Les politiques y envoient des signaux au monde agricole, ils sont la vitrine économique de la réussite, mais aussi des crises de l’agriculture. A Rennes, le deuxième salon européen de l’élevage remplit les critères d'un rendez-vous majeur du monde agricole et agro-alimentaire.
En l’absence du salon Allemand qui se tient à Hanovre tous les deux ans, le Space sera cette année LE grand salon de l’élevage et des productions animales au niveau mondial. Fortement lié au syndicalisme agricole par la présence durant 20 ans à sa tête de son créateur, Jean-Michel Lemétayer, il est aussi le rendez-vous de toutes les crises et de tous les mécontentements dans la région. En hommage à l’ancien président de la FNSEA, décédé cette année, la section départementale des Côtes d’Armor ne prévoit pas d’actions violentes mais symboliques : les portiques « écotaxe » seront bâchés. Cette taxe est en ligne de mire des agriculteurs bretons.
Revue de crise
Durant quatre jours, ministres, responsables économiques et syndicaux défileront dans les travées du Space. Le chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault (jeudi), et plusieurs ministres feront le déplacement. Le ministre de l'Agriculture, Stéphane le Foll, devrait y annoncer un plan de relance de l'agroalimentaire breton, laisse-t-on entendre au ministère. Ils devront apporter des réponses aux malaises du monde agricole et de ses filières:
La baisse de la production animale : entre 2000 et 2010, le nombre des exploitations en Bretagne a chuté de 35%
La crise de l’œuf : exaspérés par la faiblesse des cours, des producteurs d'œufs ont braqué les projecteurs sur leur situation en détruisant au début du mois d’août des centaines de milliers d'œufs. Ils ont également du abattre des poules pondeuses pour réduire les volumes de production. Pour mieux réguler la production, les éleveurs entendent créer une AOP (association d'organisations des producteurs) qui leur permettrait notamment d'exporter de manière régulière et non de façon ponctuelle, comme ils l'ont fait ces derniers mois vers les pays hors Union Européenne.
La fin des restitutions : c’est l’une des grandes préoccupations dans la filière volaille. La fin des restitutions (subventions) européennes à l’exportation entraîne des groupes comme Doux et des abattoirs comme GAD SAS ou Tilly-Sabco dans la tourmente. La filière du poulet à l'export représente 60% des volumes d'abattage breton près de 40 000 emplois en dépendent.
La baisse de la production porcine : elle menace également au moins un abattoir, mais aussi en amont la filière de la production animale qui doit faire face à la flambée des prix à l’importation de matière première.
Prix du lait, la vigilance: la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) a demandé au ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll d'organiser une réunion avec les industriels et la grande distribution afin de faire le bilan sur les hausses du prix du lait réclamées au printemps. Elle attend des réponses positives de la part de la grande distribution.
L’écotaxe : un poulet français fait 4 à 5 fois plus de chemin sur une route taxée qu’un poulet importé. La mise en place de l’écotaxe ne passe pas en Bretagne, malgré un allègement de 50%. Début août, des manifestants ont mis à terre un portique dans le Finistère. A cause de toutes ces crises, l’écotaxe est devenue le symbole du malaise dans le monde agricole et agro-alimentaire. Sans nul doute cette taxe pour le transport durable sera au cœur des échanges entre les politiques et les représentants du monde agricole et de ses filières.