Meurtre de Wilhem Houssin, "dans ma tête, j’arrive pas à réaliser que le monsieur il est mort"

Le procès des agresseurs de Wilhem Houssin s’est ouvert devant la cour d’assises des mineurs de Rennes. Le 21 juillet 2021, cinq jeunes avaient frappé à mort ce musicien de 49 ans qu’ils n’avaient jamais vu. Les accusés affirment tous qu’ils n’avaient pas l’intention de tuer, qu'il s'agit de violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner. Mais tous comparaissent pour meurtre.

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Comment une banale rencontre dans une rue de Saint-Jacques-de-la-Lande a-t-elle pu ainsi tourner au drame ? Trois ans après les faits, la cour d’assises des mineurs va tenter de comprendre ce qui a pu se passer ce 21 juillet 2021.

Ce jour-là, Wilhem Houssin accompagne une amie qui va visiter un appartement. Ils peinent à trouver l’adresse indiquée. Le quadragénaire questionne des passants. Peu après 15h, il se dirige vers un groupe de jeunes gens. Le ton monte. Moins d’une minute plus tard, le musicien est à terre. Il décède trois jours plus tard à l’hôpital des suites de ses blessures. Il était père de deux enfants.

Lire : Meurtre de Wilhem Houssin. "On atteint des degrés de violence qu’on a peine à imaginer"

Cinq jeunes dans le box des accusés

Les faits s’étaient déroulés devant la médiathèque, à proximité d’une caméra de surveillance qui a filmé le début de la scène. Cinq jeunes ont été rapidement interpellés.

"Il a essayé de me prendre mon joint, explique un des cinq accusés. Je regrette de l’avoir frappé." Le lieu était alors connu pour être un point de deal. Wilhem Houssin lui, avait bu ce midi-là, il avait 3,5 grammes d'alcool dans le sang. 

À l’audience, le médecin légiste évoque les multiples hématomes qu'il a découverts sur sa tête. Des lésions qui résultent de traumatismes violents et le praticien explique que pour percer une boîte crânienne, "il faut un impact hyperviolent."

Les dix dernières secondes de sa vie ont été un enfer.

Jade Dousselin, avocate de la famille de Wilhem Houssin

"Un enquêteur a indiqué que les habitants ont cru qu’on jouait au foot avec un ballon. En réalité, ils frappaient dans la tête de Wilhem Houssin, rappelle Jade Dousselin, avocate de la famille du musicien. Les dix dernières secondes de sa vie ont été un enfer. Il y a eu énormément de coups portés dans ce court laps de temps et des coups d’une rare violence."

Lire : 500 personnes marchent en hommage à Wilhem Houssin. "C'est un message contre les violences gratuites", déclare son frère 

Une avalanche de coups

Certains accusés reconnaissent les coups à la tête, "j’étais dans une bulle, je sais plus qui a fait quoi… C’était juste une bagarre, moi, je voulais juste donner deux ou trois coups," précise l’un d’eux, "mais j’assume, j’ai tapé deux ou trois coups à la tête."

"Moi, le coup le plus violent que j'ai donné, c’est quand il est debout parce que je porte une chevalière, affirme un autre. Après, (une fois Wilhem au sol) je tape moins parce qu’il y a ma copine pas loin ? Je suis choqué, je ne sais pas quoi dire. Je suis là pour meurtre."

Quand on le questionne, sur les raisons qui l’ont poussé à frapper, il tâtonne : "J’ai essayé de lui parler, mais lui, il m’a provoqué, je lui ai dit, "casse-toi, va voir là-bas". J’ai même pas voulu le frapper, mais j’étais pas normal, j’avais fumé, il faisait chaud." Ce jour-là, en plus de ses dix joints quotidiens, le jeune homme avait bu de la vodka. "J’arrive pas à réaliser dans ma tête que le monsieur, il est mort."

Certains des jeunes étaient déjà connus de la justice. Tous baignaient dans l’univers de la drogue. "Quelle est votre profession ? "interroge chaque fois le président. "Moi ? Mais, j’ai pas de travail moi M’sieur !" lâchent-ils, résignés et comme étonnés qu'on ait pu croire qu'ils travaillaient.

Meurtre ou violences ayant entraîné la mort ?  

Combien de coups ont été portés ? Qui a fait quoi ? La cour d’assises va essayer de recomposer ces quelques secondes où tout a basculé et de comprendre.

Les accusés sont soupçonnés de meurtre, mais nient fermement avoir voulu donner la mort.  

"L’enquêtrice elle-même parle de coups mortels. Des coups mortels, c’est la définition de violences ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner, affirme Maxime Tessier, avocat de l’un des accusés. Des violences et un meurtre, ce n’est pas du tout la même chose."

 "La qualification n’est pas la bonne, ajoute Gwendoline Tenier, qui défend un autre jeune. Leurs coups ne voulaient pas tuer."

 La différence est importante, si la cour retient le meurtre, les accusés encourent jusqu’à trente ans de réclusion. Vingt ans, si les jurés considèrent qu’ils n’avaient effectivement pas l’intention d’ôter la vie de Wilhem Houssin.

"Il y a des personnes dont on comprend qu’elles ont eu un rôle majeur, détaille Mathieu Davy, l’avocat de la famille Houssin, et puis il y a des personnages qu’on pourrait considérer comme un peu plus secondaires, mais qui ont participé à ce lynchage. Ils ont tendance à beaucoup minimiser les faits, à beaucoup mentir, à beaucoup se charger les uns les autres, mais in fine, cela signifie que tous ont participé."

"Ils auront beau dire ce qu’ils veulent, assène Jade Dousselin, ces cinq personnes ont participé au meurtre de Wilhem Houssin."

Les jurés disposent de cinq jours pour mesurer les responsabilités de chacun. Le procès doit se dérouler jusqu’au 25 octobre 2024.

 

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