Magasin Alinea de la Mézière : "On est condamnés à disparaître"

Le tribunal de commerce de Marseille doit valider une offre de reprise pour l'enseigne d'ameublement Alinea. Cette dernière prévoit de conserver neuf sites sur les 26 existants. Le magasin de la Mézière ne figure pas dans la liste et s'apprête à fermer mi-septembre. 52 postes sont en jeu.

Les actionnaires de l'enseigne d'ameublement Alinea, seuls candidats à la reprise partielle de leur chaîne de magasins, sauront le 14 septembre si leur offre prévoyant la suppression d'un millier d'emplois est validée par le tribunal de commerce de Marseille.

Alinea regroupe près de 1800 salariés, sur 26 magasins. L'offre pourrait permettre d'en sauver neuf. Celui de la Mezière, près de Rennes n'est pas concerné. Ici, le fatalisme règne. Douze ans après son ouverture, c'est la fin pour les 52 salariés du site d'Ille-et-Vilaine. 


"On est condamnés à disparaître"


"Sur la première offre de Monsieur Mulliez, sept magasins étaient repris, via son offre Neomarché. Tout le restant du parc était condamné soit à disparaître, soit à être repris par d’autres enseignes. Dans sa deuxième offre, il a rajouté deux magasins, ceux de Limoges et de Nancy ce qui nous a plongé dans une certaine incompréhension car nos résultats étaient supérieurs à ces deux magasins. On pensait être dans cette deuxième offre. Les dates sont tombées hier. On est condamnés à disparaître. Nous fermerons le 15 ou 16 septembre" explique Stephan Bastonero, chef de secteur de l’enseigne Alinea à La Mézière
 

Il y a de la déception, de l’incompréhension surtout. De la rancœur obligatoirement. Cela a été difficile à accepter au départ, sachant que nos résultats économiques étaient viables. On aurait pu prétendre à faire partie de cette offre. C’est vraiment une incompréhension totale.

Stephan Bastonero


Alors que la date de fermeture est concrète, les salariés attendent. "On essaie de passer du temps entre nous. C’est difficile de ne plus recevoir de produits, de dire aux clients ‘je n’ai plus’. C’est dur pour notre magasin et l’ensemble des magasins, comme ceux d’Angers, du Mans, de Rouen."


Des perspectives floues


Un PSE (plan de sauvegarde de l'emploi) va se mettre en place, avec une prise en charge par Pôle Emploi. Les salariés de la Mézière peinent à entrevoir des perspectives. "Pour l’instant les seules offres, c’est sur une plateforme mise en place par Alinea, via le groupe Auchan. La plateforme est tombée il y a dix jours, il n’y avait que des offres Auchan. Vous vous doutez bien que dans l’ouest Auchan n’est pas implanté. Difficile pour nous de nous projeter sur un magasin de Strasbourg, de Perpignan ou d’Aubagne. La plateforme doit être alimentée avec des annonces du reste du groupe mais pour l’instant on n’a rien vu", souligne Stephan 

Plus de 1000 emplois seront détruits mais 1000 autres seront sauvés, il faut peut-être voir ce côté-là… lâche-t-il. Avec ses collègues, il regrette le manque de soutiens politiques locaux. "On n’a eu personne, on n’a vu aucun maire, aucun député."

Une grève a eu lieu il y a un mois. Le personnel d’Alinea ici n’envisage pas d’autres actions. "Est-ce que ça sert à quelque chose aujourd’hui ?"


Une seule offre de reprise pour une enseigne dans la tourmente


Lundi 31 septembre, à huis clos, le tribunal a donc examiné la seule offre en lice, déposée par les actuels actionnaires : Alexis Mulliez (15%) et l'Association Familiale Mulliez
(AFM, 85%) à la tête de multiples chaînes (hypermarchés Auchan, articles de sport Decathlon, magasins de bricolage Leroy Merlin...) Si la validation de l'offre déposée via la filiale Néomarché, ne fait guère de doute, le juge commissaire, "soucieux de savoir si, ce qui n'a pas marché jusque-là a des chances de fonctionner dans l'avenir, a suggéré de fixer un rendez-vous dans un an pour voir comment se passe cette reprise", a rapporté à l'issue de l'audience, Me Nathalie Campagnolo, avocate des salariés.

Alexis Mulliez, le PDG d'Alinea n'a pas souhaité s'exprimer avant la décision du tribunal. En redressement judiciaire depuis le 18 mai, l'enseigne dont le siège est à Aubagne, dans la banlieue de Marseille, fait valoir des difficultés liées au mouvement des "gilets jaunes", aux grèves contre la réforme des retraites puis à la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus. 

À l'ouverture de la procédure de redressement, Alinea affichait un passif exigible de 12 millions d'euros pour un chiffre d'affaires annuel de 257 millions d'euros et 62 millions d'euros de résultat net négatif. "Cela fait plusieurs années que l'on sentait qu'on était sur la pente descendante", a témoigné auprès de l'AFP Laurence, déléguée du personnel qui ne croit "pas trop à l'effet gilets jaunes et Covid" pour expliquer les problèmes de l'entreprise. Il est reproché aux actionnaires de chercher à profiter d'une ordonnance post-Covid, déjà appliquée par la marque Orchestra-Prémaman, mais à l'inverse rejetée par le tribunal de commerce de Lille concernant Camaïeu. Ce texte permet aux dirigeants d'une entreprise qui dépose le bilan de se présenter comme acquéreurs si leur offre maintient l'emploi en effaçant leurs dettes.

Propriétaires d'Alinea depuis 2017, la famille Mulliez réfute vouloir échapper à ses créanciers, nombreux à faire la queue lundi pour entrer dans la salle, et relève que sans son offre, la marque disparaîtrait.

 
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