"On a la peur au ventre." Après la fusillade à Rennes, les habitants du Blosne expriment leur ras-le-bol

Dans la nuit du 9 au 10 mars 2024, une fusillade a éclaté dans le quartier du Blosne à Rennes (Ille-et-Vilaine). Au lendemain des faits, les habitants sont sous le choc et demandent plus de protection.

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Quelques heures après les faits, la fusillade qui s'est déroulée dans la nuit du 9 au 10 mars 2024 a laissé des traces dans le quartier du Blosne. Les portes en verre de certains immeubles de la place du Banat sont criblées d'impacts de balles. Selon le parquet de Rennes, une quinzaine de douilles ont été retrouvées sur les lieux.

"Du jamais vu à Rennes" selon la police

"C'est du jamais vu à Rennes : une dizaine d'individus, porteurs de gilets pare-balles, cagoulés. C'était bien préparé", souligne le policier Frédéric Gallet, secrétaire départemental du syndicat Alliance. "La particularité, c'est la longueur et la quantité des échanges, des tirs nourris à l'arme automatique. C'est du jamais vu, et c'est même exceptionnel au niveau national."

La situation est très difficile à gérer pour les forces de l'ordre, avec un "standard qui s'emballe" et "des tirs trop nombreux, trop fournis, et pas assez d'éléments." Le RAID de Rennes a été déclenché, en appui des forces de police. Les balles sont d'un très gros calibre, 7 / 62, capable de traverser du parpaing et de réduire en morceaux le corps d'une personne.

À LIRE : Fusillade à Rennes. Les faits pourraient être liés au trafic de stupéfiants, une enquête ouverte pour tentative d'homicide volontaire en bande organisée

La colère des habitants

Cet habitant du quartier explique avoir entendu des coups de feu vers 2h du matin. "On a entendu des coups de feu, on croyait que c’était des feux d'artifice, mais non, c'était des balles réelles", raconte-t-il. "J'ai une fille de 17 ans, qui a entendu ça, ça tirait du côté de sa fenêtre de chambre. Je suis allée la voir, elle tremblait !"

On en a ras-le-bol.

Un habitant du quartier du Blosne à Rennes

L'homme, en colère, déclare "avoir la peur au ventre, en rentrant du travail vers 21h, on est en danger." Il espère des actions des pouvoirs publics : "On attend plus de protection, on ne restera pas si ça continue comme ça. On en a ras-le-bol."

Un avis partagé par cette autre habitante du quartier : "La loi doit normalement être plus forte, ce ne sont pas eux qui vont prendre la place des lois." Le quartier du Blosne est un des quartiers rennais à bénéficier d'un programme de renouvellement urbain. Mais la jeune femme explique "ne pas pouvoir en profiter. Ça nous fait peur, on a des enfants, encore petits. (...) La première fois, on pense que c’est des pétards, maintenant on va faire attention. On paie un loyer pour être bien chez soi, pas pour avoir peur de sortir."

Selon le parquet de Rennes, la fusillade semble "s’inscrire dans la lutte conduite pour le contrôle du point de revente de stupéfiants situé place de Banat", là où ont eu lieu les tirs. 

Dans le quartier, les membres de la CRS82, créée spécialement pour répondre à des situations d'urgence, ont patrouillé pour sécuriser le secteur et rassurer les habitants. Pour Lénaïc Brièro, adjointe au maire de Rennes déléguée à la sécurité, au monde combattant et aux politiques mémorielles, l'objectif est désormais de "pilonner ce trafic, qu'on sent enkysté depuis plusieurs semaines au Blosne." Lénaïc Brièro note également la "présence de dealers très mobiles, qui viennent d’autres villes, d’où des difficultés pour les interpeller."

Selon les informations du parquet de Rennes, une dizaine de personnes pourraient être impliquées. Parmi elles, deux ont été blessées dans la fusillade. Il s'agit de deux hommes, nés en 1994 et 2000, déjà connus de la justice. Le parquet de Rennes indique avoir ouvert une enquête pour "tentative d’homicide volontaire en bande organisée et association de malfaiteurs."

Dans un communiqué rendu public ce 11 mars, Archipel Habitat annonce avoir fermé son agence, place du Banat, "suite à la découverte d'impacts de balles" dans ce local où travaillent 40 agents. Les permanences sont assurées au siège d'Archipel Habitat. Des temps d'écoute et de soutien sont en cours de mise en place, assure le bailleur.

"Toutes les équipes d'Archipel Habitat prennent part à l'inquiétude des habitants du quartier, déclarent le président et le directeur général. Nous sommes conscients de la gravité des faits qui se sont déroulés mais nous ferons notre possible pour poursuivre notre mission sans relâche". Et d'ajouter : "par notre occupation positive du terrain, nous n'abandonnerons pas les habitants. Nous allons contrôler davantage les accès aux immeubles de la place du Banat".

(Avec Maylen Villaverde)

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