Bouleversée par l'exploit de Florence Arthaud, Marie-Claude, mère de quatre enfants, a tout quitté, pour suivre la voie de son égérie. Leur rencontre sera peu banale. Le documentaire "À bientôt, c'est une promesse" de Laurie-Anne Courson raconte cette histoire, invraisemblable. Un hommage à celles qui osent s'engager.
C'est l'histoire de deux femmes que tout oppose. Rien ne les prédestinait à se rencontrer, à part peut-être les convictions qui les animaient, chacune dans leur domaine.
Florence Arthaud, libre et indépendante, que l'on surnomme la fiancée de l'Atlantique, prête à tout pour vaincre l'océan.
Marie-Claude Bostoen, mère célibataire, effacée, accablée par une vie qu'elle subit, mais bien décidée à en changer.
Florence Arthaud, la "petite fiancée de l'atlantique"
L'évènement marquera l'histoire. C’est le 18 novembre 1990, à Pointe-à-Pitre, que la carrière de Florence Arthaud, a connu son apogée : Elle était la première femme à remporter la course transatlantique en solitaire à la voile à bord du trimaran « Pierre Iᵉʳ ». Florence Arthaud, 33 ans, a franchi la ligne d'arrivée de la 4ᵉ Route du Rhum, entre Saint-Malo et Pointe à Pitre, en 14 jours, dix heures, 8 minutes, 28 secondes.
L'aventure, c'est pouvoir changer de vie, comme ça, en cinq minutes
Florence Arthaud
Changement de cap
Au même instant, la vie de Marie-Claude va prendre un virage à 90°.
Devant sa télévision, Marie-Claude est subjuguée par ce que cette femme vient d'accomplir. Les projecteurs, portés sur la victorieuse Florence Arthaud, éblouissent cette mère de famille, accablée par un quotidien qu'elle ne supporte plus. La victoire déclenche l'urgence d'agir et d'aller à la rencontre de cette femme à la volonté de fer.
Cette vie, je n'en voulais plus. Pour m’éloigner de mon quotidien qui ne me convenait plus, j'ai tout fait.
Marie Claude Bostoen
Risquer sa vie
Elle déploie alors, avec voracité, une stratégie pour atteindre son objectif. Celui de vivre aux côtés de la navigatrice. Elle quitte Bordeaux en inventant une histoire à ses proches : " J’ai rencontré Florence Arthaud, je pars vivre chez elle pour m’occuper de sa fille". Un mensonge intuitif ?
C'est à l'occasion d'une dédicace qu'une première approche se concrétise. Mais, la navigatrice, occupée dans son rôle médiatique, ne ressent pas de compassion particulière pour Marie-Claude. Il faudra se contenter du livre dédicacé et d'un petit mot "À bientôt".
Mais, pour Marie-Claude, "À bientôt", c’est une promesse.
Et celle qui est devenue une admiratrice de Florence Arthaud, ne se découragera pas.
Florence, elle, avait eu le courage de partir faire la traversée de l'Atlantique. Et là, moi aussi, j'ai eu le courage de tout quitter
Marie Claude Bostoen
De petit boulot en petit boulot, de camping en petit logement, elle s'invente une vie qui prend forme, petit à petit, selon sa volonté. "J’ai tenté le diable et ç'a marché" dit-elle.
La rencontre
Puis, à force d'obstination, après cinq ans de ténacité, la rencontre a lieu, la vraie, celle qui comptera pour toujours, dans sa vie.
C'était le 9 mai 1995. Timidement, Marie-Claude entamait la conversation avec celle qui deviendra son amie. C'était sur une petite place du marché. Les deux femmes font connaissance, plus personnellement cette fois. "Elle m'a souri, le reste de la conversation reste flou" s'émeut Marie-Claude, "mais elle a définitivement éclairé ma vie à ce moment-là".
J’ai abandonné mes gosses. C’était devenu une obsession de partir en Bretagne. On m’a traité d’irresponsable, mais j'y suis arrivée.
Marie-Claude Bostoen
Marie-Claude, pendant les vingt années qui suivront cette rencontre, deviendra celle qui accompagnera l'ex-navigatrice, dans sa vie de tous les jours et celle qui prendra soin de ce qu'il a de plus précieux pour Florence : sa fille Marie.
Elle m'a redonné le goût de la vie. Je me disais, il faut que je profite de chaque instant, comme si cela ne pouvait pas durer
Marie-Claude Bostoen
Comme un cauchemar prémonitoire, cette fois, Marie-Claude a savouré chaque jour d'"une vie simple et tranquille" dit-elle, au côté de Florence durant toutes ces années. C'était avant que le drame n'emporte la fiancée de l'Atlantique, le 9 mars 2015.
Il reste pour Marie-Claude, de bons souvenirs inoubliables, des photos et une correspondance imaginaire, avec pour fond sonore, la chanson des années 90, "Flo" de Pierre Bachelet et Florence Arthaud.
Chacun est fait comme il est, chacun prend feu comme il peut, mais sous le ciel immense, tous les rochers du silence, tous les oiseaux en partance, se retrouvent parfois
Chanson de Pierre Bachelet et Florence Arthaud
Ce film rend hommage aux femmes qui ouvrent la voie et celles qui osent s'y engager. "Au revoir, c'est une promesse" un documentaire de Laurie-Anne Courson à voir le jeudi 17 octobre, à 22 h 55, sur France 3 Bretagne et dès à présent sur france.tv.