Réforme des retraites. Comment est-elle perçue par le Breton "type" ?

Ils sont artisan, enseignante, cuisinier, garagiste, animatrice. Leur point commun : un avis tranché sur la réforme des retraites. Ils entrent dans le profil type du Breton, dressé par les statistiques de l'Insee.

Dans les tableaux de l'Insee, le Breton "type" est autant un homme qu'une femme. Il ou elle a entre 40 et 55 ans est salarié et travaille dans une profession dite intermédiaire. Plus précisément, ce Breton a un poste comme employé ou cadre dans des milieux aussi variés que l'enseignement, les services, ou le milieu automobile. Il vit en couple, est propriétaire de son logement et a un ou deux enfants. 

On a choisi de suivre ce portrait-robot pour interroger des Bretons sur la réforme des retraites, l recueillir leur sentiment et savoir s'ils ont calculé l'âge de leur départ en retraite.

Qu’ils soient artisan, cuisinier, enseignante, garagiste, ingénieur ou dans le social : cette réforme est jugée “injuste”. Beaucoup sont fatalistes, certains sont en colère. Si le report fait l'unanimité contre lui, face à la retraite ils n’ont pas tous la même stratégie. Propos choisis.

Je ne pourrai pas travailler jusqu’à 64 ans.

Thierry, 53 ans, artisan dans le bâtiment

“Avec la réforme, je vais partir à la retraite à 64-65 ans” lâche Thierry, le bonnet enfoncé jusqu’aux yeux. Devant le chantier d'une maison dans le sud de Rennes, il souffle. “Le bâtiment, c’est dur. J’ai commencé à 17 ans, je ne tiendrai pas à travailler tous les jours sur les genoux”. Sa spécialité c'est la pose des sols : carrelage, parquet, terrasse. Pour ce Breton aux larges épaules, l'hiver, les conditions sont pénibles. 

Pour lui, le gouvernement n’imagine pas la réalité de ses conditions de travail. “Derrière leurs bureaux, ils ne voient pas ça. L’hiver on souffre au travail.”

Thierry a anticipé pour l’avenir. À l’heure de sa retraite, il sera propriétaire. Pour réussir à profiter de cette deuxième vie, il se ménage. "Sur mes chantiers, je vais moins vite. Je me ménage pour tenir".

L'artisan, ne sera pas présent pour la manifestation mais compte participer lors d’une prochaine journée d'action, “si une autre manifestation se présente, je ferai un effort. Heureusement que d’autres luttent pour moi.”

J'aurais aimé partir avant

Jérôme, 51 ans, garagiste

“Je vais devoir faire deux ans de plus. Je pense que j’aurai assez donné. J’aurais aimé partir avant”. Salarié dans un garage du centre de Rennes, Jérôme n’a pas pris le temps de calculer l’âge précis pour sa future retraite. Il préfère ne pas y penser mais juge que “dans [son] job, à un certain âge, c’est difficile de bien travailler : c'est un boulot physique”.

Ce solide Breton, au regard clair, aux mains épaisses et noircies par son travail ne sera pas présent pour la manifestation contre la réforme. “Je n’ai pas anticipé, on ne peut pas forcément y être, mais je soutiens.”

Une réforme injuste. Travailler jusqu'à 64 ans, c'est impossible.

Anne, 40 ans, professeur des écoles

“Cette réforme est trop injuste pour plein de gens” livre Anne, enseignante en maternelle. “J’irai manifester et j’espère une grosse mobilisation”.

Travailler jusqu’à 64 ans dans l’Education nationale, pour cette jeune quarantenaire, “c’est complètement impossible”. L’enseignante ne comprend pas cette mesure et se mobilise pour que le gouvernement "rééquilibre les retraites des plus pauvres en taxant les grandes fortunes”.

Sa retraite, elle y pense depuis peu. Sa première envie est de quitter "ce bateau qui coule qu'est devenue l'Education nationale" pour arriver à la retraite "saine de corps et d'esprit".

Deux ans de plus, ce n'est pas rien.

Cédric, 42 ans, ingénieur

“Avant la réforme, je partais à 62 ans. Ça sera deux ans de plus avec la réforme” affirme Cédric, ingénieur à Rennes. Ce père de jeunes enfants, aime son métier mais estime que “deux ans de plus, ce n’est pas rien. Pour l’instant j’aime mon travail, mais on ne sait pas de quoi l’avenir sera fait.”

Une triste cérémonie familiale ne lui permet pas de venir gonfler les rangs de la manifestation. “Mais si une prochaine se présente, j’y serai” assure le jeune quadra. Pour lui cette réforme est “très injuste pour ceux qui devaient partir prochainement et qui vont devoir prolonger."

Je me fais ma retraite tout seul.

Jules, 41 ans, cuisinier

“La restauration, ça casse… Avec la réforme je pars à la retraite à 68 ans, pour moi c’est de l'esclavage moderne.” Pour Jules, cuisinier dans le centre-ville de Rennes, sa retraite, il préfère "la faire tout seul”.


Le jeune quadra, plutôt fataliste après la période Covid qui a fait des dégâts dans sa profession, préfère pour l'instant garder son énergie pour son travail. Il n'ira pas manifester, "mais je remercie ceux qui le font." 

La retraite du Breton type

Au regard des données de l'Insee, le Breton type est une personne de 40 à 55 ans, vivant en couple, avec deux enfants. Salarié, il touche un salaire de 2 280 euros mensuels. Il a commencé à travailler après un bac +2. Avec la réforme, pour avoir une retraite complète, il devra partir à la retraite entre 64 ou 65 ans contre 62 à 63 ans avant la réforme.

Selon le service des statistiques des ministères sociaux, le montant moyen des pensions retraites est de 1 341 euros net par mois. Il existe un écart entre les pensions perçues pour les hommes et celles des femmes. Un homme touche en moyenne 1 667 euros quand une femme touche 1 050 euros. 

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