Plus que quelques heures avant de savoir qui, de Donald Trump ou de Kamala Harris, gouvernera les États-Unis pendant les quatre années à venir. La conclusion d'une campagne sensationnaliste qui aura donné lieu à un véritable show électoral. Des élections qui passionnent ou inquiètent Américains expatriés et journalistes bretons installés outre Atlantique.
Il faudra probablement attendre la fin du dépouillement pendant plusieurs heures, demain matin, mercredi 6 novembre, avant de connaître le nom du nouveau président ou de la nouvelle présidente des États-Unis.
Président du comité de jumelage Rennes-Rochester, Eric Beaty, a prévu de commenter dès 7 h ce mercredi 6 novembre les résultats à l'institut franco-américain de Rennes.
Ce qui diffère avec les précédentes élections, c'est le fait que Kamala Harris n'est dans la course que depuis un peu plus de trois mois.
Eric BeatyPrésident du comité de jumelage Rennes-Rochester
Des résultats qui devraient être particulièrement serrés. "Il faudra regarder de près la participation, suggère l'Américain, installé en Bretagne depuis 43 ans. Autour de 70 %, les élections sont en général favorables aux démocrates, mais autour de 60 %, l'avantage va aux Républicains."
Selon lui, cette campagne n'a pas été plus violente que les précédentes, mais plus intense : "Ce qui diffère avec les précédentes élections, c'est le fait que Kamala Harris n'est dans la course que depuis un peu plus de trois mois, analyse Eric Beaty C'est inédit dans l'histoire américaine !"
Des élections qui passionnent forcément la communauté américaine en Bretagne, assure ce retraité du Consulat américain à Rennes : "On en parle beaucoup. Certains sont inquiets, d'autres abordent les choses avec philosophie."
Quand on voit les barrières qui sont installées pour protéger les immeubles à Washington, c'est effrayant.
Pia BoyerFranco-américaine, conseillère municipale à Feins
Comme 82 millions d'Américains, Pia Boyer, conseillère municipale à Feins, petite commune au nord de Rennes, a déjà voté par anticipation sur le site internet sécurisé mis en place par l'État du Colorado, son état de naissance. Et demain, cette Franco-Américaine de 52 ans a prévu de se lever tôt pour découvrir les résultats grâce au site du New York Times.
Pas question de les suivre sur les réseaux sociaux, responsables, selon elle, d'attiser les clivages et les tensions dans son pays et "d'aspirer" l'attention des Américains.
Pia croise désormais les doigts pour voir arriver Kamala Harris à la tête des États-Unis, une femme "intelligente, qui a toutes les compétences pour apaiser" la population, "contrairement à Donald Trump" loin d'avoir "porté dignement la voix des États-Unis à l'étranger" selon elle.
En cas d'échec de sa candidate, elle assure qu'elle respectera le résultat de l'élection, car elle croit aux institutions américaines. Alors que les armes circulent librement dans son pays d'origine, c'est surtout le climat explosif et les tensions qui pourraient survenir par la suite qui l'inquiètent :
"Quand on voit les barrières qui sont installées pour protéger les immeubles à Washington, c'est effrayant", soupire Pia, profondément marquée par l'attaque du Capitole par 800 émeutiers pro-Trump, le 6 janvier 2021, pour contester le résultat des élections de 2020. Elles avaient coûté la vie à quatre émeutiers et un policier.
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Originaire de Ploemel dans le Morbihan, Marie Le Blé aussi a les yeux rivés outre-atlantique. Si la journaliste a dû rentrer en Bretagne pour s'occuper de sa mère, elle ne rate pas une miette des débats et des évènements qui ont ponctué la campagne dans ce pays où elle vit depuis 2013.
On a eu un Donald Trump se mettant en scène à distribuer des frites au Mac Do, conduisant un camion d'éboueurs.
Marie Le BléJournaliste indépendante, spécialiste des Etats-Unis
Après avoir couvert les deux précédentes élections américaines "sur le terrain, au plus près des Américains", la journaliste estime que la campagne de 2024 a été l'une des plus "caricaturale et sensationnaliste" : "on a eu un Donald Trump se mettant en scène à distribuer des frites au Mac Do, conduisant un camion d'éboueurs [après que Joe Biden a qualifié d'"ordures" les partisans de Donald Trump]".
Une campagne moins violente qu'en 2016
Mais elle estime aussi que cette campagne a été moins violente qu'en 2016 où, Hillary Clinton, pourtant "favorite", avait perdu contre un Donald Trump "sorti de nulle part". "Il y avait ensuite eu des manifestations terribles, puis les épisodes "Georges Floyd", "MeToo" et la crise Covid, là, c'était violent", relate la journaliste, également autrice du livre "New York Apocalypse", photoreportage dans le New York désert de la crise Covid.
"Évidemment, il y a eu deux attentats, mais c'est très américain, Bush aussi avait évité le pire à son époque." Donald Trump est en effet le 11ᵉ président américain à avoir été victime d'une tentative d'assassinat, le deuxième à l'être par deux fois.
"On a du mal à le comprendre en France, mais c'est la société américaine qui est violente", assure la journaliste qui souligne qu'elle l'était davantage encore, il y a 30 ou 40 ans, en particulier à l'époque de Kennedy.
On pourra dire ce qu'on veut, le bilan [économique] du mandat de Trump est plutôt bon.
Marie Le BléJournaliste indépendante, spécialiste des Etats-Unis
Le moteur du vote des Américains, selon elle, "c'est l'économie. Et sur ce domaine, on pourra dire ce qu'on veut, le bilan du mandat de Trump est plutôt bon. Il a géré ses campagnes et le pays, comme ses chantiers de construction, comme son entreprise. Il n'a pas hésité à faire un bras de fer avec les lobbyistes de la puissante industrie pharmaceutique pour faire baisser le prix des médicaments. C'est pour ce genre de prise de position que les Américains des classes populaires l'adorent. Il tenait la route, alors qu'Harris, hé bien, on n'en sait rien."
Un bilan économique qui, pour une partie de l'Amérique, pourrait supplanter "les outrances, mais aussi les casseroles, les barils de procédure judiciaires" que Donald Trump traîne désormais ou encore l'impensable régression sur le droit à l'avortement, selon Marie Le Blé.