"La collaboration" qui vire au "proxénétisme aggravé".Trois Rennais condamnés pour avoir "fait le taxi" pour une jeune prostituée

Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce jeudi 8 février 2024 trois jeunes Rennais pour "proxénétisme aggravé" après qu'ils aient "fait le taxi" pour une prostituée à Rennes. La jeune femme avait terminé séquestrée pendant 24 heures à Paris et dépouillée de tous ses comptes bancaires.

Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce jeudi 8 février 2024 trois jeunes Rennais  pour "proxénétisme aggravé" après qu'ils aient "fait le taxi" pour une prostituée à Rennes (Ille-et-Vilaine) et au Mans (Sarthe).

L'affaire avait débuté lorsque le père de la jeune femme tout juste majeure avait contacté les gendarmes : sa fille lui avait dit "d'appeler la police" s’il n'avait "plus de nouvelles d'elle". La jeune femme, qui se livrait à la prostitution "depuis quelque temps", venait en effet de recevoir des SMS de Mathéo X où celui-ci la menaçait. Dans son répertoire, l'homme supposé assurer "sa sécurité", selon elle, l'avait d'ailleurs enregistrée au nom de "Sale pute"...

40% des bénéfices pour faire le taxi

Mathéo X venait en fait d'avoir un bébé et souhaitait "gagner un peu de sous". Il lui avait donc proposé de la conduire sur les lieux de passe et se répartir les bénéfices : 60 % pour elle et 40 % pour lui, pour le temps d'attente "dans la voiture" sur le parking des hôtels de l'agglomération de Rennes.

Puis, "d'autres" s'étaient joints au binôme et "tous savaient qu'elle se prostituait" : Julien X - qui connaissait la jeune femme "depuis le collège" - avait même pendant quelques jours pris la suite de Mathéo "quand il n'était pas dispo" pour la véhiculer.

Un troisième comparse était parfois présent dans la voiture, et si Dionis X avait dans un premier temps affirmé n'avoir rien perçu, il a finalement reconnu avoir touché des sommes d'argent à l'audience. "À partir du moment où il y a eu plus de monde, elle touchait de moins en moins d'argent", a rapporté la présidente du tribunal correctionnel de Rennes.

Enlèvement et séquestration

La "collaboration" avait pris fin en septembre 2022 : ce jour-là, la jeune femme s'était rendue au Mans (Sarthe) pour "voir un client" avec Julien et Dionis. Ils l'avaient seulement "déposée" avant de repartir, contrairement à leur habitude. La jeune femme avait ensuite été "emmenée sur Paris", "dépouillée" du contenu de ses comptes bancaires et "séquestrée" plus de vingt-quatre heures.

Les trois Rennais - âgés de 19, 20 et 22 ans et qui travaillent tous dans le bâtiment - ont donc été jugés ce jeudi 8 février 2024 pour "proxénétisme aggravé" : s'ils soutiennent avoir simplement fait "le taxi" car elle n'avait "pas le permis", ils réfutent avoir "organisé" sa prostitution.

Un prévenu long à la détente

Mais "le fait de transporter une jeune fille à des rendez-vous avec des clients (...), ça veut dire lui fournir de quoi pratiquer cette activité dont on va tirer profit", a recadré le procureur de la République. Le magistrat a ainsi jugé "sidérant" que Mathéo X, le "principal prévenu", ait mis "un certain temps" avant que "l'idée qu'il participait à la prostitution" d'une jeune fille "remonte au cerveau".

Ce dernier avait même l'intention de "créer une entreprise" avec la jeune femme, indiquant à l'audience que c'était pour "la sortir de là". En réalité, c'était surtout parce qu'elle était en mesure d'apporter des fonds, selon le représentant du parquet, qui avait requis quatre mois de prison ferme à son encontre, et la même peine mais avec sursis pour les deux autres.

"Tous ces intervenants ont rendu un service, dans leur esprit, mais ils ne mesuraient pas la portée de leur implication", a objecté Me Stéphanie Peltier, l'une des avocates de la défense, qui réclamait que son client n'écope pas d'une peine ferme.

Finalement, aucun d'entre eux n'a été condamné à de l'emprisonnement ferme : Mathéo X a écopé de douze mois avec sursis, et Julien X et Dionis X de quatre. Le second devra aussi payer une amende de 500 € au Trésor public. Les trois ont enfin interdiction de porter une arme pendant cinq ans et d'entrer en contact avec la victime pendant trois ans.

Avec PressPepper.

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