Ce dimanche 14 janvier 2024, entre 1 600 et 3 000 personnes ont manifesté à Rennes contre la loi Immigration (Ille-et-Vilaine). Un nouveau rassemblement devrait voir lieu le dimanche 21 janvier, quelques jours avant la décision du Conseil constitutionnel.
Ils étaient plusieurs milliers à se donner rendez-vous à l'Esplanade Charles-de-Gaulle. S'il a mis du temps à prendre forme, c'est un peloton sûr de ses convictions qui a déambulé dans les rues de Rennes (Ille-et-Vilaine). En ligne de mire, la loi immigration, promulguée par le gouvernement il y a quelques semaines.
Parmi les manifestants, on retrouve Maryline, du collectif "soutien sans papiers." "Je suis là parce que je ne suis pas d'accord avec cette loi. Cela augmente la notion de préférence nationale. Elle restreint l'accès aux allocations et aux aides sociales, y compris aux étrangers “légaux”, c’est-à-dire ceux qui travaillent. Payer des cotisations sans avoir le droit de toucher aux aides avant plusieurs mois, alors que les Français y ont droit... On ne comprend pas pourquoi on fait des différences comme ça", explique-t-elle.
On ne fait pas de différence entre les gens sous prétexte qu’ils sont nés à un endroit ou un autre.
MarylineMembre du collectif du collectif "Soutien sans papiers Rennes"
Caroline est enseignante. Avec sa fille, elle a manifesté son mécontentement pendant plusieurs heures cette après-midi. Pour elle, cette loi agit contre ses valeurs. "Je pense que ça va entraîner encore plus de pauvreté et des conditions difficiles pour les gens qui vont venir dans notre pays. On est de plus en plus dans une société qui se referme, alors qu'on doit être un pays d’ouverture et d’entraide. On aurait plus d’intérêt à les aider, pour qu’ils puissent s’intégrer."
Le Conseil constitutionnel, dernier espoir ?
Le 25 janvier, le Conseil constitutionnel se prononcera sur la régularité du texte. Pourtant, Maud a déjà perdu tout espoir. "J'ai quand même envie de montrer que je suis là. Je veux montrer mes valeurs, qui sont des valeurs d’ouverture. Mais jusqu’à présent, quand on est allé dans la rue, ça n’a pas beaucoup fonctionné."
Même son de cloche pour Alex, militant à la France insoumise. "Le Conseil constitutionnel peut défendre les droits humains, mais n’a rien fait pour s’opposer à la réforme des retraites. Pour l’instant, je n'y crois pas, mais on ne sait jamais. Cette loi s’inscrit dans un contexte terrible pour des millions de personnes, non seulement parce que ça s’attaque aux arrivants, mais aussi aux personnes là depuis des générations, qui sont des citoyens français et travaillent en France. On est là pour montrer qu’on est en profonde fraternité avec une partie de la population stigmatisée."
On refuse des personnes qui fuient leur pays où il y a des guerres. Cela ne correspond pas à la devise “liberté, égalité, fraternité” de notre pays.
Julie*14 ans
Samy Hamrouni, professeur et syndiqué FSU, assure que cette loi lui rappelle "une partie sombre de l'histoire. On est sur un glissement qui fait très peur. Je suis là pour dire non à cette loi raciste. Je constate qu’il y a de plus en plus de personnes de tous les milieux qui sont présentes aujourd'hui parce qu’on prend conscience de ce qui est en train de se jouer. Il y a des gens, sous prétexte de leur nationalité, on va leur interdire des droits alors qu'au moment où ils mettent le pied sur le sol, ils participent à la société."
Selon les rapports de police, 1 600 personnes ont manifesté dans les rues de Rennes ce dimanche 14 janvier. L'intersyndicale annonce près de 3 000 manifestants. Un nombre qui devrait certainement augmenter dimanche 21 janvier, à quelques jours du passage de la loi immigration au conseil constitutionnel.