L'écrivain franco-tchèque Milan Kundera est décédé à l'âge de 94 ans ce mardi 11 juillet 2023. Mis à l'index par son pays après le Printemps de Prague en 1968, le romancier s'exile en France et s'installe à Rennes, en 1975, avec son épouse Véra.
Il fut l'une des figures intellectuelles de la dissidence dans la Tchécoslovaquie envahie, en 1968, par les chars soviétiques venus mater le Printemps de Prague et l'envie de liberté de tout un pays. L'écrivain Milan Kundera est mort à l'âge de 94 ans, à Paris, ce mardi 11 juillet 2023.
"Une ville moche"
L'auteur de La Plaisanterie, de L'Immortalité, de L'Insoutenable légèreté de l'être, ou encore de La Valse aux adieux, s'est exilé, durant quatre années, à Rennes où il débarque, en 1975, avec son épouse Véra. C'est à la faveur d'une invitation de l'Université de Rennes 2, qui lui propose un poste de professeur en littérature comparée, que l'écrivain quitte définitvement Prague.
A Rennes, le couple s'installe au dernier étage de l'emblématique tour des Horizons, dans le quartier de Bourg-L'Evêque. De cette arrivée en Bretagne, peu de traces si ce n'est dans cet entretien acccordé à Libération dans lequel Milan Kundera relate son départ de Tchécoslovaquie. "Nous avons traversé des villes françaises toutes très belles et puis nous sommes entrés dans la première ville moche, mais vraiment moche, du voyage. C'était Rennes". Une confidence qu'il ponctue d'un rire, selon le quotidien national. Etait-ce pure facétie de sa part ? Car, bien plus tard, il déclarera que "Rennes fut son meilleur temps en France".
"J'ai laissé beaucoup de choses"
Milan Kundera obtient la nationalité française en 1981. C'est d'ailleurs en français qu'il choisira d'écrire une oeuvre pleine de fantaisie, désenchantée et drôle, traduite dans une quarantaine de langues et couronnée de nombreux prix littéraires. Des livres qui scrutent la condition humaine, marqués par les propres désillusions de l'écrivain. "En quittant mon pays, j'ai laissé beaucoup de choses, disait-il. J'y ai laissé mes amis, le paysage auquel je suis très attaché, dans lequel je suis enraciné, je rêve presque chaque nuit le paysage de ma patrie. Mais je crois que cette émigration ne signifie pas l'oubli, au contraire".
Déchu de sa nationalité tchèque en 1979 pour ses écrits et ses prises de position politiques, avant de la retrouver en 2019, le romancier avait pu retourner à plusieurs reprises dans son pays avec lequel les relations sont demeurées complexes.