariés et nous sommes rémunérés.
Loane, 20 ans, en formation Gestion des Unités commerciales
Hursula, 22 ans suit cette année un bachelor en un an, de responsable de développement commercial. Elle travaille pour la société Additi, la nouvelle régie publicitaire de Ouest-France. Un cursus entre entreprise et cours particulièrement formateur et enrichissant. Elle se remémore qu'avant cela, on l'a toujours orientée vers des formations théoriques. "Je ne connaissais pas l'alternance et je l'ai découverte toute seule et un peu par hasard. J'en suis très heureuse, mais ça n'est pas du tout valorisé." regrette t-elle.
Le fait de plonger directement dans le monde du travail, pour des apprentis souvent très jeunes peut cependant ne pas se révéler très simple. Même si le centre de Ker Lann fait tout pour bien les accompagner en lien avec les entreprises, mais il leur faut trouver leur place au sein d'un collectif de travail. Expérience difficile mais riche.
La vie d'un alternant, comme celle d'un salarié, ça n'est jamais tout rose, mais toute expérience est bonne à prendre !
Hursula, 22 ans, en bachelor responsable de développement commercial
Catherine Guerrier est responsable du pôle des formations commerciales à la faculté des Métiers. Pour elle, l'image de l'alternance est en train d'évoluer, "C'est mieux, mais il faut encore que ça change, note-t-elle. Ceci-dit, l'alternance est rentrée dans les grandes écoles de commerces et d'ingénieurs, c'est tout dire ! Aujourd'hui nous développons les formations post-bac, car les entreprises attendent des jeunes performants et avec une belle maturité !"
Aujourd'hui de plus en plus de jeunes veulent se former par l'alternance et de plus en plus pour des niveaux élevés
Catherine Guerrier, responsable du pôle de formations commerciales
"Notre plus poursuit-elle, c'est notre adaptation permanente au marché du travail et aux besoins des entreprises. A Ker Lann, le lien est permanent entre les formateurs et les entreprises.
Le choix de la cuisine pour Alex et Paul, en CAP
Alex et Paul, respectivement 18 et 16 ans, sont tous les deux en première année de CAP cuisine à Ker Lann. Depuis la rentrée, ils alternent une semaine de cours au CFA avec deux à trois semaines de travail dans un restaurant. Ce choix d'un métier et de ce type de formation n'étaient pas tout tracé pour Alex. "La cuisine n’était pas une évidence au départ, c’était compliqué parce que j’étais en lycée général, confie le jeune homme. Et je me suis remis en question sur mon orientation et sur ce que je voulais faire plus tard. La cuisine, c'est ce qui est revenu, quand j’ai pensé à ce que j’aimais bien faire dans la vie. Mes parents n’étaient pas pour au début quand j’étais mineur, se souvient-il, ils trouvaient que c’était trop tôt pour commencer à travailler.
Paul, de son côté est arrivé en CAP après une 3e Prépa Métiers en mécanique. "J’ai choisi l’apprentissage parce que dans mon parcours scolaire, je n’avais pas trop accroché avec le système de l’Éducation nationale, explique t-il.
Quand on m’a dit que l’apprentissage c’était plus manuel qu’à l’école et qu’on travaillait directement dans une entreprise, j’ai foncé. Pour moi, aller travailler et servir à quelque chose, tout en étant payé, c’était tout bénef’, plus que de rester assis dans une classe.
Paul, 16 ans en CAP cuisine 1ère année
De plain pied dans le monde du travail
Alex, pour faire son choix a commencé par effectuer plusieurs stages, en lycée hôtelier mais aussi en entreprise. "J’ai préféré apprendre directement en entreprise, je trouve qu’on apprend beaucoup plus de choses et c’est plus clair, on apprend à aller vite, plus qu’en lycée hôtelier. On acquiert plus d’expériences directement dans le monde du travail."
Ce sont mes débuts dans le monde du travail, même si j’avais déjà travaillé l’été, mais là c’est un vrai travail et ça m’a fait prendre beaucoup de maturité.
Alex, 18 ans en CAP cuisine 1ère année
Un constat fait aussi par Paul "L’apprentissage, c’est beaucoup plus de responsabilités. Il faut être à l’heure, tu n’as pas trop le droit d’être en retard.
Tu travailles, tu as de vrais clients, qui attendent quelque chose de toi, ce ne sont pas comme des profs qui te demandent de faire des choses, que tu es obligé de faire. Là ce sont des gens qui attendent des choses de toi et si tu les fais mal, il n’y a pas que toi qui est pénalisé, c’est toute l’équipe.
Paul, 16 ans, en CAP cuisine 1ère année
Le jeune apprenti poursuit "Tu rentres dans le monde du travail, ça n’est plus pareil, tu es salarié, tu es dans le réel. Déjà les vacances scolaires n’existent plus. Donc avant de se lancer vers l’alternance, il faut être sûr de tenir le rythme aussi. Même quand tes copains sont en vacances, toi tu ne l’es pas et tu dois aller au travail. Mais la compensation, c’est la rémunération et c’est pas mal."
L'apprentissage en Bretagne
La Facultés des Métiers de Ker Lann à Bruz, a ouvert ses portes en 2000, c'est l'un des principaux CFA (Centre de formation des apprentis) de Bretagne. Il accueille 2 282 jeunes cette année. Des effectifs en constante croissance. La structure propose onze formations différentes et c'est le commerce et l'hôtellerie - restauration qui réunissent le plus d'adeptes, 579 pour la première, 469 pour la deuxième.
En 2021, 31 000 contrats d'apprentissage ont été signés en Bretagne. Un record ! Des effectifs qui entre 2017 et 2022, pour l'ensemble de la France sont passés de 400 000 à 718 000 contrats.