C'est l'effet ricochet des JO. Un mois après la belle aventure de l'équipe de France des frères Lebrun, les clubs doivent faire face à un afflux de licenciés. Mais dans le pays de Rennes comme ailleurs, tous ne sont pas logés à la même enseigne pour accueillir les nouveaux convertis du "ping". Cela dépend du nombre d'encadrants, et de tables disponibles.
C’est l’un des clubs phares du tennis de table en Bretagne, Thorigné-Fouillard au nord de Rennes. Ici, on joue en Pro A avec pour locomotive Jules Rolland, sélectionné pour les JO avec l’Equipe de France comme remplaçant des frères Lebrun et de Simon Gauzy. Et ici comme partout, après la belle aventure des tricolores à Paris qui a mis le "ping" sous le feu des projecteurs, l’effet ricochet se fait sentir : l’engouement suscité par les Bleus a boosté le nombre d’adhésions.
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Parmi les nouveaux licenciés, pas uniquement des jeunes
"À Thorigné, la saison dernière, on comptait 250 licenciés et l’on s’oriente vers une augmentation de 10 à 20% ", indique Gervais Rolland, coprésident du club. "Parmi les nouveaux venus, dit-il, il y a des jeunes bien sûr, admirateurs de Félix Lebrun, mais aussi et on ne s’y attendait pas forcément, des plus anciens, qui après les Jeux ont eu envie de prendre ou de reprendre une raquette. Et qui se sont inscrits en loisirs".
Tout dépend du nombre de tables, et d'encadrants
"Pour le club, ces nouvelles adhésions sont évidemment une bonne nouvelle, mais on ne pourra peut-être pas prendre tout le monde", prévient Gervais Rolland. Avec trois entraîneurs à temps plein et deux services civiques, le nombre d’encadrants est suffisant, mais il faut faire avec la place disponible, en l’occurrence 24 tables. Pour les jeunes, on a plusieurs créneaux d’entraînement, on peut faire tourner. En sport adapté et handisport, on a encore de la place. Mais en loisirs en revanche sur la séance du mercredi soir, on risque de devoir limiter les inscriptions à une cinquantaine de joueurs pour que tout le monde puisse jouer. Avec 24 tables, c’est mathématique".
Tous les clubs ne sont pas équipés pour amortir l’effet JO
Partout sur le territoire, les clubs de tennis de table constatent le même engouement.
"En ce début septembre, c’est encore un peu tôt pour connaître l’ampleur du phénomène, explique Jacques Sorieux le président du Comité d’Ille-et-Vilaine. Mais on pourrait passer sur le département de 4270 licenciés l’an passé à bien plus de 4400 cette année. C’est un bonheur de voir notre sport attirer autant de monde. Mais certains clubs sont moins bien lotis que d’autres en termes d’encadrement ou d’infrastructures pour accueillir tous ces nouveaux pongistes"
Sur le pays de Rennes, le club de Vern-sur Seiche fait partie des mieux équipés. "On avait 207 licenciés l’an passé, c’était notre record", rappelle Pascal Boyer le président. "Là, on est déjà bien en avance sur le calendrier en termes d’inscriptions, mais on devrait avoir les reins assez solides pour cet afflux post-JO. Notre salle spécifique, qui date de 2019 et qui peut accueillir 14 tables, devrait permettre à nos trois encadrants de faire face."
"On verra si cet engouement s'inscrit dans la durée..."
Au Cercle Paul Bert de Rennes, 300 licenciés la saison dernière, et qui dispose de deux salles, on s’apprête aussi à faire cette année beaucoup mieux. "À titre d’exemple sur un de nos créneaux jeunes, là où on avait 6 pongistes l’an passé, on est déjà passé 14, indique Eric Ducos le trésorier. Et sur le créneau loisirs adultes, il y avait 31 pongistes mardi dernier salle Rapatel, là où logiquement on ne peut en accueillir que 24, puisqu’on n’a que 12 tables. Mais on s’est débrouillé, on a fait tourner. Et on ne s’affole pas. On verra si cet engouement s’inscrit dans la durée, parce que certains nouveaux licenciés peuvent aussi renoncer rapidement."
"Ici, on ne pourra pas pousser les murs"
À Rennes, le club pour lequel cela s’annonce sans doute plus compliqué, c’est celui de la Tour d’Auvergne. L’an passé avec 230 adhérents pour une salle qui ne peut accueillir que 8 tables, on avait déjà dû refuser du monde", rappelle Jean-Luc Papail, le président de la section tennis de table. Alors cette année, cela ne va pas être simple. Comme on a embauché un service civique pour développer les créneaux jeunes, on pourra sans doute monter jusqu’à 250. Mais pour les créneaux loisirs adultes devenus très prisés depuis les JO, on va devoir refuser du monde. On est limité par la taille de la salle, et on ne va pas pouvoir pousser les murs".
Du côté de la Ville de Rennes, on reconnaît évidemment que les belles performances des Bleus aux JO ont boosté les inscriptions, en tennis de table comme pour d'autres disciplines. Et qu'il faut tenter d'amortir.
Plus de tables en accès libre
"Dans le cadre du dispositif "Ping citoyen", indique Frédéric Bourcier, délégué aux sports, des installations de tables sont programmées dans l'espace public. À Rennes, certaines vont notamment voir le jour dans le Parc des Hautes-Ourmes. En libre accès. C'est une solution pour ceux qui veulent s'essayer, et qui peut permettre de soulager un peu des clubs qui font face à une forte demande en tennis de table loisirs et qui ne peuvent pas prendre tout le monde. Mais évidemment, cela reste de l'équipement extérieur, soumis aux caprices de la météo".
"En intérieur, la solution, c'est de renforcer la mutualisation des espaces, des gymnases, de trouver de nouveaux créneaux pour le "Ping" avec des tables à disposition. Il faut travailler là-dessus avec les clubs, qui doivent aussi avoir un encadrement suffisant. Mais ce n'est jamais simple d'articuler tout cela, puisqu'il y a 92 disciplines sportives accessibles à Rennes."