“La nuit doit revoir le jour” : les discothèques dans l’attente d’une réponse du gouvernement

Depuis le 14 mars, les discothèques sont fermées. Les charges et dettes s’accumulent, les gérants sont dans l’attente. Pour le moment, ils n’ont aucune certitude quant à la réouverture de leurs établissements. 

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Si les restaurants tentent d’anticiper avant l’ouverture, difficile pour les discothèques de s’adapter aux mesures actuelles. “On ne peut rien faire en attendant, on ne peut pas vendre la fête à emporter”, nous confie, avec ironie, Rachel Le Moigne, gérant du Gatsby Club à Rennes. 

Les témoignages de gérants de discothèques bretonnes se ressemblent. Qu’ils se situent en centre-ville, sur la côte, petits ou grands établissements…tous sont dans l’incompréhension et se sentent “oubliés


“Les oubliées sont les discothèques”


On ne parle jamais de nous. Nous sommes les premiers fermés et les derniers à rouvrir”, s’alarme Rachel Le Moigne. “Pourquoi on autorise 300 personnes dans un avion et pas 300 personnes dans une discothèque ? ”, s’interroge Jacky Brindejonc, président de la branche "bars de nuit et discothèque" de l’Union des métiers et des industries hôtelières du Morbihan (Umih 56).

Certains gérants reprochent également au gouvernement d’oublier la lettre “D” du “Cafés-Hôtels-Restaurants-Discothèques”, et de penser seulement aux trois premiers secteurs. Jacky Brindejonc, revient sur la prise de parole de Christophe Blanchet, député du Calvados, à l’Assemblée nationale et sur les réactions de la salle. 
  

Ça fait mal au coeur, ça donne envie de déchirer sa carte d’électeur. On a des familles, du personnel, des charges sociales. On fait tourner pas mal de choses. On aimerait être pris au sérieux, on n'y est pour rien, nous”, réagit Jacky Brindejonc, également propriétaire de la discothèque Chicago à Vannes. 


Les équipes au chômage 


Les gérants des boites de nuit doivent également faire face aux difficultés économiques. Difficile d’obtenir des aides financières. On n'a le droit à rien, on n'a zéro aide. Nos salariés sont au chômage partiel : c’est notre seule aide. On ne rentre jamais dans la bonne case”, déplore le gérant du Gatsby Club à Rennes. Ses sept salariés qui travaillaient à temps plein sont tous au chômage partiel. 

Pas de client, aucune rentrée d’argent. Mais les charges et dépenses ne se sont pas arrêtées pour autant. Depuis le début du confinement jusqu’à fin mai, j’aurai perdu entre 100 000 et 130 000 euros de chiffre d’affaires. Cette somme, on ne la récupérera pas. Ce n’est pas rattrapable”, s’alarme Régis Toutain, propriétaire du Missy, à Pontivy (56). 

Pour tenter de s’en sortir, le propriétaire a emprunté 35 000 euros. “On tient grâce aux prêts, pendant un an, on ne rembourse rien. Mais dans un an, on fera comment ?”, s’inquiète-t-il. “L’État nous dit qu’il fait des suspensions de crédits, mais derrière, quand la vie va reprendre, il va falloir qu’on paie”, poursuit Régis Toutain. 


Un protocole en cours d’analyse 


Comment rouvrir et dans quelles conditions ? Les gérants s’interrogent. Des fiches sanitaires ont été conçues par la branche discothèque de l’Umih national, l’Agence Régionale de Santé (ARS) et les différents syndicats. Ces protocoles ont été proposés au ministère de la Santé et du Travail. 
 

Tout est en train d’être étudié. Pour le moment, les fiches sont faites et la profession est prête pour ouvrir dans les meilleures conditions pour nos salariés”, confirme Laurent Lutse, Président de l'UMIH en charge des cafés, brasseries, et établissements de nuit.


Impossible cependant de nous procurer les détails du protocole défini. “Ça ne sert à rien de faire des plans sur la comète. Nous attendons lundi 25 mai, l’allocution du Premier ministre et puis nous enverrons les fiches aux gérants des discothèques”, promet Laurent Lutse. 

En attendant une réponse précise, les gérants bretons analysent les mesures mises en place par les discothèques à l’étranger, et tentent de se projeter. “Cela pourrait être comme les salles de cinéma avec les visières pour clients, la distanciation sociale, les masques avec des trous pour les pailles, des fumigènes avec un désinfectant à l’intérieur…”, détaille Jacky Brindejonc. 

Des mesures, pas confirmées, mais qui inquiètent déjà Régis Toutain. “Si les clients ont un masque, comment vont-ils consommer ? On ne peut pas non plus barricader tout le bar…”, réagit le gérant. “La règle de 4m2 par personne m’inquiète. Avec la surface de mon établissement, je pourrai mettre à peine 70 personnes au lieu de 250… Avec ça, je ne vis pas”, nous confie-t-il.
 
Dans une vidéo publiée sur le groupe "La Nuit doit revoit le Jour", l'Umih donne sa vision de ce que pourrait ressembler la vie avec le respect des règles des "4m2".


Aucune mesure n’a pour le moment été confirmée par le gouvernement. On saura tout lundi”, tient à rassurer Laurent Lutse. 


Les fêtards seront-ils au rendez-vous ? 


Ces mesures drastiques et inhabituelles pourraient freiner les clients. Est-ce que l’esprit de la fête sera toujours là ? Est-ce que les clubbers privilégieront les soirées en appartement ? Impossible pour le moment d’apporter une réponse. 

Cet été, imaginez les jeunes livrés à eux-mêmes, sans bars de nuit, sans discothèques… On est quand même des “canaliseurs” de noctambules. Les discothèques ne sont pas que des lieux d’enivrement, ce sont des lieux de danse, de convivialité. Si ces gens sont à l’extérieur et qu’ils continuent de boire sur les plages, dans les rues, ça va poser des problèmes de sécurité”, défend Jacky Brindejonc. 

Selon Laurent Lutse, les discothèques pourraient rouvrir dans les prochaines semaines, courant de l’été. Réponse attendue lundi 25 mai. 

 
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