"On n'a plus de vie" : le calvaire des chauffeurs licenciés d'Expotrans, société de transport pour enfants handicapés

En raison de la liquidation d'Expotrans, de nombreux salariés de cette société de transport scolaire pour enfants handicapés se retrouvent sans salaire et sans emploi. En Bretagne, Arthur et son mari Théo, tous deux chauffeurs dans l'entreprise sont exaspérés et déplorent une situation aberrante.

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"On n'a plus de vie. C'est du grand n'importe quoi" déplore Arthur*. Tout comme son mari Théo*, également chauffeur chez Expotrans, il est désespéré depuis que la société de transport scolaire d'enfants en situation de handicap a été placée en liquidation judiciaire le 17 mai 2024.

Une décision de justice synonyme de licenciement économique surprise pour les deux hommes, même si les activités d'Expotrans suscitaient des inquiétudes depuis plusieurs mois déjà.

"On a travaillé en mars, avril et mai sans être payés, sans recevoir de fiche de paie. C'est en menant une enquête nous-mêmes qu'on a appris la future liquidation de l'entreprise qui, du jour au lendemain, ne nous a plus donnés de nouvelles" déplorent Théo, 29 ans et Arthur, 22 ans, qui exerçaient tous deux sur Rennes.

"10 000€ de dettes"

Depuis, les deux hommes vivent un calvaire, dans l'incertitude la plus complète. "On a 10 000€ de dettes. Étant donné que nous ne sommes plus payés, nous n'avons plus de quoi verser le loyer. On est en pleine procédure d'expulsion de notre logement" s'insurge le couple, qui n'est pas le seul dans ce cas de figure.

On veut montrer qu'on existe et que c'est inacceptable

Arthur, chauffeur d'Expotrans à Rennes

Comme eux près de quarante chauffeurs travaillaient pour Expotrans en Bretagne, plusieurs centaines à l'échelle nationale. Face à cette situation qu'ils jugent "aberrante", les salariés tentent de s'organiser pour "essayer de lutter".

"Je passe mes journées à chercher les contacts des autres chauffeurs pour les tenir informés et faire groupe ensemble. On veut montrer qu'on existe et que c'est inacceptable" lance Arthur, alors que Théo enchaîne les boulots d'intérim pour ramener de l'argent.

Un avocat sollicité

Un collectif s'est déjà formé et a fait appel à un avocat. Ils ont demandé ensemble à une mandatrice le règlement des salaires impayés et compte ensuite réclamer, devant la justice, des dommages et intérêts pour le préjudice subi.

Avec la liquidation judiciaire d'Expotrans, le doute plane toujours sur leur avenir. "On est au chômage forcé mais on n'est pas sûr de retrouver du travail. Nous, en tant que jeunes chauffeurs, on peut encore faire des missions d'intérim. Mais il y a des mamans solitaires et des personnes âgées qui se retrouvent du jour au lendemain dans la précarité" déplore le couple passé par Expotrans.

"Aucun dispositif d'aides"

Les chauffeurs bretons assurent n'avoir aucune nouvelle des personnes qu'ils transportaient quotidiennement. "On ne sait pas si les enfants en situation de handicap sont toujours transportés entre leur domicile et leur école par d'autres transporteurs. C'est un délire complet".

Les transporteurs licenciés tentent de mobiliser les élus et la population pour alerter sur les conséquences de la liquidation judiciaire d'Expotrans pour les salariés de toute la France. En Mayenne, une cagnotte en ligne a été créée pour venir en aide aux chauffeurs du département.

"On a alerté des députés. Les syndicats sont sur l'affaire indique Arthur. Mais pour le moment, on n'a aucun dispositif d'aides".

* Prénoms d'emprunt

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