L'image est rarissime. Des journalistes du plus grand quotidien régional de France en grève devant le siège de l'entreprise. 200 journalistes de Ouest-France sont venus ce lundi dénoncer le plan de réorganisation qui prévoit la suppression de 56 postes de journalistes et secrétaires de rédaction.
Ils sont 200 environ, rassemblés ce lundi 17 septembre devant le siège de Ouest-France à Chantepie. Ils ont répondu à l'appel
de l'intersyndicale SNJ-CFDT-CGT et sont venus des locales de plusieurs départements, celles qui vont être impactées par la nouvelle organisation lancée par la direction. Ils ont reçu le soutien de journalistes des quotidiens qui appartiennent au groupe Sipa-Ouest-France, tel le Maine Libre, le Courrier de l'Ouest ou Presse Océan. Tous réunis pour dire "non" au plan annoncé jeudi dernier par la direction.
Sur des pancartes, des messages adressés à la direction : "Nouvelle organisation, tous les médias en parlent sauf Ouest-France", "FRH, reviens" (FRH : François-Régis Hutin, ancien patron emblématique du quotidien décédé en décembre dernier).
Un mouvement historique
"C'est un mouvement historique, c'est très rare que la rédaction de Ouest-France se mette en grève, il n'y a pas eu pareille mobilisation depuis la négociation de l'accord des 35 heures il y a près de 20 ans" explique Isabelle Bordes, déléguée syndicale CFDT.Selon Alain Guyot, délégué syndical SNJ, au moins 80% des journalistes de Ouest-France étaient en grève lundi. La direction annonce de son côté "un tiers de grévistes".
Une évolution incontournable selon la direction
La nouvelle organisation des rédactions discutée ce lundi avec les représentants du personnel concerne 56 postes, soit 10% environ des effectifs journalistiques du quotidien. Pour justifier cette évolution, la direction invoque la baisse des ventes et des recettes publicitaires qui implique la fermeture de cinq rédactions locales en Pays de la Loire et la suppression de postes en Normandie et en Bretagne, sans licenciement sec.
Le groupe parle d'une évolution incontournable, afin de dégager des moyens pour renforcer la présence sur internet et concurrencer les géants mondiaux du numérique "qui ne produisent pas d'infos mais utilisent nos informations".
Une mutualisation qui ne passe pas
La direction envisage de mutualiser les contenus des quotidiens du groupe. Ainsi, une partie des articles élaborés par Le Courrier de l'Ouest en Maine-et-Loire ou Le Maine Libre en Sarthe seront repris par Ouest-France tandis qu'en Loire-Atlantique, les contenus élaborés par Ouest-France deviendront disponibles pour Presse Océan.
Pour les journalistes grévistes, cette mutualisation d'articles va faire perdre au quotidien "sa vocation locale". Selon eux, leur titre va perdre sa spécificité en diffusant la même info sur les journaux du même groupe. Il n'y aura plus de concurrence entre leur journal et les autres quotidiens, "c'est le lecteur qui va être perdant avec une seule version des faits".