La marque de lingerie Huit, basée à Rennes, a été placée en redressement judiciaire. Six ans après son rachat par le groupe japonais Wacoal, la marque et la société bretonne cherchent désormais un repreneur. Les 83 salariés devraient être fixés sur leur sort le 17 mai.
Le 6 avril dernier, le tribunal de commerce de Rennes a mis en redressement judiciaire la société Eveden Huit pour une durée de six mois. Depuis 1968, l'entreprise, basée à Rennes, élabore des maillots de bain et de la lingerie féminine moyenne à haut de gamme, vendus sous la marque Huit. Elle emploie actuellement 83 personnes dont 65 sur le site rennais. La partie fabrication est, depuis dix ans, délocalisée en Tunisie.
Plusieurs candidats sur les rangs
Cette décision doit accompagner la mise en vente de la marque et de la société Huit. Les candidats ont jusqu'au 17 mai pour se faire connaitre. Plusieurs se sont déjà manifestés."Alors que la marque bénéficie d'une bonne notoriété, la société, elle, n'a jamais réussi à récupérer les lourdes pertes accumulées depuis 2010", explique Patrick Bordessoule, qui dirige Eveden Huit depuis février 2016.
En janvier 2010, Huit dépose le bilan avant d'être racheté, en avril de la même année, par la société anglaise Eveden, elle-même spécialisée dans la lingerie féminine de grande taille. L'entreprise, qui ne tournait plus, repart alors quasiment de zéro. 39 salariés du site rennais sont licenciés. "Malgré cela, les parts de marché perdues ne sont jamais récupérées", souligne Patrick Bordessoule.
Mi-2012, le groupe Eveden est racheté par le japonais Wacoal, l'un des leaders mondiaux de la lingerie. Huit fait partie du lot. "Là encore, les tentatives de repositionnement sur le marché, notamment en développant l'exportation, ainsi que le renforcement des collections [NDLR: jusqu'à quatre collections par an] n'aboutissent pas au succès escompté".
Pas de site internet "Huit"
En cause, un marché de la lingerie en fort recul depuis 2010 (- 2 à 3% par an à l'échelle française), un secteur très concurrentiel puisque Huit se dispute le gâteau avec les marques Princesse Tam Tam, Lejaby, Barbara. "Alors que les modèles Huit sont vendus auprès de 3.000 détaillants ainsi que dans les grands magasins que sont le Printemps et les Galeries Lafayette, les marques concurrentes disposent de leurs propres diffuseurs et surtout de leurs propres sites de vente en ligne. Or internet représente une part de plus en plus importante des ventes de lingerie", analyse encore Patrick Bordessoule.En juillet 2015, France 3 Bretagne s'était rendu chez Huit à Rennes voir comment une collection de maillots de bain se crée.
Collection été 2017; en préparation
"Aujourd'hui, l'actionnaire Wacoal souhaite donner au repreneur les meilleures chances de succès", assure le dirigeant rennais. Pour l'heure, l'usine rennaise (bureau d'étude et mise au point des produits) tourne donc tout à fait normalement. "La collection hiver 2016 est en cours, la matière première a été achetée, la collection été 2017 est même en cours d'élaboration", poursuit Patrick Bordessoule qui se dit "optimiste quant à la reprise de l'entreprise rennaise". Reste à savoir dans quelles conditions et avec quel effectif. Réponse: dans un mois.