L'Oréal épinglé par la justice. Une petite créatrice rennaise l'emporte contre le géant des cosmétiques

Céleste Magador, une créatrice rennaise, vient de remporter une bataille judiciaire contre le géant L'Oréal. La société Atelier Cologne, propriété du géant français, utilisait les broches de l'artiste pour faire la promotion de parfums. Condamné pour contrefaçon, l'Oréal doit lui verser près de 100.000 euros.

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C'est l'histoire de David contre Goliath à la sauce bretonne. Céleste Magador, une créatrice rennaise connue pour ses broches brodées serties de perles en verre, vient de remporter son procès contre le groupe L'Oréal pour contrefaçon. La société Atelier Cologne, propriété du géant français des cosmétiques depuis 2019, utilisait les broches de l'artiste bretonne pour ses supports publicitaires dans le monde entier... et sans autorisation.

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La créatrice rennaise Céleste Mogador a fait condamner le géant des cosmétiques. Condamné pour contrefaçon, l'Oréal doit verser près de 100.000 euros. ©FTV

Échanges informels

Tout commence en 2017 quand l'énergique Céleste Magador est approchée par la fondatrice d'Atelier Cologne, un parfumeur français. "Elle prend contact avec moi pour me dire qu'elle adore ce que je fais, se remémore Céleste Mogador. Elle souhaite me rencontrer pour une collaboration. On discute comme deux copines par SMS avant de se rencontrer à Paris."

De nombreux échanges informels entre les deux femmes continuent. "J'étais flattée, raconte-t-elle. Être contactée par des grosses boîtes, ça nous rapporte de la visibilité." Persuadée qu'une collaboration allait suivre avec le parfumeur, elle se met au travail dans son atelier rennais pour produire des broches "agrumes".

Un pomelo, cinq tranches de citron, une orange et deux yeux

Aucun contrat n'est signé mais elle accepte par SMS, "avec des réserves", que ses pièces uniques soient intégrées au décor d’un shooting organisé à New-York par Atelier Cologne, pour la promotion d'un nouveau parfum. Les broches pomelos, citron, orange et œil s'envolent pour les USA pour le shooting. "Je n'ai ensuite plus aucune nouvelle."

Quelques mois plus tard, "un ami m'envoie un catalogue de Bergdorf Goodman, le magasin de luxe de New-York. En double page, mes yeux ! Pour promouvoir le parfum Musc Imperial d'Atelier Cologne."

Trois mois plus tard, ses agrumes font leurs apparitions dans d'autres publicités du groupe. Corner d'aéroports, vitrines, réseaux sociaux, les broches "citron" sont affichées dans le monde entier. "Ils n’ont rien demandé. J’ai donc attaqué."

2 procès et 100.000 euros de condamnation

L'Oréal perd son premier procès en 2021. Le jugement reconnaît l’originalité des créations de la Rennaise et leur contrefaçon par Atelier Cologne et L'Oréal. Ils sont condamnés à lui payer, ainsi qu’à sa société, 18.000 euros. Pas de quoi rembourser ni indemniser les frais engagés par l'artiste dans cette aventure judiciaire. Elle interjette appel.

Fin septembre 2023, Celeste Mogador embroche à nouveau le géant des cosmétiques. La justice condamne L'Oréal à verser près de 100.000 euros à la créatrice et à sa société. Atelier Cologne a dépassé largement le périmètre convenu par SMS sur l’utilisation des broches. "Il leur appartenait de fixer par écrit les conditions ainsi négociées". La cour reconnaît aussi que l'absence de citation du nom de l'artiste sur les nombreux visuels "porte ainsi atteinte au droit moral de l’artiste".

"Une goutte d'eau dans leur budget."

4 ans de procédure judiciaire plus tard, Celeste Mogador regrette la tournure des évènements. "Ça partait d'une possible collaboration. Pour L'Oréal, ça ne représente pas grand-chose. Ils auraient dû négocier. Dans le business ça se termine toujours par une négociation. Au final, c’est une goutte d'eau dans leur budget."

Pour elle, L'Oréal aurait dû accepter ses torts. "Cela aurait été gagnant-gagnant au niveau de son image. Ils auraient montré un peu d'humanité." Et s'il fallait une morale à cette histoire ? "Ne jamais se dire vaincu. Il faut se défendre même contre les très gros."

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