Certaines régions françaises manquent cruellement de spermatozoïdes. Le centre rennais du Cecos qui possède le plus gros stock de paillettes (qui contiennent le sperme de donneurs) organise des transferts vers d'autres villes afin de mieux répartir les spermatozoïdes entre les régions. Un premier envoi a eu lieu entre le CHU de Rennes et celui de Lille. Les Bretons envahissent le Nord !
"Les paillettes sont immergées dans de l'azote, tout simplement" indique Stéphane Dugail, technicien de laboratoire au Cecos, le centre d'étude et de conservation des œufs et du sperme humains — plus communément appelé la Banque du Sperme. Debout, au milieu des cuves contenant les spermatozoïdes des donneurs bretons, il veille à leur conservation. "On fait un contrôle visuel quotidien. Et on a un système électronique pour vérifier le niveau des cuves."
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Les spermatozoïdes sont maintenus dans l'azote à -196 degrés. Ainsi, les gamètes mâles conserveront leur pouvoir fertilisant pendant plus de 30 ans. Avant d’être congelés, Les 16 millions de spermatozoïdes par millilitre que contient l'éjaculat, sont enfermés dans des paillettes.
Le plus gros stock de France
Rennes possède le plus gros stock de paillettes de France du fait de son ancienneté. Le Cecos breton a été créé en 1976. Mais dans quelques années, en raison de la nouvelle loi de bioéthique votée en 2021, tous ces gamètes mâles ne pourront plus être utilisés.
"L'ouverture de l'accès aux origines va être mise en place à partir de mars 2025, précise Mathilde Domin, gynécologue responsable de la médecine de la reproduction au Cecos de Rennes. Après cette date, on ne pourra plus utiliser les dons faits sous le régime de l'anonymat."
À leur majorité, les personnes nées grâce à un don, pourront connaître la taille, la couleur des yeux, le nom et le prénom de leur géniteur.
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Une demande de gamète mâle multipliée par sept
Autre effet de cette loi qui a ouvert la PMA à toutes les femmes, qu’elles soient en couple ou célibataire : la demande en gamète mâle a été multipliée par sept et certaines régions en manquent.
"La demande de dons de sperme a vraiment augmenté, explique le professeur Belaud-Rotureau, chef de service en Biologie de la reproduction au Cecos. On transfère 1100 paillettes. Cela correspond à une dizaine de donneurs et cela permet un fonctionnement pendant plusieurs mois au CHU de Lille. Et puis six autres établissements suivront." Les spermatozoïdes habituellement conservés dans leur région d'origine seront mieux répartis sur le territoire.
Face à cette demande croissante, un appel au don est lancé pour les ovocytes comme pour les spermatozoïdes, avec un manque certain de donneurs issus de la diversité, précise le Cecos de Rennes.
(Avec Gilles Raoult)