À Pont-Péan, les fissures dans les maisons sont de plus en plus nombreuses. C'est l'une des rares communes bretonnes avec un sol argileux, qui gonfle ou dégonfle en fonction de l'humidité et qui a subi la sécheresse cet été.
Ce sont de simples fissures, mais elles peuvent changer la vie. Dans la ville de Pont-Péan, au sud de Rennes, les maisons touchées par ce phénomène sont courantes.
La cause ? Une géologie très particulière pour le territoire breton avec un sol argileux, qui se gonfle lorsqu'il pleut et qui se rétracte quand il fait sec.
"Il n'y a que deux communes vraiment concernées par ce phénomène en Bretagne", informe Alain Le Goc, président de l'association des sinistrés fissures de Pont-Péan.
50% d'adhérents en plus sur l'année 2022
"C'est mon garage qui a été touché en premier", se souvient-il. "Et avec la sécheresse de cet été on a vu les fissures évoluer, on a vraiment eu une année hors du commun."
Avec la canicule cet été et les pluies à partir de fin novembre, ce phénomène de fissures s'est accentué pour beaucoup.
Alain Le Goc, président de l'association des sinistrés fissure Pont-Péan
Et cela s'est ressenti dans son association de sinistrés, qui a vu son nombre d'adhérents passer de 65, au début de l'année, à 95 adhérents début 2023.
Ces fissures ont bien sûr un impact financier sur de nombreux propriétaires, mais également psychologique : "Certains m'ont dit qu'ils n'osaient plus inviter leurs voisins chez eux, pour éviter de parler des fissures", déplore Alain Le Goc.
Des dizaines de milliers d'euros de travaux
Mais le véritable enjeu pour les habitants de Pont-Péan est financier. Pour une reprise classique des fondations d'une maison fissurée, la somme peut osciller entre 20 000 € et 35 000 € selon Michel Demolder, maire de Pont-Péan.
"Les devis pour ce genre de travaux sont très élevés", constate le maire de la ville bretillienne. "Et le problème, c'est que plus on attend pour faire ces travaux, plus le prix des travaux est élevé. Il faut agir vite."
Le soutien des assurances nécessaire
Le soutien des assurances est donc nécessaire pour les particuliers, le maire : "Pour avoir ce soutien financier, il faut forcément un arrêté qui décrète l'état de catastrophe naturelle", explique Michel Demolder, qui a fait récemment une demande pour Pont-Péan, suite aux fortes chaleurs de l'été 2022, qui a fragilisé nombre d'habitations.
Mais même si l'arrêté est pris, il faudra ensuite attendre que l'assurance envoie un expert et encore attendre son avis avant de pouvoir commencer les travaux. "La démarche peut vite prendre des années, ce qui laisse le temps aux fissures de s'aggraver."
La ville de Pont-Péan commence à être connue pour ces fissures qui se multiplient dans les habitations, ce qui peut avoir des conséquences et effrayer les potentiels acheteurs : "Évidemment que cela peut faire peur, notamment sur les biens anciens", avoue le maire.
"Mais il suffit de faire une étude géotechnique, ce que nous conseillons depuis de longues années aux Pont-Péannais et ce qui est désormais obligatoire partout en France avant de construire une maison", précise-t-il.
106 dossiers reçus par la mairie pour 2022
Cette année, la mairie a reçu 106 dossiers de demandes d'indemnisation par rapport aux fissures, un nombre record. "Avec les sécheresses et le réchauffement climatique, il faut s'attendre à ce que ce phénomène se reproduise de plus en plus", s'inquiète Michel Demolder.
Les pouvoirs publics doivent être conscients que si on tarde, les coûts risquent d'exploser pour tout le monde.
Michel Demolder, maire de Pont-Péan
Pour les 106 propriétaires ayant envoyé un dossier, il faudra donc attendre la décision des ministères compétents dans les prochains mois. Pour savoir si l'état de catastrophe naturelle est reconnu à Pont-Péan, et pour colmater les fissures.