Pour France 3, la Dame aux camélias retrouve la scène du Théâtre National de Bretagne à Rennes (TNB), avec 7 caméras et une équipe de cinéma en guise de spectateurs. Filmée pendant la fermeture des théâtres, la pièce va être présentée à la télévision ce jeudi 12 août à 00h20.
Ils sont heureux de se retrouver et cela va se sentir à l’image. La troupe d’Arthur Nauzyciel reprend place salle Louis Jouvet, la grande scène du TNB, pour la captation de la Dame aux camélias dont la tournée a été stoppée par le confinement.
C’est dans ce décor grandiose, comme une grande boite rouge en velours, que va naitre cette captation théâtrale pensée comme une oeuvre de cinéma. Le metteur en scène est ravi de sa collaboration avec le réalisateur Corentin Leconte.
" Avec Corentin Leconte nous partageons la même vision de la pièce. Avec les outils du cinéma nous allons pouvoir attirer l’attention du spectateur sur le jeu des acteurs : une posture, un regard, la présence des corps qui est très importante dans ce spectacle. C’est également le plaisir d’être très proche des visages, élément que l’on a peu au théâtre. "
Le cinéma permet d’être plus près des acteurs, et d’offrir des points de vue impossible au théâtre. C’est cela que recherche Arthur Nauzyciel pour permettre aux spectateurs de rentrer dans le spectacle.
Une Dame aux camélias qui s’inscrit dans notre actualité
Le spectacle a été pensé en 2017 et construit en 2018. Depuis le phénomène #metoo donne une portée plus forte à cette oeuvre qui aborde la question de la place des femmes dans une société patriarcale, de la prostitution, et des loisirs des corps dans le milieu de la bourgeoise.
Des questions dont l’actualité permet de prendre un recul particulier, tant la problématique est depuis devenue un vrai sujet de société.
De plus, Marguerite Gautier, le personnage principal joué par Marie-Sophie Ferdane, une jeune femme libre qui voit sa vie transformée par une histoire d’amour empêchée par le père de celui qu’elle aime, va mourir d’une maladie pulmonaire et contagieuse. Encore un lien fort avec notre époque.
Pour Arthur Nauzyciel, " cela devient troublant quand Marguerite Gautier parle 'd’il y a un an, et de la vie d’avant', et quand elle parle de sa vie d’avant : qu’il y avait des plaisirs avec des rires, de la vie et que tout cela a été balayé et qu’elle se demande ce que sera sa vie d’après. »
Avec notre actualité, c'est des répliques qui résonnent hyper fort.
Pour le metteur en scène de cette nouvelle Dame aux camélias, " D’un seul coup, c’est des répliques qui résonnent hyper fort. C’est toujours intéressant de voir comment le contexte agit sur la perception que l’on a d’une oeuvre. Entre le moment où l’on a créé la pièce et le moment où l’on fait le film, il y a eu #metoo, il y a eu le confinement, et ce ne sont pas des petites choses. "
Marguerite Gautier, un personnage objet de désir
Pour Marie-Sophie Ferdane, " Marguerite est un beau personnage. C’est une jeune femme qui par amour pour l’homme qu’elle aime va se sacrifier. Un terme beaucoup répété dans la pièce ".
" C’est l’histoire de deux personnes qui s’aiment, qui s’aiment mal, mais qui s’aiment vraiment. Ils se gâchent leurs vies à essayer de sauver la vie de l’autre. C’est une tragédie. "
Le direct ce 12 août 2021 à 00h20 (déconseillé au moins de 10 ans)
Retour sur la création de la Dame aux camélias
Cette oeuvre en partie autobiographique d'Alexandre Dumas fils, écrite d'abord sous forme de roman en 1848, a été adaptée par l'auteur, pour la scène. Une pièce scandaleuse à l’époque, longtemps censurée et qui n’a pu être jouée qu’à partir de 1852.
L'histoire de la Dame aux camélias est celle de Marguerite Gautier. Une courtisane, une demi-mondaine, sujet peu abordé en ce milieu du 19e siècle et très nouveau. C’est pourtant un personnage très caractéristique de cette époque, qui représente une forme de prostitution, particulière, qui n’existe plus aujourd'hui. Cette très jeune femme, vit de ses charmes, entretenue par plusieurs amants, elle évolue dans un luxe extraordinaire, fréquente la bonne société, va au théâtre, au spectacle, invitée partout. Mais lorsqu‘elle tombe amoureuse d’Armand Duval, ce système dans lequel elle vit, va s’effondrer. Elle va se sacrifier pour le jeune homme et mourir très jeune à 23 ans, de la tuberculose, abandonnée et seule.
Marguerite Gautier a véritablement existé sous le Second Empire, elle s'appelait Marie Duplessis (ou Alphonsine Plessis, de son vrai nom, qu’elle avait transformé).
Une très jolie et célèbre courtisane à l'ascension fulgurante. C’était même une véritable star de l'époque, mais une star scandaleuse, qui a défrayé la chronique de cette seconde moitié du 19e siècle. Morte très jeune de la tuberculose à 23 ans, elle a été enterrée au cimetière Montmartre à Paris.
Un personnage devenu mythique et cette nouvelle version de La Dame aux camélias créée par Arthur Nauzyciel, avec tous les artistes, dont il s’est entouré, va vivre sa vie de captation théâtrale désormais.
Pour La Dame aux camélias, Arthur Nauzyciel a retrouvé des acteurs fidèles : Marie-Sophie Ferdane et Mounir Margoum (La Mouette), Pierre Baux (Ordet). Et en invite d’autres qu’il dirige pour la première fois comme Joana Preiss, Hedi Zada, Océane Caïraty, Pascal Cervo et Guillaume Costanza. Il retrouve également des complices artistiques : Valérie Mréjen à l’adaptation, Pierre-Alain Giraud à l’image, Damien Jalet à la chorégraphie, Riccardo Hernandez à la scénographie, Scott Zielinski à la lumière, Xavier Jacquot au son, José Lévy aux costumes.