En périphérie de la manifestation contre la Loi Travail, ils avaient été interpellés en flagrant délit de dégradation volontaire de bornes du métro de Rennes. Au Tribunal Correctionnel de Rennes, ils encourent 5 ans de prison et 75000€ d'amende.
Ce sont 20 jeunes prévenus qui comparaissent ce mardi matin. Ils ont de 22 à 34 ans, 8 femmes et 12 hommes qui avaient été interpellés le 19 mai 2016 vers 6 heures du matin "en flagrant délit de vandalisme" selon un communiqué du parquet de Rennes. Certains avaient utilisé de la mousse expansive pour rendre inopérantes les bornes de validation des tickets du métro, d'autres avaient ouvert des bornes pour en débrancher des fils.
Étudiants et militants contre la Loi Travail
Pour eux il s'agissait d'un "acte militant, d'un blocage économique". Mais depuis une semaine ils étaient sous surveillance de la police et considérés comme "groupe de la mouvance ultra-gauche ". D'abord repérés par la direction de la sécurité publique de Rennes, ils avaient été surveillés par la police judiciaire sur ordre du Parquet.Pour rappel les manifestations contre la Loi Travail avaient duré tout le printemps 2016 et mobilisé jusqu'à 5 000 personnes à Rennes. Les étudiants étaient souvent très mobilisés contre cette loi qui impacte leur avenir.
Placés en garde à vue 48 heures pour un délit en association de malfaiteurs
Le matin de la manifestation contre la Loi El Khomri, ils avaient entamé leurs actions simultanément, à 6 heures du matin, dans six stations de métro de Rennes. Une heure plus tard ils étaient interpelés et placés en garde à vue pour 48 heures. "Il s'agit de faits graves, avec association de malfaiteurs" avait communiqué le procureur de la république.
Un procès très suivi par les militants contre la Loi Travail
Les peines encourues sont très lourdes. Selon les cas individuels, les chefs d'inculpations sont :- Tentative de dégradation ou dégradation ou détérioration du bien d'autrui, aggravé par deux circonstances
- Participation à association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un délit puni d'au moins 5 ans d'emprisonnement pour des faits commis du 1er mai 2016 au 19 mai 2016 à Rennes
- Refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques intégrés dans un fichier de police par personne soupçonnée de crime ou délit. Refus de se soumettre au prélèvement biologique destiné à l'identification de son empreinte génétique.
Les premières questions posées aux prévenus à l'audience de ce mardi matin ont laissé le président sans réponse sur certains points.
Concernant leur identité et leur activité individuelle tous et toutes ont eu la même réponse :
"Je suis membre d'un collectif de mouvement social. J'agis pour ce mouvement et je ne parle pas à titre personnel."
Pour leurs avocats il n'est pas pensable de maintenir la circonstance aggravante d'association de malfaiteur pour des membres d'un mouvement social. Avec une telle inculpation certains risqueraient 5 ans de prison et 75000€ d'amendeSur la pause déjeuner, des banderoles ont été installées sur le parvis de la cité judiciaire. La circonstance aggravante « association de malfaiteurs » est pointée du doigt pour les sympathisants des 20 prévenus poursuivis pour tentative de dégradation de bornes de métro en 2016 pic.twitter.com/qZL3XIZ14Z
— Valérie Chopin (@ValerieChopin) June 4, 2019
Opération gratuité des moyens de transport
Les 20 prévenus sont défendus par 5 avocats sur la même ligne de défense : il ne s'agissait en rien d'un sabotage gratuit mais au contraire d'une action pour un mouvement social. Objectif : rendre les transports gratuits pour ceux qui se rendaient à la manifestation.L'audience a repris à 14 heures.