En marge de cette 12e journée de mobilisation contre la réforme des retraites et depuis le début du mouvement, certains ont choisi d'exprimer leur opposition en dehors des cortèges et sans violence. Dans les rues de Rennes fleurissent des graffitis avec des slogans qui rappellent ceux des grandes contestations que le pays a connues. Le collectif " les murs râlent" prend la parole.
Après chaque manifestation contre la réforme des retraites, les rassemblements laissent dans leur sillage, les traces de leur passage, dans les rues de la ville. Et pas seulement des poubelles éventrées. Il y a de la libre expression dans l'air : affiches placardées, messages bombés, griffonnés ou collages. Autant de touches de couleur pour dire non à la réforme. Car quand la colère gronde, les murs prennent la parole, sur tous les tons !
De l'appel "au Grand soir" au message philosophique et poétique
Selon l'analyse de Romain Pasquier, directeur de recherches au CNRS - Sciences politiques Rennes : "On repère un discours emprunté à la gauche radicale, à la rhétorique du Grand soir. Il y a aussi des cris de colère, des insultes qui montrent l'indignation immédiate et enfin des messages plus philosophiques et artistiques qui font appel à l'émotion."
Quand la nuit tombe, le collectif les Murs râlent, arpente le chemin des manifs pour semer ses messages. Sur la devanture d'une ancienne boucherie, ils ont collé un Président de la République qui découpe les droits sociaux. Plus loin, un gentleman cambrioleur répète à chaque passant que le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend ! Coller, c’est crier affirme une petite feuille sur un mur… tout est dit !
Le gouvernement est sourd à notre colère, alors on s'exprime sur les murs. Et puis on a envie de toucher les gens par de la poésie et de la beauté.
Bouchon et Michto , Collectif Les Murs râlent
Les panneaux de bois qui recouvrent les vitrines pour les protéger des projectiles sont devenus autant de toiles vierges où les graffeurs s’expriment. Où la colère se transforment parfois en poésie.
Ils utilisent beaucoup de procédés rhétoriques, des stratégies de mise en forme d'un texte pour marquer les esprits. Ces messages, c'est de la vraie littérature.
Edwige Comoy-FusaroProfesseur Littérature italienne Rennes 2
Les graffs agacent certains passants, en font sourire ou réfléchir d’autres… quand les murs prennent la parole, ils ont beaucoup de choses à nous dire.
(Avec Séverine Breton)