Chaque année, des centaines de personnes contactent la Croix-Rouge française pour qu'elle retrouve leurs proches. Sept antennes réparties en France s'occupe de ce service, dont une basée à Rennes.
Ils sont une dizaine de salariés et plusieurs bénévoles à s'occuper de cette mission peu connue de la Croix-Rouge : la recherche des personnes disparues ou rétablissement des liens familiaux (RLF). Cette mission de la Croix-Rouge, consacrée par les conventions de Genève de 1949, vise à réunir les familles séparées par les conflits, les catastrophes et les crises humanitaires.
Le respect de l'unité familiale fait partie intégrante de la dignité humaine
A Rennes, deux bénévoles s'occupent des demandes qui leur arrivent soit directement, soit par le biais de travailleurs sociaux. Ce service existe depuis trois ans et concerne 85 dossiers, avec un succès relatif. Seul six d'entre eux ont abouti.Nicole Morel est l'une des référentes : "Il y a trois catégories de personnes auxquelles on s'adresse, les migrants déjà installés en France qui cherche leur famille restée au pays, pour rétablir le contact et éventuellement les faire venir. Il y a aussi les gens disparus en France et que leur famille recherche. Enfin nous avons ceux dont la famille a été dispersée pendant la migration, qui concerne la plupart des cas ces derniers temps."
Les conflits éclatent la cellule familiale, et pour les bénévoles pas toujours facile de reconstituer l'histoire : "La difficulté c'est que les gens ont oublié des éléments qui faciliteraient nos recherches. Les codes entre notre pays et le leur sont aussi très différents. Dans certains endroits, il n'y pas de rue par exemple alors on fait dessiner des plans, on pose beaucoup de questions." explique Nicole qui mène les entretiens.
Une fois le dossier constitué, elle l'envoie à la Croix-Rouge du pays du demandeur, qui va enquêter. Cela prend du temps et l'issue peut être heureuse, comme avec cet homme aidé récemment qui a pu retrouver ses enfants, qu'il n'avait pas vus depuis 13 ans.
A noter qu'en aucun cas, la Croix-Rouge ne s'occupe d'affaires liées à des parcours d'adoption, des disparitions inquiétantes, ou des recherches généalogiques.
Une nouvelle loi va faciliter cette recherche
Une loi promulguée le 29 décembre va désormais permettre de faciliter les recherches de ces bénévoles. "On fait un grand bond en avant", se réjouit Aurélie de Gorostarzu, responsable du service Rétablissement des liens familiaux. Jusqu'à présent, les administrations et les services publics refusaient souvent de transmettre des données personnelles concernant les personnes recherchées. "Au niveau des mairies, on avait une bonne écoute mais au niveau des administrations centrales, ça dépendait trop des interlocuteurs. Cette loi va vraiment permettre à la Croix Rouge de mener des recherches et de travailler en bonne intelligence avec les administrations", ajoute t-elleGrâce à cette nouvelle loi, la Croix-Rouge pourra par exemple obtenir des copies intégrales et des extraits d'actes d'état civil, savoir si une personne a été hébergée ou naturalisée, si elle est inscrite sur une liste électorale. Les informations et coordonnées de la personne retrouvée ne sont transmises qu'avec son accord à sa famille.
Pour unir leurs efforts afin de retrouver des migrants disparus, la Croix-rouge française et d'autres en Europe alimentent aussi un site internet sur lequel sont publiées plus de 2.000 photos de personnes cherchant leurs proches. C'est ainsi qu'une femme afghane et sa belle-mère, réfugiées à Lyon, ont retrouvé la trace de leur mari et fils qui vivait en Inde.