La municipalité de Rennes vient d'adopter une charte pour la condition animale. Celle-ci interdit la pêche dans les étangs de la ville. Les pêcheurs expriment leur colère et veulent se battre pour préserver leur loisir.
Des pêcheurs jetant leurs lignes dans un étang à Rennes. Cette image, déjà rare depuis quelques années, va disparaître. La municipalité vient d’adopter “La charte rennaise pour la condition des animaux”. Conséquence : la ville de Rennes interdit la pêche dans ses étangs. La mesure a été adoptée à l'unanimité en conseil municipal le 15 mai dernier. Elle devrait être appliquée dans quelques mois. Chez les pêcheurs, la colère gronde.
“Présenter la pêche de loisir comme une activité nuisible en méprisant l’ensemble de nos actions pour la protection et la restauration des milieux aquatiques est inacceptable” s’insurge la fédération de la pêche de Rennes.
Les appâts, une méthode de pêche "mutilante"
Au cœur du conflit, un des engagements de la ville qui indique lutter contre “les pratiques mutilantes” de la pêche. Un des points parmi d'autres d'une Charte rennaise sur la condition des animaux allant de la bientraitance à la cohérence des politiques publiques.
“Cette charte est un travail participatif” affirme l'élu municipal, délégué à la condition animale, Jean-Marie Goater. “On a invité des associations qui travaillent sur la condition des animaux. [...] Les poissons sont capables de souffrir et on est soucieux de leur personnalité”.
Pour l’élu, la réaction des pêcheurs est une “tempête dans un aquarium”. Jean-Marie Goater ajoute que “les appâts que l’on retrouve dans les sédiments autour des étangs participent à la prolifération des cyanobactéries” selon des scientifiques consultés. Problème qui empêche la baignade des étangs durant l'été.
Des arguments rejetés fermement par les pêcheurs. “Si nous avons un impact sur la biodiversité, c’est un impact positif” réagit Jérémy Grandière, président de la fédération de pêche d’Ille-et-Vilaine.
Nous avons un impact sur la biodiversité, mais c’est un impact positif.
Jérémy Grandière, président de la fédération de pêche d’Ille-et-Vilaine.
“Je suis en colère, il est impensable que le loisir de 21.000 pêcheurs qui veillent à la qualité de l’eau soit dicté par des extrémistes”. Pour le président des pêcheurs du pays de Rennes, cette interdiction de la pêche “a été glissée de manière insidieuse et non débattue”.
“Ils veulent faire croire que notre loisir est polluant [...] alors que nous faisons ‘de la pêche nature’. Nous sommes des sentinelles des cours d’eau” clame Jérémy Grandière.
Une interdiction de pêche sur les étangs était déjà en cours depuis 2018 mais elle est cette fois élargie à tous les étangs de Rennes. Seuls les étangs sont concernés, la pêche reste autorisée sur les cours d’eau de la ville. La maire de Rennes, sollicitée par les pêcheurs, ne leur a pas encore répondu.
(avec Krystel Veillard et Jean-Michel Piron)