Les prostituées "nourries à la cocaïne" tournaient "d'hôtel en hôtel" en Bretagne et en région parisienne

Quatre jeunes majeurs ont été condamnés ce lundi 5 décembre 2023 par le tribunal correctionnel de Rennes pour avoir participé à un réseau de prostitution entre la Bretagne et la région parisienne. Les victimes, privées de papiers, violentées, et "nourries à la cocaïne" selon le réquisitoire, étaient trimballées d'hôtel en hôtel pour être prostituées.

Ce sont les seconds couteaux d'un trafic d'être humains abject et violent - des femmes enrôlées de force dans la prostitution entre la Bretagne et la région parisienne - qui étaient jugés au tribunal correctionnel de Rennes ce lundi 5 décembre.

La tête de réseau, Giresse Mpanzi, a lui été condamné à 15 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine lors d'un procès à huis-clos, où onze prostituées s'étaient constituées parties civiles aux côtés d'associations.

Giresse Mpanzi s'était installé à Rennes il y a 10 ans, en 2013, et y avait mis en place un réseau de proxénétisme impliquant de très jeunes femmes et quelques unes de ses connaissances tout juste majeures. 

"Ces femmes étaient privées de papiers, de téléphone, de famille, de sommeil, de vêtements, d'aliments", a énuméré le procureur de la République ce lundi 5 décembre 2023. "Ce traitement inhumain, pour être toléré, était nourri de cocaïne."

La route des deux dernières victimes avait croisé celle du maquereau lors d'une soirée dans un bar de nuit rennais, où l'une des deux fêtait ses 18 ans : des "somnifères" avaient été mis dans leurs verres et les deux jeunes femmes avaient été "mises dans un coffre" et emmenées à Dreux (Eure-et-Loir), l'un des "fiefs" de Giresse Mpanzi.

Des coups de marteau dans le ventre

Comme neuf autres jeunes femmes, ces deux-là s'étaient ainsi retrouvées enrôlées dans ce réseau. Elles raconteront par la suite aux enquêteurs avoir été emmenées "d'hôtel en hôtel", notamment à Quimper (Finistère), Le Blanc-Mesnil, Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), ou encore Malakoff (Hauts-de-Seine). 

Elles décriront aussi les 2.500 € de salaire par semaine pour douze heures de travail par jour, mais aussi le fonctionnement de ce réseau organisé entre la région parisienne et la Bretagne : une jeune femme, Sarah X., se chargeait notamment de publier les annonces sur des sites internet. 

En juillet 2016, peu avant la fin de leur calvaire, les deux prostituées avaient tenté d'échapper à leur "maquereau", mais lorsqu'il s'en était rendu compte, les deux jeunes femmes avaient été emmenées dans le quartier de Giresse Mpanzi, qui demandait à tout le monde s'ils avaient "une cage" pour les mettre dedans...

Elles avaient ensuite été conduites dans une forêt, à Creil (Oise), pour subir de graves violences à l'aide d'un "marteau". L'une d'elles étant enceinte et ayant reçu "des coups dans le ventre", elle avait fait une fausse couche dans la foulée.

Il lui avait demandé de "se suicider" après avoir récité "des versets du coran"

La jeune femme avait surtout cru que c'était "le dernier jour" de sa vie, au bout de cette forêt, devant une rivière dans laquelle l'homme de 34 ans leur avait demandé de "se suicider" après avoir récité "des versets du Coran"... Les deux femmes avaient fini par être libérées, après avoir fait "le tour de Paris" avec Giresse Mpanzi, aidé par son ami d'enfance Claude X., qui "rigolait", leur faisait "la morale" et n'avait "rien fait" pour arrêter les violences.

Elles s'étaient donc finalement rendues au commissariat d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) où elles avaient raconté la prostitution, les viols et les violences, de la part de ce maquereau qui "dirigeait tout".

Giresse Mpanzi avait donc été condamné à l'été 2020 à quinze ans de réclusion criminelle par la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine lors d'un procès à huis clos, où onze prostituées s'étaient constituées parties civiles aux côtés d'associations.

Mais l'affaire n'avait pas été complètement soldée par la justice : les seconds couteaux de ce réseau avaient eux été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Rennes. Ils étaient à peine majeurs au moment du dépôt de plainte. 

Il les avait pris pour des "filles faciles"

Si Sarah X. - pour sa part représentée par Me Thierry Fillion - et Déborah X. n'ont pas honoré leurs convocations en justice, Windner X. et Claude X., âgés respectivement de 26 et 32 ans, avaient pour leur part fait le déplacement : ils nient toute implication dans le réseau de Giresse Mpanzi.

Présenté comme "le chauffeur" des prostituées, le premier avait bien "fait partie des voyages" mais affirme avoir simplement "accompagné" sans savoir et pour "fumer un peu". Lui pensait que "ces filles-là étaient des filles faciles", au sens où "elles baisaient facilement", mais il n'a "jamais pris la mesure des faits ainsi révélés", a-t-il expliqué lors du procès.

Le second avait lui "surveillé" et "transporté les filles d'hôtel en hôtel" ; la seule victime présente au tribunal correctionnel avait d'ailleurs indiqué être venue précisément "pour lui" qui n'avait "pas dit un mot pour que ça s'arrête". 

Finalement, Claude X. a été condamné à deux ans de prison ferme et un an avec sursis. Cette peine sera aménageable sous une forme alternative à la détention. Windner X. a lui écopé de deux ans avec sursis, Sarah X.d'un an et demi avec sursis et Déborah X.d'un an de prison avec sursis simple. Tous ont interdiction de porter une arme pendant cinq à dix ans.

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