A Rennes, depuis plus de 14 ans, Michel Dubois, enseigne la boxe aux jeunes dans les quartiers. Pour cet ancien boxeur professionnel, ce sport est un véritable vecteur d'intégration sociale. Et pour ces graines de champions, souvent issues de l'immigration, l'occasion de fréquenter toutes les nationalités et toutes les religions avec un objectif commun, progresser ensemble.
Nous avons rendez-vous salle Savary dans le quartier du Blosne à Rennes. Un ancien gymnase, transformé en salle de boxe anglaise, nichée non loin de la place d'Italie.
En poussant la porte nous croisons des jeunes de toutes les nationalités et de toutes les religions : des Afghans, d'autres originaires de la République Démocratique du Congo, des gens du voyage... ils sont athées, catholiques ou musulmans.
Consigne importante une fois à l'intérieur, rappelée par l'entraîneur, Michel Dubois "ici on ne parle ni de politique, ni de religion".
L'objectif commun l'art pugilistique
L'objectif commun à tous ces boxeurs amateurs, progresser dans l'art pugilistique, comme le confie Lamp un jeune Sénégalais "Plus on met de l'intensité, plus on veut que l'autre progresse et plus nous même on progresse. Donc peu importe les religions, le sexe, l'orientation sexuelle, l'origine. La boxe, nous permet de nous réunir tous sous un même sport et donc sous une même identité."
Un entraîneur à l'écoute
Michel Dubois est celui qui s’occupe de ces jeunes amateurs. Ancien boxeur professionnel, issu de la communauté des gens du voyage, ce passionné du noble art entraîne les jeunes dans les quartiers rennais depuis plus de 14 ans au sein de l'association du Cercle Paul Bert.
Villejean, Maurepas, le Blosne Michel connait bien ces quartiers où il a entrainé de nombreux boxeurs "Beaucoup d'entre eux sont issus de l'immigration et leur parcours de vie n'est pas toujours facile."
La boxe crée plus de liens que de problèmes ! Les gens ont trouvé ici plus d'amis que d'ennemis.
Michel Dubois, entraîneur
Un melting-pot et des histoires parfois lourdes
Des jeunes avec une histoire souvent difficile. Comme Dade qui entre deux rounds d'entraînement explique qu'il a dû fuir son Congo natal.
La boxe me permet de mieux me maîtriser au niveau professionnel, ça m'apporte de l'assurance et me permet d'évacuer tout le stress et les soucis endurés durant mon long parcours.
Dade jeune boxeur d'origine congolaise
Et dans cette salle, avec ses quelques affiches de combats au mur, le melting-pot est total. Sarah vient de terminer son échauffement sur les sacs. Elle se prépare pour le championnat de France universitaire de boxe anglaise amateur, qui doit avoir lieu à Montluçon. La jeune fille, prépare par ailleurs, un doctorat en biologie à l'université de Rennes.
C'est presque une deuxième famille la boxe
Sarah Ruchdi, boxeuse amateure
"Quand je finis ma journée, j'en commence une deuxième ici, poursuit la jeune boxeuse. Je suis contente de voir tous les gars, on s'entend bien, on se soutient, même si au début il a fallu que je fasse mes preuves avant d'être acceptée" confie t-elle.
Najib et Barialai sont tous les deux Afghans. Barialai est arrivé il y a trois ans, mais sa compréhension du français n'est pas toujours bonne. Alors Najib, son camarade arrivé très jeune à Rennes, traduit pour lui les explications du préparateur physique. Lors de cet exercice de vitesse, il lui demande, de davantage varier ses coups. Une véritable entraide qui leur permet de progresser dans la langue comme dans le sport.
Je veux devenir boxeur professionnel... c'est un sport que je pratique depuis tout petit et c'est ma passion. C'est comme cela que je compte m'en sortir.
Barialai Rhaman, boxeur amateur, d'origine afghane
Entraîneur, aussi hors du ring
Michel Dubois, comme le préparateur physique, Thomas Payen, l'ostéopathe, qui suit les jeunes bénévolement, savent que les débuts sont parfois compliqués pour certains boxeurs amateurs en raison de la barrière de la langue. Tout en soulignant qu'ils arrivent toujours à communiquer car les règles et les codes de la boxe sont internationaux. Et le cadre est le même pour tous.
L'entraîneur arrive même parfois à les aider à trouver du travail, comme il l'a fait pour deux jeunes boxeurs. Michel ne se contente pas de les coacher sur le ring. Pour lui il est aussi important qu'ils évoluent à coté de la boxe, un sport qui reste dangereux et où très peu feront carrière. Dans cette salle, l'une des qualités enseignées, c’est bien l’insertion, par le dépassement soi et le respect des règles.
C'est tout le paradoxe de la boxe. Un sport de combat, où il faut donner des coups, savoir en recevoir, mais où l’atmosphère reste toujours amicale, celle d'une famille presque.